"On n'est pas là pour vous éduquer" est la phrase que j'entends le plus souvent (et que je tends à prononcer de plus en plus souvent également) face aux personnes qui ne sont pas féministes.
Il faut tout d'abord que je vous explique comment se passe systématiquement une discussion avec un non féministe.
- Non féministe : "moi je suis pour l'égalité homme/femme mais je ne suis pas féministe car les féministes veulent la supériorité des femmes".
- Féministe : "ah ? Où as tu lu cela, tu as un nom, une citation"
Long silence de 15 minutes car il n'a evidemment aucune source.
- Non féministe : "Non mais de toutes façons c'est bon l'égalité est acquise".
- Féministe : "Et tu fais abstraction des violences, de l'inégalité des salaires, des tâches ménagères etc etc ?"
- Non féministe : "Tu as des sources sur le viol".
Féministe fournit une source. Non féministe demande une autre source car la première lui semble "biaisée". Puis une troisième. Il conclut en disant de toutes façons qu'il est contre le viol (ah bon ?) et que c'est avant tout un problème humaniste.
Il va alors demander des sources sur les tâches ménagères. Puis d'autres. Puis encore d'autres. Et la conversation se terminera par "bon salut on m'attend". Et toi tu as passé deux heures à lui chercher des liens, en checkant que chaque lien est bien argumenté, bien propre. Il se sent complètement légitime à ce qu'on l'éduque, qu'on lui donne des liens, des livres, qu'on lui réponde patiemment. Il n'entend même pas qu'il en soit autrement. Si l'on s'énerve parce qu'il nous a abordé d'un joyeux"alors fini le repassage" ou parce qu'il a sorti l'antienne "l'humanisme oui le féminisme non" il sera tout étonné et nous trouvera bien intolérante sans se dire qu'on a répondu à cela des milliers de fois. Non il est original, sa pensée est géniale voyons.
Je n'ai jamais connu aucune féministe qui l'était pour le merveilleux plaisir intellectuel qu'il y a à taper le bout de gras sur le genre, ou parce que consacrer ses soirées à taper "rapeculture" dans google nous fait mouiller. Toutes les féministes que j'ai connues le sont devenues car elles se sont pris de manière plus ou moins violente le sexisme dans la gueule. Elles auraient pu se dire que c'était "comme cela" (plein de femmes se le disent), que c'étaient des accidents, des cas isolés. Elles ont conclu que la seule réponse est politique. Féministe tant qu'il le faudra on dit. Pour lui, c'est juste un sujet comme un autre, il s'en fout complètement en fait ; il n'a aucune urgence à être féministe ; cela n'a de toutes façons aucune incidence sur sa vie de l'être ou pas.
C'est compliqué putain. Vous avez un type qui vient de vous sortir en trollant ou pas peu importe, un truc super sexiste et il faut encore l'éduquer. Alors que la seule réponse logique serait de lui mettre son poing dans la gueule.
Sauf que ce sont ces gens là qui tiennent le manche qui vous cogne dessus.
Je ne dis pas que le mec sexiste lambda est celui qui va nous violer, nous agresser ou que sais-je. Je dis juste qu'il participe, à sa manière, au pourrissement de nos vies. C'est lui qui se demande quelle espèce d'hystérique on est quand on insulte un mec qui nous a insulté dans le métro. C'est lui qui aura des gamins à qui il expliquera qu'une fille qui couche vite est une pute. C'est lui qui, l'air de rien, comme ca, à coups de petits gestes, alimentera le sexisme, la culture du viol qui traumatise dans de gens (surtout les femmes violées hein je le rappelle au passage).
Je me souviens il y a dix ans d'un boulot où l'ambiance était extrêmement sexiste. En plus du harcèlement (moral et sexuel) les hommes passaient leur temps à faire des blagues de cul et plaçaient les femmes dans deux catégories ; celles qui rient étaient des salopes qui baisent, celles qui ne riaient pas étaient des salopes qui ne baisent pas. On perdait dans TOUS les cas. Et ils ne voyaient absolument pas le problème ; pour eux, c'était "just for fun" et basta.
Alors est-ce qu'il faut éduquer les sexistes ? J'ai bien peur que oui. Tant qu'ils tiendront le manche, tant qu'ils seront plus nombreux que nous, tant qu'ils seront plus forts, il faudra leur parler. Encore et encore. Expliquer, sans se lasser. Fournir des lectures qui seront pas lues. Ce qui est marrant c'est que tout le monde a un avis sur le féminisme. J'ai envie de dire que tout mec qui a fourré une fois une fille pense que son divin pénis lui a conféré des qualités spécifiques pour "comprendre les rapports hommes/femmes".
Expliquer, non pas pour eux, mais pour nous. Parce qu'une personne qu'on convainc du bien-fondé du féminisme n'alimente pas ou plus la violence sexiste. Et l'air devient un peu plus respirable, un peu plus vivable.
Guère plus d'une minute après la parution de cet article, un homme est venu demander si je pensais que tout homme était sexiste et se répandre donc. Comme dit Tanxx : "en fait je crois qu'on peut pas écrire d'article féministe sans qu'un mec vienne dire sa souffrance." Je vous le dis donc gentiment. Fermez-là. Ecoutez. Mais fermez la.
53 réponses sur “Eduquer oui mais pourquoi ?”
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[...] Eduquer oui mais pourquoi ? [...]
