Oct 092013
 

Je vais donc vous résumer le livre Refuser d'être un homme : Pour en finir avec la virilité de John Stoltenberg.

Je tiens à souligner que Martin Dufresne n'a, comme d'habitude, pas réussi à taire sa transphobie dans l'introduction avec la phrase "confisquer les rares ressources encore concédées aux femmes quitte à se prétendre vaguement transgenre". Que vous ne soyez pas d'accord avec le queer est un choix idéologique. Que vous en profitiez pour étaler votre transphobie n'est pas un choix, ni une opinion. On ne se prétend pas transgenre. je croyais que les tenants du "on saute d'une identité de genre à l'autre au gré de ses envies" étaient les tarés affiliés à la manif pour tous. Je constate une fois de plus qu'il y en a au sein même des mouvements féministes. Dufresne, votre féminisme réel ne vous donne pas un blanc-seing pour dégueuler des saloperies en permanence.

Plusieurs préalables à cet article :
- Si vous n'êtes pas familiarisé-e avec les concepts féministes, si vous ne pensez pas que le viol est un crime sexospécifique, si vous pensez qu'il vaut mieux parler d'humanisme que de féminisme, si vous pensez que la construction de la virilité n'a rien à voir avec le viol ou les violences conjugales, épargnez votre temps et le mien et ne lisez pas ce texte. Si malgré tout vous voulez le lire, essayez une bonne fois pour toutes, de ne pas projeter vos angoisses dans cette lecture et de vous sentir mis en accusation à toutes les lignes.
- je n'ai pas écrit ce livre, je le résume. Je suis d'accord avec certaines idées, pas avec d 'autres. Si c'est pour m'expliquer combien ce qui est développé ici est atroce, je vous en prie, contactez l'auteur.
- avant de lire Stoltenberg il convient de comprendre ce qu'est le féminisme radical et plus particulièrement la branche à laquelle il appartient qui est anti porn (encore que je pense avoir compris qu'il nuance ce point) et abolitionniste. L'article de wikipedia n'est pas mal foutu. Il serait idiot ET faux de penser que le féminisme radical est puritain ; en témoignent d'ailleurs les très nombreuses pages que Stoltenberg consacre à la sexualité.  Pour mieux comprendre les débats qui ont eu lieu dans les années 70-80 autour du porno, vous pouvez lire l'hommage de Susie Bright, une féministe sex positive, à Andrea Dworkin qui explique combien le travail de Dworkin autour de la pornographie a été nécessaire.
Je rappelle enfin que ces textes ont été écrits entre 1975 et 1987. Certaines choses ont désormais évolué, tant au niveau des concepts féministes (le genre par exemple) que de la pornographie.

Dans les années 60, Stoltenberg commence à lire et écouter James Baldwin, essayiste, militant pour les droits civiques qui déclara un jour "Si vous insistez pour être blanc, je n'ai d'autre alternative que d'être noir" puis "l'Amérique est devenu blanche - les personnes qui à les entendre, ont "fondé" le pays sont devenues blanches, par nécessité de nier la présence des Noir-e-s et de justifier leur assujettissement". Baldwin entend dire, et dans les années 60 c'était incroyable que d'entendre cela, que la race est un construit social et que la catégorie blanc n'existe que par des actes d’assujettissement. De là Stoltenberg dit que la virilité est également un construit social et a besoin de l'injustice pour exister. Il tente de montrer qu'il n'y a pas de fossé net et défini entre les hommes et les femmes et que la déconstruction de la virilité et sa destruction sont seuls moyens de paix tant pour les hommes que pour les femmes.

Dans le brillant chapitre L'éthique du violeur, il démontre le sens politique de l'identité sexuelle. Il montre combien dans l'acte sexuel, les hommes sont éduqués à "se comporter comme des hommes" et combien cette tension, cette peur de ne pas y arriver, de "ne pas être des hommes" teintent la sexualité masculine. Je rappelle  qu'il y a entre 50 000 et 75 000 viols par an en France (bien plus aux USA) ; je conçois bien l'intérêt politique de les traiter comme des cas individuels, des coups de folie mais il va être difficile de continuer à ne pas entendre les féministes sur ce sujet.