[...] Eduquer oui mais pourquoi ? Si tu n’es pas féministe, tu es sexiste. | L'Égalitarisme c'est pas ce que vous croyez ! L’idée de ce billet m’est venue en lisant ce très bon texte de Tanxxx . C’est une ritournelle bien connue: commencer une phrase par cette dénégation, « je ne suis pas féministe, mais » et la finir par quelque chose comme « je pense que les femmes devraient avoir les mêmes droits et opportunités que les hommes ».[insérer ici une longue discussion à base de préjugés sur le féminisme et de protestations blasées: "non, je n'ai pas l'intention de castrer qui que ce soit"]. [...]
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[...] Eduquer oui mais pourquoi ? Comment le sexisme vient aux enfants L'égalité homme-femme dans l'industrie de la littérature jeunesse: un beau conte de fées Eh, toi, la féministe de service, ça va te faire râler | Rue69 Tu as des convictions mais bon, au fond, faut pas trop en parler. Tu es la féministe de service, c’est déjà bien, alors ne la ramène pas trop s’il te plaît. Toi, tu es dans ta petite case. Pliée en quatre puis roulée sur toi-même. Tu n’es plus un être humain, fait de nuances, d’ambiguïtés et de contradictions, non, tu es LA féministe de service. On te sors de ta boite quand on s’ennuie, pour faire passer le temps quoi. lgbt [...]
Arf oui, quand t'es vraiment impliquée (=calée, en fait) dans les luttes, et que ton entourage le sait, dès que tu te mets à répondre, on te dit en effet que "t'es biaisée", et on te zappe ("ah c'est l'autre excitée") ; forcément, ça devient vite fatiguant...
Et quand c'est sur le féminisme, pour qu'une personne sexiste t'écoute un minimum sur le sujet, j'ai l'impression qu'il faut cracher sur le féminisme, ça me débecte. Il faut commencer tes phrases par "ah ouais mais non mais moi je suis pas d'accord avec plein de féministes, d'ailleurs tel truc c'est pourri, telle féministe est excitée, telle campagne c'était minable, c'est vrai que mademoiselle on s'en fout, et puis y'a quand même des hommes battus, et c'est nul que les filles paient pas l'entrée en boîte" avant d'avoir le droit de suggérer que peut eeeeetre, y'a quand même un problème de sexisme que subissent surtout les femmes. Si tu fais ça, on t'écoute vaguement, sauf que ce qu'ils retiennent, c'est surtout que "les féministes restent des hystériques mal baisées qui haïssent les hommes, mais je connais une nana elle, elle est pas trop con, elle dit deux trois trucs, mais au moins elle se victimise pas, elle reconnait que c'est pas à sens unique, tu vois, et puis elle se sent pas proche des féministes, comme quoi elles sont vraiment pas représentatives."
Et le bilan est nul. (ceci était un pavé d'expérience personnelle avec des gros relous. Je cherche encore ceux qui comprendront/retiendront des trucs, mais j'ai foi qu'ils existent.)
Mais bon, comme j'ai la foi, je suis tout à fait d'accord avec toi, sur l'éducation nécessaire. Perso, si je prends le temps de le faire, en particulier sur les réseaux sociaux, c'est surtout pour ne pas laisser des remarques problématiques sans réponse. Je ne veux pas que les gens qui lisent ces choses là au détour d'un clic n'aient pas de fact-checking pour remettre les choses à leur place.
Quoi qu'il en soit, pour faire ce gros travail, à plusieurs, ça va déjà mieux !
Oui c'est pour nous que nous éduquons mais l'air est rare quand même. Mes amis sont TOUS sexistes : accrochés à leur identité masculine, à leur ignorance et à leurs certitudes, avec toujours les même arguments : c'est dans la nature humaine, dans l'ordre des choses. Pour eux l'égalité homme/femme est une utopie et la domination masculine est normale.
Parfois j'arrive à toucher leur conscience mais c'est rare. C'est tellement plus facile et rassurant de ne pas penser aux autres et d'occulter la réalité.
Cherrycoke : il faut montrer un féminisme acceptable, tolérable pour les hommes. Il faut montrer qu'on n'en veut pas trop surtout, qu'on est raisonnables.
Jesaipluuu : c'est un travail de longue haleine. un jour dans 5 ou 10 ans, quelqu'un viendra te voir en te disant qu'il a enfin compris.
Bravo. Et merci pour ce fabuleux billet qui va tellement dans le sens de ce que je me tue à dire : vous n'êtes pas obligé-e de me lire, encore moins de m'aimer, mais par pitié, arrêtez de me demander de me justifier! Je suis féministe avant tout parce que je m'exprime librement (et je l'espère le plus souvent intelligemment) et pour ce qui relève de la "légitimité" de mes combats, les ressources et les données chiffrées sont à la disposition de tous et toutes! Je ne vais pas m'épuiser à vous prouver ce que vous voulez dénier!
Merci encore et vives amitiés.
Marie Donzel : Merci, je pense exactement comme vous !
Valérie : Je reconnais bien là les mêmes "argumentations" envers un végétarien...
Ça en devient lassant tout ça.
Mais c'est en lisant des articles comme cela que les consciences s'éveillent peu à peu.
C'est une question assez essentielle que tu abordes là, parce qu'on est complètement dans le problème du rapport à l'autre, voire du rapport à l'adversaire.