Il montre alors que l'identité sexuelle masculine exige plusieurs points :
- croyance en sa bonne foi sans égard pour les autres
- adhésions à tous les comportements appropriés pour un homme
- croyance en sa supériorité et dans l'idée qu'on peut avoir ce qu'on veut et que c'est bien normal.
En contrepartie, on attend d'une femme qu'elle hésite, qu'elle s'interroge sur la rectitude de ses actes y compris lorsqu'elle s'est comportée correctement.

On en arrive donc au fait suivant ; l'homme viole et la femme en est blâmée. Une homme viole une femme, elle en est responsable donc le viol n'est pas un viol. S'en suit un témoignage où une victime de viol rapporte les propos de son violeur "ne me force pas à te faire mal" qui est une des phrases typiques  qu'on entend dans des cas de viol ou de violence  conjugale. La victime est directement rendue responsable de ce qu'on lui a fait. Comme le dit Stoltenberg "Violer c'est bien. Se faire  violer c'est mal".

Dans le chapitre suivant, Stoltenberg parle de l'humanité comme une espèce multisexuée ou hommes et femmes n'existent pas. Il cite Dworkin qui écrivait en 74 (et c'est pourquoi il faut lire Dworkin - enfin si elle était traduite en français - qu'on soit ou non d'accord avec elle parce qu'elle a initié quasi toutes les réflexions féministes actuelles) "Nous sommes, clairement, une espèce multisexuée, dont la sexualité s'étale sur un vastes continuum où les éléments appelés homme et femme sont imprécis". Stoltenberg parle un peu plus de lui dans ce chapitre ; de sa joie à comprendre que la masculinité n'existe pas, alors qu'il a tout le temps senti qu'il n'arrivait pas à être assez masculin, qu'il ne correspondait pas à l'image traditionnelle de l'homme et qu'il en souffrait.
Il dit alors "les pénis existent ; le sexe masculin, non. le sexe masculin est socialement  construit. C'est une entité politique qui ne s'affirme qu'au moyen de force et de terrorisme sexuel" (on dirait "genre" à la place de "sexe masculin" aujourd’hui).
Je fais un bref aparté sur ce passage qui, je l'imagine, va en scandaliser plus d'un-e. On sait qu'il existe des crimes sexospécifiques comme le viol ou la violence conjugale. On sait que la majorité des gens emprisonnés sont des hommes. On sait que la majorité des suicidés sont des hommes. On peut penser qu'il s'agit de coïncidences, de cas isolés. On peut penser que c'est du "à la nature" ou on peut se dire que la virilité, la masculinité sont parties prenantes là-dedans et causent des meurtres, des viols, des blessures y compris au sein même de la classe hommes. Tous les hommes qui ne sont pas rentrés dans les modèles traditionnels de la virilité (et qui ont cessé de s'en culpabiliser ce qui est très difficile) ont d'ailleurs bien compris que ce n'est pas eux le problème. Tous les hommes traités de "tapette", de "pd", de "femmelette", de "fille", parce qu'ils n'étaient pas considérés comme assez virils ont bien compris que c'est la virilité qu'il faut détruire et pas eux qui sont anormaux. La virilité ne peut pas être reconstruite car il y aura toujours des gens à la marge ; cela serait comme déconstruire la blancheur dont on parlait plus haut. La virilité et la blancheur et l'hétérosexualité (les 3 en tant qu'identités politiques) n'existent qu'en assujettissant l'autre, ils sont donc à détruire, à abolir et pas à reconstruire.