Est-ce que combattre une situation implique nécessairement de combattre ceux qui la soutiennent ? J'ai tendance à penser que la pédagogie est fondamentale parce que personne n'est mauvais de nature et que chaque personne peut être amenée à évoluer. Probablement pas sur le coup, mais s'il y a une chance qu'une graine finisse par germer un jour, elle vaut la peine d'être plantée.
Surtout que dans la majorité des cas - et c'est tout à fait ce que tu décris - si on se retrouve à lutter toujours contre les mêmes arguments débiles, c'est qu'ils relèvent du préjugé. Par définition, c'est ce que chacun a dans la tête avant d'avoir réfléchi à une question, les opinions plus couramment répandues... L'idéologie dominante, en somme.
C'est plutôt compréhensible dans le fond d'avoir des préjugés ; ce qui l'est moins, c'est de ne pas chercher à s'en débarrasser. C'est là que l'éducation entre en jeu.
On entend souvent parler d'un "féminisme poli" à condamner. Il n'est bien sûr pas question d'avoir à s'excuser d'être féministe. Mais la pédagogie, dans l'expérience que j'en ai en tout cas, me semble infiniment plus efficace que les coups de boutoir.
L'ennui, c'est que répéter sans cesse les mêmes choses,se confronter sans cesse à la même violence, à la même bêtise est épuisant et souvent assez désespérant.
Je passe pas mal de temps à faire de la pédagogie féministe sur facebook, et vient forcément un moment où je finis par craquer et risquer de m'énerver ou de m'arracher les cheveux (ou les deux). Heureusement, on est trois ou quatre à se soutenir, se rassurer, prendre le relai. C'est malheureusement une tâche qu'on peut difficilement mener seule, a fortiori en permanence, sans risquer de péter les plombs. S'appuyer par les autres, avoir des phases de relâche est indispensable... Même si ce n'est pas toujours possible quand on est étiqueté-e féministe de service. J'avais entendu quelqu'un dire un jour sur twitter qu'on a le devoir d'expliquer mais pas celui de convaincre. Planter la graine et basta. Et lorsque par hasard on finit par la voir germer, effectivement, ça fait un bien fou.
Allez j'aimerais bien être le premier homme à commenter ici.
Mais je ne vais pas parler au nom de tous les hommes, parce qu'une bonne majorité d'entre eux est stupide comme une valise sans poignée et qu'une proportion équivalente de femmes ne vaut pas mieux.
Donc mon opinion personnelle, qui n'engage que moi et dont le reste du monde a parfaitement le droit de se foutre, est que je n'aime pas trop le ton de ton billet. Je crois que je le comprends mais je sais pas, il me laisse un drôle d'arrière-goût un peu déplaisant.
Je ne vais pas prétendre pouvoir comprendre ce qu'une femme peut ressentir, je ne suis pas équipé pour, mais je ne pense pas être aveugle, sourd ou totalement dénué d'empathie au point de ne pas me rendre compte de la montagne de merdier que la plupart d'entre elles doivent endurer au quotidien uniquement à cause de leur sexe.
Mais bon tout cela n'est pas vraiment mon propos, je voudrais juste revenir sur une de tes phrases en fait:
"J’ai envie de dire que tout mec qui a fourré une fois une fille pense que son divin pénis lui a conféré des qualités spécifiques pour « comprendre les rapports hommes/femmes »."
Tu as parfaitement le droit de le dire, de le penser aussi et dans pas mal de cas t'aurais peut-être même raison.
Sauf que tu as tort.
Ca ne me fait pas souffrir, non, ca m'énerve un peu à la rigueur, mais surtout tu as tort.
Je t'ai écoutée, ou plutôt lue, et je la fermerai si je veux.
Pour le reste, je suis convaincu.
Faudrait peut être commencer par libérer les mecs. Comme changer la façon de les éduquer et dresser dès le plus jeune âge. Problème : qui fait (majoritairement) leur éducation/socialisation ? Faudrait déjà prendre et changer le problème à la base. Les femmes ne sont pas toutes féministes, dommage, les mecs ne sont pas tous macho, tant mieux.
Bonjour Valérie, bonjour aux autres féministes qui commentent,
un petit message peut-être plus optimiste: je crois qu'il y a un biais quand vous avez l'impression que vos arguments, vos liens sourcés, vos informations ne servent à rien.
D'une part, si vous convainquez quelqu'un, c'est un processus long, et y'a peu de chances qu'il vienne vous le dire ensuite; d'autre part, vous touchez (surtout dans une discussion publique comme sur ce blog) d'autres personnes que celle qui a proféré la remarque sexiste, des personnes qui n'interviennent pas forcément. Dans les deux cas, vous ne voyez pas les effets positifs de vos actions. Et pourtant ils existent.
Allez hop, deux exemples perso:
- y'a longtemps, je discutais avec un type qui venait de devenir végétarien: j'y comprenais rien, j'ai fait les plaisanteries habituelles. Quelques temps plus tard, à la suite d'autres discussions, d'autres exemples, j'ai cessé de manger de la viande. Je suis pas retournée voir le mec pour lui en parler et m'excuser d'avoir parlé de la souffrance de la salade (oui, je sais, mais j'étais jeune!).