Stoltenberg montre ensuite que la sexualité crée les genres ; elle permet à chacun de confirmer qu'il appartient à un sexe  ou un autre. L'identité masculine implique d'accepter comme siennes les valeurs et intérêts de cette classe et la non-identification à tout ce qui est perçu comme non masculin.
Plutôt que de voir la sexualité comme un moment où l'homme s'assure et montre qu'il est un homme, Stoltenberg propose une sexualité fondée sur divers principes :
- avoir le consentement absolu de son/sa partenaire. ne pas hésiter à lui redemander si on n'est pas sûr. Ne rien tenir pour acquis. Ne pas penser que si il/elle a consenti à une chose, il.elle a consenti à tout.
- la réciprocité est essentielle. On ne fait pas quelque chose à quelqu'un : on fait quelque chose ensemble. On ne baise pas quelqu'un, on baise avec quelqu'un.
- le respect est abolsument essentiel. il faut considérer l'autre comme un autre à part entière, lui montrer du respect.
Il propose ensuite de ne pas être manipulé par la pornographie, de ne pas utiliser de drogue ou d'alcool (non qu'il soit contre, il explique simplement qu'il est plus compliqué de savoir si le/la partenaire est consentant si on est ivre/défoncé) et de ne pas se fixer sur la pénétration.

Stoltenberg parle ensuite de la sexualité masculine comme un lieu d'haute objectification sexuelle. Cette objectification nourrit la suprématie masculine par deux mécanismes qui se forcent mutuellement : - l'habitude masculine d'objectification sexuelle sert en partie à construire la suprématie masculine dans notre culture - la suprématie masculine dans notre culture incite les hommes à s'adapter en acquérant l'habitude d'objectifier sexuellement les êtres.

Il montre comment le masculin se construit en considérant comme érotique le fait d'être propriétaire (de personnes, de femmes et d'enfants comme un homme l'est dans le patriarcat)."D'une certaine façon, tout homme apprend au cours de sa vie à ajuster son entière sensibilité érotique et émotionnelle - et, partant, sa volonté - à un projet appropriation, par opposition aux femmes, qui, elles, doivent être appropriées."
Il explique ensuite comment se construit psychanalytiquement le masculin ; l'enfant constate que pour avoir la paix, être en sécurité, ne pas risquer de colère du père,  il convient de se différencier le plus vite possible de la mère et de rejeter tout ce qui est féminin pour adopter tout ce qui est masculin.

Dans le chapitre suivant (écrit dans les années 70), il explique que le désarmement indiquera la fin de la violence masculine et du patriarcat. Il montre également combien les groupes féminists ont été instrumentalisées au moment de la guerre du Vietnam par les libéraux.

Dans le chapitre sur l'avortement, il explique que les hommes s'opposent à la liberté reproductive des femmes (des études statistiques montrent le nombre de femmes qui renoncent à un avortement car "leur conjoint ne l'approuve pas"). Il prétend que les hommes sont terrifiés par l'idée que si leur mère avait eu le choix, ils ne seraient peut-être pas nés. "Si les femmes avaient vraiment le choix, les fils des hommes ne verraient pas le jour".
"Les hommes en tant que classe savent que leur avantage social culturel et économique sur et contre les femmes dépend absolument du maintient de la grosesse non voulue, de la gestation non voulue, de l'accouchement non voulu et du soin non voulu des enfants".

Stoltenberg procède ensuite à une critique radicale de la pornographie. "La pornographie ment à propos des femmes. mais elle dit la vérité à propos des hommes"; rappelons que cette critique date des années 80 et qu'elle n'est sans doute plus si vraie aujourd'hui, à une époque où des gens tentent de penser la pornographie différemment et de façon moins sexiste, moins homophobe, moins raciste.
Il montre que la sexualité dans le porno, n'a pas de passé (on ne sait pas pourquoi ils couchent ensemble), pas d'avenir, (il n'y a aucun engagement sexuel, affectif ou autre) pas de présent (la relation est fonctionelle est pas émotionnelle). Les pornos font la part belle aux gros plans sur des pénis, perpétuellement en érection. Le pénis est fétichisé.
Stoltenberg se demande comment on peut prétendre que le porno est la liberté sexuelle alors que le porno ressemble à de l'absence de liberté et de la répression. "La sexualité patriarcale est viscéralement vouée à la domination et à la subordination, parce que ce sont les conditions dans lesquelles cette sexualité a appris à s'éprouver et à ressentir tout ce qui est sexuel"."La pornographie institutionnalise la sexualité qui incarne la suprématie  masculine et l'instaure dans un même mouvement". Pour lui, la pornographie rend le sexisme sexy et sert la suprématie masculine car elle amène à croire que les femmes sont par nature de putes, que certaines parties du corps des femmes appartiennent aux hommes, que les femmes aiment être violées, blessées, ou humiliées.