- et ce blog: jusqu'à il y a quelques années, je connaissais rien au féminisme, j'avais seulement des réactions épidermiques, parce que bon, ça me touche forcément. Je suis arrivée ici, Valérie, par un commentaire que tu laissais chez Violette de SBEP (c'est dire que TOUT peut avoir un effet), et j'ai suivi depuis, je suis allée voir ailleurs, j'ai cherché, j'ai avancé dans ma réflexion. J'irai pas jusqu'à dire que je suis féministe car pour moi, ça signifie avoir vraiment travaillé la question, avoir beaucoup plus lu, être beaucoup plus engagée que je ne le suis. Mais on va dire que maintenant, j'ai quelques arguments de base dans les discussions. Et pourtant, je suis intervenue au maximum deux fois sur ce blog, et à propos de points d'ultra détails. Donc, Valérie, tu n'as aucune idée de l'utilité concrète de ton blog sur des gens comme moi.
Alors que...
Valérie "je trouve difficile de ne pas m'énerver face aux sexistes".
coms de blogs "pourquoi tu nous expliques cela en t'énervant".
Merci de justifier le propos de ce billet.
Merci de ne pas supposer que vous êtes le "1er homme" à écrire.
Merci de ne pas demander un féminisme raisonnable qui ne vous blesse pas, qui ne vous offense pas, qui ne vous touche pas.
Merci d'inverser les choses en mettant le féminisme en lieu et place du sexisme.
Merci de ne surtout pas vous questionner sur votre place.
Pourquoi éduquer ? Parce que c'est le seul moyen de faire avancer les choses.
Parce que lorsqu'une parole est commentée, quelque soit la teneur du commentaire, c'est qu'elle est transmise, reprise. Potentiellement malléable mais potentiellement "méditée".
Parce que éduquer c'est offrir aux gens la possibilité de ne pas les prendre pour des imbéciles, leur donner le choix d'aller plus loin dans une réflexion.Bon, encore faut-il qu'ils le souhaitent : mais si on ne dit pas il n'y a aucune chance qu'une réflexion s'installe.
Il y a des gens qui paraissent bornés - et à mon avis les effets de groupe accentuent cette tendance réseaux sociaux compris - mais oui il faut répéter, redire encore et encore.
Tous es jours les réflexions sexistes fleurissent et le pire c'est que ça ne veut pas être "méchant";la remise en question de ces mots est indispensable et c'est aussi la raison pour laquelle des blogs comme le vôtre sont très utiles:on y trouve des infos, des arguments, des idées qui permettent des nouveau de transmettre ailleurs, autrement, parfois difficilement mais souvent aisément.
Alors oui il faut EDUQUER
C'est « amusant » j'avais justement une « discussion » à ce propos sur twitter hier avec une connaissance qui a commencé par quelque chose comme « Elles sont un peu ridicules les féministes à prétendre “militer” alors qu'elles t'envoient chier quand tu leur poses une question » et qui s'est conclue de mon côté par « Aucune réponse réponse n'est due à personne. »
Je l'ai archivée par ici pour ceux que ça intéresse: http://storify.com/Aldarone/les-vilaines-feministes-qui-t-envoient-chier-quand
C'est, à mon avis, à mettre en perspective avec ce que tu dis dans ton article.
Effectivement en tant que féministe, ne parler qu'avec des féministes ou des gens qui ont déjà des idées proches ne mène à rien (si ce n'est à souffler un peu et on sait comment c'est nécessaire) et il faut se coltiner de la confrontation avec des gens qui sont loin de reconnaître l'existence du patriarcat.
Mais d'un autre côté, je pense que ces gens là, ne sont pas en droit d'attendre une quelconque action de notre part. On ne leur doit rien et ils n'ont pas à se plaindre d'un éventuel refus de notre part de leur répondre.
Ne serait-ce que pour le droit d'avoir autre chose à faire, d'être à bout de nerfs, de ne pas être immédiatement disponible.
J'espère ne pas être à côté de la plaque. ^_^
Lilydale : j'avais loupé ton commentaire et il vient d'éclairer ma journée. Mais vraiment. merci à toi.
Merci beaucoup pour ce billet qui me fait vraiment du bien à lire.
Autant dire que j'en ai marre de devoir me justifier tout le temps et de me faire taxer d'extrémiste parce que je relève les blagues et autres assertions sexistes, que ce soit de mes potes ou de personnes que je viens juste de rencontrer.
Lors de la dernière grande discussion que j'ai eu à ce sujet avec un non-féministe, je me suis retrouvée face à un mec qui niait complètement les violences faites aux femmes; parce que les mecs aussi subissaient de la violence de la part des femmes mais que c'était plus psychique et que donc c'était pas comptabilisé mais que c'était pire. (AH!)
Il a fini par me sortir des statistiques produites par un groupe de masculinistes. Voilà. Super.
La discussion c'est clos quand il m'a dit "de toute façon vous les féministes vous êtes toutes des folles à lier paranoïaques". J'avais même plus la force de lui filer un coup de genou.
Tout ça pour dire que des fois, tu baisses un peu les bras et que t'as juste envie de mettre la tête dans ton frigo pour être au calme (et au frais).
Perso dans ces cas d'argumentation, ce qui me soutien et m'aide à ne pas être trop abrupte, c'est de penser à l'assistance, à ceux qui lisent ou écoutent les échanges avec la gros lourd. Ce sont eux sur lesquels je crois que c'est efficace, les neutres, les qui n'ont pas trop d'idée préconçue, ceux dont les préjugés sexiste sont mous, peu ancrés... C'est pour ex que j'argumente, pour qu'ils soient convaincus par mes arguments plutôt que par ceux des sexistes.