Il soulève une hypothèse intéressante ; il dit que l'homophobie qui imprègne une culture patriarcale sert aussi à protéger les hommes des agressions sexuelles d'autres hommes. "L'homophobie est nécessaire à la suprématie masculine pour tenir les hommes à l'abri d'agressions sexuelles par les hommes".

Stoltenberg parle ensuite des ordonnances anti pornographie proposées en 83 et 84 par Dworkin et MacKinnon. Ces ordonnances proposaient de considérer la pornographie comme une atteinte aux droits civils des femmes ; elles ne furent pas votées car considérées comme en opposition au premier amendement. Stoltenberg montre qu'il existe des exceptions au premier amendement ; la raison pour laquelle ces ordonnances furent bloquées est selon lui le lobby de l'industrie pornographique. Ces actions prennent corps au moment où le film Snuff sort (où un homme jouit en tuant, éventrant et exhibant l’utérus d'une femme enceinte) et où l'on découvre ce qu'avait subi Linda Lovelace pour tourner des films pornos comme Gorge profonde. Comme elle le déclara plus tard "chaque fois que des gens regardent ce film, ils me regardent être violée". Enfin Hustler fit ce genre de couverture en 1978 ou Penthouse exposa au nom de l'art ces photos en décembre 1984.

Enfin Stoltenberg montre à nouveau que l'identité sexuelle masculine est une idée construite politiquement et que la masculinité est une construction éthique. Enfin il évoque sa difficulté à vivre avec "les autres hommes", ceux qui sont sexistes. D'un côté, un homme conscientisé n'a plus envie de les fréquenter et de l'autre il aspire à être en compagnie d'autres hommes. Soit un homme doit donc rentrer dans le rang et se conformer à l'image stéréotypée qu'on attend de lui, soit il se contraint à l'isolement.

 

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  70 réponses sur “Résumé de Refuser d’être un homme de John Stoltenberg”

  1. Mais quel boulot ! Merci.

    • merci de ton com 🙂 si cela vous a plu je continue et résumerai d'autres livres !

      • Sais-tu si ce bouquin est trouvable en bibliothèque (ou sources militantes peut-être) ? Je me pose pas mal la question de la déconstruction de la virilité, mais j'ai assez peu de références sur le sujet, seulement des trucs lus à droite à gauche, des discussions et des intuitions...

        Merci pour le résumé !

        • Ce livre est effectivement disponible en bibliothèque (universitaire, généralement). S'il n'est pas dispo dans ta ville, tu peux demander aux bibliothécaires de l'acheter, c'est quand même un des rares ouvrages sur le féministe s'adressant spécifiquement aux hommes...

  2. Comment peut on, à partir de considérations comme "humanité est une espèce multisexuée", "la sexualité s'étale sur un vastes continuum où les éléments appelés homme et femme sont imprécis" finir sur des considérations aussi binaires que : "Soit un homme doit donc rentrer dans le rang et se conformer à l'image stéréotypée qu'on attend de lui, soit il se contraint à l'isolement" ?
    Est ce que Stoltenson nuance son propos de temps en temps ?

    Un truc qui me dérange dans ce genre de lecture, c'est que j'ai l'impression que ces auteur-e-s tendent à idélaiser l'être humain par rapport, notamment, au règne animal. A nous voir comme plus que des animaux, et évacuer (oui, terrain glissant) toute considération biologique. C'est une position qui me parait dangereuse, car elle est bien trop proche de ce que notre civilisation judéo-chrétienne à fait de pire à la science. Teinter toute recherche sur la biologie de cette prémisse théologique : les êtres humains sont au-dessus des animaux, et cela provient en directe ligne de la bible et de la genèse. Or, justement, la science moderne tend de plus en plus à considérer qu'il n'y a pas de frontière très nette entre l'espèce humaine et le reste. Et le tableau du monde naturel sur la question du genre justement n'est pas très flatteur et s'accorde assez mal avec les idéologies radfem.