Ca m'aide à rester calme et non effrayante 😉 ce qui est une mission difficile avec mon physique 😉
Je serais assez d'accord avec Alda...
Comme disent les anglophones, "The onus is on you to educate yourself".
Personnellement, il est beaucoup trop difficile (surtout d'un point de vue intersectionnel) d'éduquer tout un chacun, même si on a en effet ce besoin pour nous, afin de rendre l'air respirable. Donc quand je m'en sens pas l'envie, je me permets de renvoyer la personne dans ses cordes...
J'avoue que je ne vais chercher que rarement les personnes lambda, parce que c'est déjà bien assez éprouvant de faire comprendre aux féministes blanches cis hétéro (ou aux hommes racisés antiracistes cis hétéro) la nécessité de l'intersectionnalité.
Donc éduquer, oui, mais à mon rythme, quand je veux. Parce que sinon, c'est rester dans cette dynamique d'oppression, où les conditions sont toujours celles de l'oppresseur.
Est-ce que quelqu'un a déjà lu "Refuser d'être un homme : pour en finir avec la virilité" de John Stoltenberg ?
Est-ce qu'il est bien, accessible ?
Tout à fait Maxine !
Je pense que le DEBAT n'a de sens que s'il est public. Je m'explique : un débat entre deux personnes qui ne sont pas d'accord, ne mène jamais à rien : a-t-on déjà vu, à la télé, ou dans la "vraie vie", des débats qui se finissaient par "Oui, je suis d'accord avec vous, finalement, vous m'avez convaincu"...
Jamais vu ça. Un débat ne mène jamais à faire changer d'avis notre interlocuteur.
Donc, quand il y a débat, c'est surtout pour l'assistance, pour ceux qui sont autour, qui écoutent, et qui n'ont pas forcément un avis très tranché sur la question, que c'est important ! En suivant les arguments pour et contre, ils se font leur opinion.
Donc le débat n'a de sens que s'il est public.
Et pour convaincre l'assistance, pour se montrer crédible, le mieux est de ne jamais s'énerver, je pense. Sinon c'est conforter les gens dans cette opinion qu'ils ont de nous : "hystériques", "excitées", "mal baisées" donc "névrosées" etc...
Mais il est si difficile de garder son sang froid...
"le mieux est de ne jamais s’énerver, je pense. Sinon c’est conforter les gens dans cette opinion qu’ils ont de nous : « hystériques », « excitées », « mal baisées » donc « névrosées » etc…"
et ?
ca pose un problème d'être mal baisée, hystérique ou névrosée ?
Je me pose souvent la question de la motivation profonde des hommes (et parfois des femmes, mais elles sont plus rares) qui viennent délibérément sur un site féministe pour expliquer à quel point nous avons tort. D'où les poncifs habituels que tu cites Valérie "nous avons l'égalité", "les hommes aussi sont victimes", etc. Généralement en plus pour nous donner des leçons sur la bonne façon d'être féministe (s'occuper des droits des femmes en Afganistan plutôt que militer pour la suppression de la case mademoiselle).
Est-ce parce qu'ils se sentent menacés ? (d'où l'idée sous-jacente que les féministes voudraient plus de droits pour les femmes que pour les hommes)
Est-ce parce qu'ils souffrent eux aussi d'une façon ou d'une autre, soit dans leur relation avec les femmes (parce que certaines femmes sont pénibles, qu'elles soient ou non féministes), soit dans leur relation avec les hommes (les violences, la compétition, etc) ? Se voient-ils comme une victime qui n'est pas entendue, et qui en plus constatent qu'un lobby - les féministes - soutient leur agresseurs ?
Je me pose la question parce que pendant très longtemps je ne comprenais pas les réactions hostiles des hommes par rapport à la lutte contre le viol et à l'amélioration des procédures judiciaires. J'ai compris leur réaction le jour où j'ai pris conscience qu'ils avaient peur d'être accusés injustement de viol par leur partenaire sexuelle. D'où leur volonté de ne rien changer à la situation actuelle, voire à rendre la procédure judiciaire en cas de viol encore plus difficile. Dans le cas du viol, il y a en réalité deux peurs irrationnelles: les femmes vivent dans la peur d'être violées, les hommes vivent dans la peur d'être injustement accusés de viol. Dans ce cas-ci venir avec des statistiques et des arguments rationnels ne change pas grand chose, ni pour les hommes, ni pour les femmes, puisqu'il s'agit d'une peur souvent irrationnelle. Il faut au contraire prendre en compte cette peur, la reconnaitre et agir au niveau émotionnel sur celle-ci. Après avoir désamorcer ces émotions, il est plus facile de venir avec des arguments rationnels.
Je me demande si ce n'est pas une situation similaire pour les autres sujets féministes.
MM ; je ne suis pas d'accord avec toi. il y a 50 000 femmes violées chaque année. en France 1 femme sur 4 a été ou sera violée. La peur d'être violée n'a donc rien d'une peur irrationnelle ; elle est, malheureusement, rationnelle.