    Stoltenberg traite-t-il de cette question ?

    • <blockquote cite="Comment peut on, à partir de considérations comme "humanité est une espèce multisexuée", "la sexualité s'étale sur un vastes continuum où les éléments appelés homme et femme sont imprécis" finir sur des considérations aussi binaires que : "Soit un homme doit donc rentrer dans le rang et se conformer à l'image stéréotypée qu'on attend de lui, soit il se contraint à l'isolement" ?
      Est ce que Stoltenson nuance son propos de temps en temps ?">
      Les considérations sont celles d'Andrea Dworkin et Stoltenberg les partage (AD est sa compagne, d'ailleurs), la phrase "binaire" citée à la fin de l'article est son constat sur la réalité du "code de la virilité" tel qu'il l'observe et le vit. Il y a là clairement une opposition entre deux réalités sociologiques : la complexité du rapport des humains à la sexualité et à l'identité de genre à travers les lieux et les époques d'une part, et la brutalité simpliste des dictats de la masculinité en occident à notre époque d'autre part. Ce n'est donc pas le déroulement de sa pensée de passer du subtil au binaire. En tant qu'homme féministe, il souhaite une sexualité débarassée du patriarcat (respect, considérer l'autre comme une personne à part entrière, etc..) tout en observant qu'en pratique, la sexualité est souvent le lieu d'une réaffirmation de la masculinité dans ce qu'elle a de plus oppressif (pour les hommes) et dominateur (envers les femmes). Bref...

      En tout cas, merci à Valérie de parler de se livre qui remet bien des choses en prespective. En tant que féministe, c'est revigorant de voir que de hommes s'attaquent à leur "bout" du problème, car nous obtiendrons difficilement une égalité réelle tant que les hommes en tant que classe ne prendront pas conscience de la manière dont le patriarcat les favorise, certes, mais surtout les enferme.
      Il n'y a qu'à voir les réactions typiques de beaucoup de commentateurs qui passent par ici : OK pour dénoncer le viol, les salaire inégaux etc.. mais dès qu'on parle de culture du viol ou de comment les hommes s'accaparent la parole et l'espace public, on a aussitôt droit à des réactions de défenses primaires sur le mode "à mais moi je ne suis pas comme ça" ou "c'est n'importe quoi, vous les féministes vous êtes extrémistes et mettez tous les hommes dans le même panier en les accusant d'être des violeurs / des machos / des dominants .."

      • pour préciser, JS était homosexuel, et AD cela n'est pas clair. Elle a eu beaucoup d'aventures hétéros mais toutes ont été désastreuses de violence. JS dit à la fin de son livre qu'il est extrêmement difficile d'avoir des relations (amicales ou amoureuses) avec d'autres hommes car beaucoup sont sexistes. soit il faut renoncer à certaines de ses convictions, soit s'isoler.
        je me suis donc clairement demandé si JS n'avait pas fait le choix politique d'être hétéro. (ce qui serait assez fou quand on y pense) et donc d'être avec AD (qui elle se disait lesbienne).

        • Merci pour ces précisions, je n'étais pas au courant de ces détails. Même si ça pouvait transparaître dans ses écrits, j'avais écarté l'hypothèse d'emblée, puisqu'il est présenté comme son compagnon...

          je me suis donc clairement demandé si JS n'avait pas fait le choix politique d'être hétéro

          A la fois, il y a plein de choses qui peuvent cimenter un couple, et le sexe n'en fait pas forcément partie.
          Pourquoi faire le choix de se poser comme hétéro ? Pour donner plus de poids à son discours ?

      • Merci !

    • "Un truc qui me dérange dans ce genre de lecture, c'est que j'ai l'impression que ces auteur-e-s tendent à idélaiser l'être humain par rapport, notamment, au règne animal. A nous voir comme plus que des animaux, et évacuer (oui, terrain glissant) toute considération biologique."