Les fausses allégations pour viol ont été étudiées ; elles sont extrêmement faibles
par ex : http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2013/mar/13/false-allegations-rape-domestic-violence-rare
Donc mettre sur le même plan une peur rationnelle et une peur irrationnelle me semble dangereux.
ok sur la difficulté à agir sur une peur irrationnelle, mais je vois mal comment agir dessus "au niveau émotionnel".
Je suis surprise de découvrir la présentation extrêmement genrée des protagonistes de la scène décrite dans ce billet: UN non-féministe, UNE féministe. Cette formulation ne tend-elle pas à enfermer encore plus chacun dans son petit rôle stéréotypé??
Valérie, je ne nie pas les statistiques de viol. Je parle de la peur irrationnelle qu'on inculque aux femmes. Par exemple la peur d'être violée par un inconnu dans un parking désert la nuit alors que les statistiques démontrent qu'elles courent plus de risques chez elles en invitant un pote. On ajoute dans l'éducation des femmes l'idée qu'elles sont faibles, qu'elles sont incapables de se défendre, qu'elles doivent être gentilles et douces, et c'est comme ça qu'on obtient des femmes qui vivent dans une peur permanente face aux hommes.
Pareil pour les statistiques sur les fausses allégations qui sont très faibles. Pour un homme lambda, c'est une même peur irrationnelle qui le conduit à penser qu'après n'importe quelle relation sexuelle, sa partenaire pourra l'accuser de viol.
Pour agir au niveau émotionnel, il faut simplement de l'empathie. Montrer qu'on entend cette peur, qu'on l'identifie, qu'on la comprend, mais qu'en réalité les choses sont différentes (d'où ensuite statistiques, démonstration pour les femmes que le risque de viol par un inconnu la nuit dans un parking est très faible, démonstration pour les hommes que le risque de fausse allégation est infime et qu'en plus il ne mène à rien).
mlle-cassis ; LES ROLES SONT GENRES ?? NO KIDDING.
plus sérieusement.
un homme féministe aura droit à d'autres arguments et la conversation se terminera souvent différemment.
une femme non féministe aura également d'autres arguments.
donc c'est un autre sujet.
===
MM : ok en ce cas. 🙂
[...] http://www.crepegeorgette.com/2013/06/13/eduquer-oui-mais-pourquoi/ [...]
Une qui devrait vous faire rire, la façon dont un employeur m'a licenciée il y a bientôt 4 ans : "je te reproche pas d'être une femme, hein, mais tu aurais du savoir t'affirmer comme un homme". Oui parce que bien sûr, s'affirmer comme une femme, ça doit pas être possible (alors que je suis pas franchement du genre à me laisser marcher dessus).
Et bien sûr, comme il y a un motif officiel (les autres membres de l'équipe ne sont pas à l'aise avec moi ... bien sûr, que des mecs qui critiquent derrière mon dos parce que "tu te rends compte, elle a pris 5 jours pour son mariage, n'importe quoi !"), aucun recours alors que c'est, tout simplement, encore une simple discrimination ...
Comme dit dans ton billet je me suis révélée féministe suite aux attitudes sexistes que je me prends dans la tronche au quotidien au boulot. J'ai toujours été sensibilisées aux grandes causes féministes (droit à l'IVG, culture du viol, égalité des salaires par exemple) mais je me suis trouvée confrontée plus récemment à un sexisme plus subtil, par exemple le taux d'accès à la parole par une femme dans une réunion, ou la réaction d'un homme face à un reproche (professionnel) formulé par une femme. Les deux derniers points sont des exemples de manifestation de sexisme très difficiles à démontrer quand on n'y est pas sensibilisé.
J'ai donc pensé que mon combat devait passer par la sensibilisation de mon entourage à ces situations, comme tu dis une sorte d'éducation des gens à identifier le sexisme dans des situations parfois anodines, parce que oui, ça peut pourrir la vie au jour le jour.
Donc j'essaie, et je me fatigue, je m'énerve, j'y arrive pas. Même des personnes plutôt ouvertes sont bien promptes à me voir parano ou hystérique, à retourner le problème contre moi (j'ai mal compris, j'exagère etc). Et pourtant je pense être relativement modérée quand j'explique.
Je me balade sur les blogs pour glaner des arguments et des sources, j'aime beaucoup vos billets et les débats qui les suivent qui sont je trouve plutôt constructifs.
Et contrairement à ce que disait un lecteur ci-dessus, personnellement j'apprécie beaucoup de me retrouver entre féministes de temps en temps, je trouve ça reposant et constructif 🙂
Au sujet des hommes non féministes qui viennent donner des leçons aux féministes sur leurs blogs et forums (ahh les boulets du défunt forum de chiennes de garde).
Et bien je me demande si, sur les blogs et forums anti-racistes on a le même genre de boulets. Je ne parle pas du faf de base qui vient éructer sa haine, mais que les interventions de 90 % des non racialisés soient du même tonneau que ce que nous subissons...
Je me demande et je pense que non. Parce que par exemple quand on lit un media "de gauche" genre lu par de gens se pensant ouverts et progressistes comme Rue 89, et bien je suis effarée par le sexisme tranquille, assuré, voire revendiqué de commentateurs pourtant pas réacs. Et je ne parle pas de l'anti-féminisme qui y règne.
Pour Alfila, yep il est facile à lire ! Un peu daté parfois et forcement centré sur les luttes américaines mais je l'ai trouvé très intéressant !
@Maxine
Mon blog est aussi antiraciste, et oui, il y a des aussi le même genre de boulets possibles. Après, je dirais pas 90%...