      Je ne suis pas sûr de comprendre où tu veux en venir ici donc je réponds peut-être à côté mais le problème lorsqu'on parle de considérations biologiques est que l'on tend à confondre le modèle scientifique et la réalité biologique que ce modèle essaie d'expliquer. Jusqu'au XVIIIème siècle, la littérature médicale n'évoquait quasiment pas le corps féminin qui était considéré comme une simple variante du corps masculin. Ce n'est qu'à partir du XVIIIème que le modèle des deux sexes s'est développé et que la littérature médicale a commencé à s'intéresser au corps féminin en tant que tel. La réalité n'a pas changé, mais le modèle si. Aujourd'hui, beaucoup de médecins s'accordent pour dire que le sexe biologique est plus complexe que mâle/femelle car le sexe (des individus, pas des gamètes) est défini par tout un tas de caractéristiques (hormones, chromosomes, morphologie...) qui ne correspondent pas toujours. La littérature médicale moderne (depuis le XIXème) est riche d'exemples. Ce modèle des deux sexes n'est pas "faux" : l'écrasante majorité des êtres humains (et ca vaut pour d'autres espèces, mais pas toutes) peut être facilement classé dans l'une ou l'autre des catégories. Seulement, c'est une simplification de la réalité, et non la réalité même.

      • Disons que ça a à voir avec un certain essentialisme et une tradition philosophique (que je maitrise très mal). La bible place le genre humain au dessus des autre animaux par commandement divin ; et place la femme subordonnée à l'homme - d'ailleurs. Cela nous dote d'une âme et de plein de caractéristiques spéciales (raisonnement, émotions, ...). Et cette façon de voir l'homme, de par le poids que la religion a fait peser sur les hommes (allez, allons y dans le sexisme, c'est dans la bible) de science et la société en général à influencé la manière de faire la science et notamment quand les êtres humains sont le sujet d'étude. Il me semble que ça s'inscrit dans la droite ligne des considérations philosophiques de Socrate (autre grand féministe) : la séparation du monde spirituel et du monde physique, l'âme et le corps, etc.

        Quand je lis tout ce qui tourne autour de la construction sociale du genre, ça me semble être dans cette ligne là : l'être humain comme un être social élevé au dessus du règne animal.

        Et maintenant qu'on se débarrasse de ce biais philosophique dans les études sur le monde animal, on se rend compte que la frontière entre les êtres humains et les animaux est de plus en plus fine. Ce n'est pas tant qu'on abaisse nos prétentions, mais plutôt qu'on élève celles des animaux et on leur trouve des comportements et des traits de plus en plus élaborés qu'on prêtait autrefois uniquement au genre humain parce qu'on les disait provenir de notre part spirituelle.

        Là où je veux en venir, c'est qu'en étudiant le règne animal, on se rend compte que beaucoup d'espèces se différencient énormément selon le sexe des individus et qu'il y a des comportements spécifiques à chaque sexe. Si les êtres humains ne sont que des animaux comme les autres, pourquoi est ce qu'on y échapperait ? Et donc, quelle est la part de l'inné et de l'acquis (qui ici, est la construction sociale) ? De quelle manière l'inné (notre nature de mammifère) influence-t-elle cette construction ? Peut on y échapper ? Est ce vain ?

        Ces questions surement restent du domaine de la spéculation mais elles me plongent dans des abîmes de perplexité.

        Voilà, j'espère avoir été plus clair.

        • sauf que tu pars d'un biais ; que les autres espèces animales sont des êtres de nature et ca.. c'est faux.

        • Les autres espèces animales sont des êtres de nature ? heu je suis pas sûr de bien comprendre.

          • tu dis qu'on opére une distinction entre humains et autres espèces animales.
            tu dis qu'on a une "nature de mammifere" (je ne comprends d'ailleurs pas ce que cela veut dire).
            tu sembles donc dire que les autres especes animales ne fonctionnent que par comportements inné et que, comme on en fait partie, on a sans doute des comportements innés.
            je ne dis pas que cela est faux ; on a effectivement des comportements instinctifs, innées (même si leur étude n'a plus grand intéret à l'heure actuelle). mais les autres especes animales ne fonctionnent pas que par comportements innés ; ce ne sont pas donc des êtres de nature. ils apprennent, ont des comportements acquis.