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Bonjour Crêpe Georgette.
Tout d'abord, je voudrais te remercier pour ce blog. Vraiment.
Je suis arrivée ici par Twitter je crois, il y a quelques mois, et je viens régulièrement te lire et lire les commentaires de tes articles.
Je m'éduque, justement, sur de nombreux sujets, et notamment sur le féminisme, de plus en plus.
Je lis beaucoup sur ce sujet, surtout sur internet, et j'aimerais savoir si tu aurais des conseils de livres sur le sujet (et autres sujets aussi).
Quels sont les livres qui t'ont marqués ? Que tu as trouvé bien foutus ? Qui ont fait avancer ta réflexion ? ...
Je n'ai pas trouvé ici d'article répertoriant quelques idées dans ce genre (je n'ai peut-être pas encore assez cherché ! si c'est le cas, mes excuses !) et j'aimerais creuser le sujet plus en profondeur.
Avis également aux autres lecteurs du blog : si vous avez des idées de lecture (livres et internet), que ce soit sur le féminisme, le syndicalisme, l'éducation populaire, la politique, la société en général, la sociologie, l'égalité et l'inégalité (aux sens larges comme précis)... Bref, tout ce qui nourrit le cerveau, allez-y, envoyez ! 🙂
Merci d'avance !
petite bio :
(et merci de ta gentillesse)
Virginie Despentes King Kong Theorie
Gail Pheterson Le prisme de la prostitution
Nicole-Claude Mathieu l'anatomie politique
Colette Guillaumin Sexe, Race et Pratique du pouvoir
Angela Davis Femmes, race et classe
Paola Tabet La grande arnaque. Sexualité des femmes et échange économico-sexuel
Paola Tabet La construction sociale de l’inégalité des sexes. Des outils et des corps
Valérie,
tout d'abord merci pour cet article qui,comme l'ont dit certains, me montre que je ne suis pas seule. Comme il a été dit plus haut, je m'éduque grâce à toi, à d'autres, en suivant les blogs, Twitter, Tumblr. Je ne me suis rendue compte que récemment des réelles inégalités des femmes par rapport aux hommes. Je me suis déjà confrontée à l'incompréhension des mes amis, de mon ami (qui est ouvert pourtant) et même de ma propre mère, oui, celle qui m'a pourtant enseigné par l'exemple les bases du féminisme en m'expliquant que les femmes ne dépendaient pas des hommes et que j'avais intérêt à savoir compter sur moi.
Maintenant j'aimerais aussi approfondir mes connaissances et je prends note des titres que tu as donné ci-dessus. As-tu cependant quelques titres écrits par des hommes, car je je voit venir, gros comme une maison : "mais tes sources sont toutes écrites par des femmes, leur avis est subjectif/biaisé/ne prends pas en compte les hommes etc..."
Je m'excuse si la formulation est maladroite et souhaite m'informer !
Merci à toi.
bah tu peux lire Bourdieu la domination masculine car, en effet, quand il a sorti ce bouquin entièrement pompé sur les analyses de féministes, la terre entière l'a vu comme LE bouquin sur le sujet (étonnant non).
sinon Eric Fassin Homme, femme, quelle différence ? La théorie du genre en débat
Merci pour les références ! 🙂
Eduquer, éduquer... c'est pas faute d'avoir essayé, avec ma propre plainte pour viol sous le coude et mon syndrome de stress post traumatique qui n'en finit pas. Comme toi j'ai envoyé des liens, bien fichus, clairs (et même marrants et colorés): j'en ai eu marre de me prendre de la part de mes "amiEs" des "ouais mais toi tu l'as cherché avec tes gros seins, t'es une salope". Dans une récente soirée où on refait le monde, j'ai pj entendre "mais tu racontes n'importe quoi! le viol c'est pas un crime de haine, j'ai lu que c'était de l'amour"
Hier, comble du pompon: j'ai appris qu'aux yeux du peu d'amiEs qu'il me reste, il est parfaitement tolérable de dire à une femme qui a été violée par son frère de 8 à 12 ans qu'elle "l'a cherché".
Il n'y avait bien évidemment aucun second degré dans les propos que je te rapporte.
Je n'éduquerai plus personne: y'a des flingues et des tazers pas chers sur Amazon.
Cordialement, Krisse-Krolls.
@Mélanie: il paraît que "Refuser d'être un homme" de John Stoltenberg est intéressant: http://delphysyllepse.wordpress.com/2013/03/26/preface-au-livre-de-john-stoltenberg-refuser-detre-un-homme-pour-en-finir-avec-la-virilite/
Si tu lis l'anglais, tu peux feuilleter le pdf du livre en anglais. Il est facilement (et légalement) trouvable.
Il y a les 2 livres Léo Thiers-Vidal: "Rupture anarchiste et trahison proféministe" (éd. Bambule) et "De "L'ennemi principal" aux principaux ennemis" (éd. L'harmattan).
plus d'infos ici: http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/03/16/braquer-la-lampe-sur-ce-que-certains-voudraient-maintenir-dans-lombre/
Pour "Jesaipluuu": pourriez-vous expliciter votre phrase sur le caractère "daté" du livre de john stoltenberg, svp ?
La question de l'éducation est un enjeu de société très fort quel que soit le domaine concerné (racisme, sexisme, homophobie etc).
Est ce que l'éducation est pertinente ? oui sans aucun doute, il FAUT éduquer. C'est comme ça que l'on forge les futurs esprits, et qu'on change les gens.
Pour ma part, en venant sur ces pages, je peut dire que j'ai été "éduqué". Au fil du temps, en lisant, en débattant, j'ai corrigé certaines de mes idées, chassé quelques préjugés et surtout j'ai ouvert mon esprit a l'écoute de ceux qui n'avaient pas les mêmes opinions que moi.
L'éducation est possible. Elle prend du temps, mais elle donne des résultats.
Cependant nous ne devons pas oublier une chose : l'éducation ne consiste pas à donner du savoir brut. Il ne suffit pas de fournir des éléments documentaires, surtout pas auprès de quelqu'un qui ne veut pas les lires.
Je travail dans l'enseignement des adultes, et l'une de mes maximes est que "le verbe apprendre est comme le verbe aimer : il ne supporte pas l'impératif". Il ne suffit malheureusement pas d'avoir raison pour éduquer quelqu'un de réfractaire. Et c'est bien entendu rageant d’être comme Cassandre, incapable de faire voir a autrui cette vérité qui semble si naturelle.
Nous ne pouvons pas forcer la compréhension dans l'esprit de quelqu'un, ce n'est pas cela éduquer. Tout ce que nous pouvons faire, c'est créer les conditions pour que cet apprentissage puisse naître spontanément dans l'esprit de notre interlocuteur.
Oui c'est laborieux et pas toujours payant, mais je suis persuadé que seulement ainsi qu'il est possible de changer les façons de pensées.
Je ne peux pas m'empêcher de pointer du doigt les faits du quotidien, les blagues qui sont sexistes (http://omarguerrero.com/como-entender-a-las-mujeres/). Immanquablement je passe pour la chieuse hystérique qui prend tout au premier degré. Ca me pèse mais je continue, parce que je veux que les gens se posent des questions sur la façon complètement tordue dont ils fonctionnent.
Je suis ton blog avec attention, et je voulais partager cette info: http://cphpost.dk/news/national/students-claim-bias-after-examiner-refuses-shake-hands
Alors je ne connais pas les suites de l'histoire mais je surveille. Même en Europe du Nord, il y a du progrès à faire.
Ah et je voulais vous faire part du sexisme au quotidien pour une petite fille de 8 ans.
Jeudi il y a 2 semaines, dans sa cour d'école, 2 garçons de 11 et 12 ans ont mimé un viol sur elle et devant d'autres enfants. L'équipe éducative a fini par être alertée. Ses parents n'ont jamais été avertis. C'est leur fille qui a balbutié quelques mots le dimanche.
Quand ils sont allés à l'école, l'instit leur a répondu que ce n'était pas si grave (c'est une école de formateurs de maîtres!). Ils ont eu RDV cette semaine avec le directeur qui a également minimisé les faits. Quant aux sanctions? Isolement pendant la récréation et ultra-surveillance (pas très rassurant quand on pense à ce qui se passe sous une surveillance normale). Les parents des garçons n'ont pas été convoqués, simplement prévenus par téléphone. Une psychologue scolaire va intervenir.
Depuis le début, je suggère aux parents de déposer plainte (je sais, ils ont 11 et 12 ans). Ils ne le veulent pas. Ils vont écrire à l'Inspection Académique.
Et ceci fait suivre à d'autres violences, sexuelles ou non, dans cette école. La violence en devient banalisée. Que conseilleriez-vous aux parents?
Comme quoi, même en Europe du Nord, y'a de gros progrès à faire...
Pour Nasha et Mélanie, il y a aussi "C'est pour un garçon ou pour une fille ? La dictature du genre" de Georges-Claude Guilbert. Il est facile à lire et aborde avec moulte exemples concrets la question du genre. Pour débuter dans les lectures féministes, c'est pas mal.
Moi qui ne me définis pas comme féministe (alors que je le suis dans les fait) et qui me positionne comme humaniste (parce que les injustices me révoltent, quelles qu'elles soient), j'ai surtout du mal avec les gens - terme générique - qui font du prosélytisme à tout va, et quand je vois certains mouvements dit "féministes" qui se posent en néo-colonisateurs (parce que "la femme", selon certains, ne devrait pas avoir le droit de porter le voile ou d'être travailleuse du sexe, quand bien même ce serait son choix), j'aimerais vraiment que ces grandes gueules se cassent les dents une bonne fois pour toutes pour qu'elles cessent de parler en mon nom et en celui de toutes les autres femmes.
Parce que les femmes sont avant tout des être humains, et je suis la première à le faire remarquer aux gros beaufs de compétition qu'il m'arrive de côtoyer. Ces mêmes gros beaufs (qui peuvent être des femmes aussi, ne faisons pas de discrimination) qui hurlent de rire à la mention d'un homme qui tricote ou d'une équipe de foot féminine.
Je pense que ce qui éloigne les individus, ce sont les castes, classifications et catégories (et le Français adore ça, me semble-t-il, qu'il soit de gauche, de droite, "intellectuel" ou non).
Et parce qu'un petit dessin vaut mieux qu'un long discours, j'aime beaucoup ceci résume parfaitement bien le fond de ma pensée 🙂
[...] [3] http://www.crepegeorgette.com/2013/06/13/eduquer-oui-mais-pourquoi/ [...]
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