          • Ha okay : ben par exemple; le fait qu'on soit des mammifères ramène le sang chaud, l'allaitement, ... c'est ce que je voulais dire par "nature".

        • Et bien le genre de jusque-bout-isme qu'on peut lire chez Stoltenberg&al me semble en contradiction avec le monde réel notre place dans le règne animal. A quel point la virilité est elle un avatar purement construit par une société patriarcale ? (et je dis bien "a quel point")

          • Le lien est super intéressant (comme tout ce que publie Odile Fillod, d'ailleurs). Cela dit ça ne répond pas exactement à mes interrogations.

            Pour dire les choses encore différemment : la fatalité n'est elle pas de voir naître des stéréotypes genrés quelque soit la société prise en compte à cause de notre différenciation sexuelle biologique ? Et donc de voir des normes apparaître parce que n'importe quelle société qui s'organise va créer des normes pour pouvoir vivre ensemble. Nous avons abouti pour notre chez nous de maintenant à une société patriarcale, d'autres évolutions auraient pu être possible ; d'ailleurs d'autres types de société existent. Pour autant, ces sociétés n'ont elles pas été obligées de générer des normes et donc d'exclure à un moment ou un autre ceux qui ne la suivent pas ?
            (Questions purement rhétoriques, j'en sais fichtre rien)

          • non il n'y a pas d'autres types de sociétés que patriarcales.
            la différentiation sexuelle biologique s'appuie sur des élements arbitraires tout comme la différentiation raciale par exemple. donc oui il y a fatalité à voir apparaitre des groupements de personnes divisés en groupe.

          • Et quid de Peggy Sanday ?

          • si tu continues à t'exprimer de facon aussi lapidaire et elliptique ca va etre difficile de continuer.

          • Ha pardon ! J'ai lu (ça vaut ce que ça vaut) que, justement, il existait d'autres type de société que patriarcales. C'était là : http://antisexisme.net/2013/01/09/cultures-du-viol-1/ et c'est très intéressant. Désolé si je ne suis pas toujours très clair, c'est confus dans ma tête.

          • en fait antisexisme parle de sociétés matrilinéaires (lignée par la famille de la mère).
            on peut être une société matriliénaire et patriarcale , l'un n'exclue pas l'autre.
            pour expliquer. si tu prends Kobal comme point de départ. Le pouvoir peut être détenu par le père de Kobal ou il peut être détenu par l'oncle de kobal (frère de la mère de kobal) ; il n'en demeure pas moins que le pouvoir reste détenu par des hommes.
            ainsi si tu prends la société Minangkabau dont il est question. le pouvoir n'est pas détenu par les femmes mais par la lignée masculine du côté maternel ; c'est UN PEU différent.

          • (PS : Peggy Sanday étant la personne qui a mené les études citées dans l'article précédent)

          • Ok, je laisse maturer ça et j'arrête de t'emmerder 🙂

  3. Purée, c'est passionnant. Merci beaucoup beaucoup de partager tes lectures 🙂

  4. Merci pour cet article, et pour ce blog en général.
    Perso lire tes articles me fait un bien fou, puisque j'apprends et je réfléchis... prendre un peu de hauteur ça fait du bien.

  5. merci beaucoup c'est très gentil 🙂

    à venir d'autres résumés encore !

  6. Oui, passionnant et très intéressant. Par contre, entre renoncer à certaines convictions et s'isoler, on peut aussi faire le tri dans ses relations... et virer les petits coqs et autres machos. Je me rends compte que finalement j'ai la chance de ne pas en avoir ni au boulot, ni comme amis, reste la famille... mais là on peut se battre et/ou donner l'exemple 🙂

    • Mon copain m'a fait part assez récemment du malaise qu'il ressentait vis-à-vis de son propre rapport au féminisme. Il était absolument convaincu de la justesse du combat, de la nécessité d'en parler autour de soi mais il se rendait bien compte que ça l'excluait du "groupe des hommes" au travail et dans son cercle d'amis qui n'avaient pas forcément suivi le même cheminement de réflexion (ni à la même vitesse que lui qui échangeait sur ce sujet avec moi quasiment tous les jours).

      Je comprends ce malaise-là et qu'on ne veuille pas s'exclure complètement (ou qu'on puisse en souffrir, même sachant que l'on a raison), surtout au travail où l'on est obligés de sociabiliser un minimum avec des gens que l'on n'a pas choisi (et qui peuvent avoir un ascendant hiérarchique donc du pouvoir sur nous d'ailleurs). Je le fais moi-même d'ailleurs, venant d'arriver dans un nouveau boulot je place ça et là des réactions sur un sujet donné mais en aucun cas je ne me dresse contre 20 personnes...

      J'ai conscience du côté "engagement tiédasse" que ça peut renvoyer d'accepter de faire parfois des concessions, de faire la sourde oreille pour ne pas avoir à intervenir ou se battre dans une discussion moisie contre 10 personnes. Mais ce n'est pas pour moi renoncer à ses convictions, juste être conscient que nos convictions peuvent être dans certaines situations trop lourdes à porter et qu'il est vain de vouloir les défendre dans un contexte donné. C'est peut-être de la faiblesse ou de la malhonnêteté, hein, je ne sais pas. J'entendrais très bien qu'on me qualifie ainsi.

      • Je pense que c'est à chacun des zhoms de savoir ce qu'il est prêt à affronter... Dans mon milieu c'est plus facile, car le machisme est très mal vu, et d'autre part, ca ne me gêne pas d'être exclu d'un groupe d'abrutis 😀 C'est plus complexe avec la famille, car plusieurs générations/visions se côtoient, et on se laisse vite aller à la passion. Une fois qu'on a fait le cheminement, ca devient très difficile de supporter les machos.
        Ce n'est pas que du militantisme je dirai, il faut aussi pour être plus "efficace" avoir fait un certain cheminement personnel, notamment celui de moins dépendre du regard des autres. Mais tu as raison quand tu dis qu'il faut un bon équilibre entre ce qu'on est prêt à défendre et une sociabilité minimale...

  7. Je viens moi-même de finir de lire ce livre et il est en effet très bien. Je pense que c'est vraiment un ouvrage fondateur (dans le sens où c'est un des plus anciens de la seconde vague) pour les hommes qui s'intéressent au féminisme, comme c'est mon cas. Bien qu'ayant une certaine habitude de lire des ouvrages féministes français et anglo-saxon, récents et plus datés, j'avoue avoir quand même pris quelques claques en tant que militant et en tant qu'homme.
    Ce terme de "Refuser d'être un homme" est pour moi essentiel et m'a tout de suite accroché lorsque je l'ai vu. Même si on peut être en désaccord avec certaines de ses vues, son analyse reste essentielle pour éclairer quelle est la place des hommes dans le schéma patriarcal, place expérimentée directement par un homme.

    J'avais déjà été bouleversé par l'ouvrage de Léo Thiers-Vidal (rupture anarchiste et trahisons pro-féministes), plus récent et un peu différent dans les sujets, mais écrit dans un esprit relativement similaire; celui de Stoltenberg est pour moi du même acabit et possède la même intensité.

  8. Je ne le dis pas assez souvent aux gens que j'aime ce qu'ils font. Donc je lis presque tout ce que tu écris mais je ne commente jamais. Merci pour tout ce que tu fais. Prends soin de toi (sans vouloir te commander :D).

  9. ""les pénis existent ; le sexe masculin, non. le sexe masculin est socialement construit."

    Donc ce qui est construit n'existe pas?

    • pénis = membre biologique existant physiquement dans le vrai monde réel qu'on peut toucher
      sexe masculin = construction sociale intangible, comme la justice, les vrais fans de Justin Bieber, etc.

      my 2 cents.

      • La justice n'existe pas?

        (je laisse les fans de Justin Bieber, là je ne sais pas)

        La phrase ne dit pas "n'est pas quelque chose de matériel".

        Personne n'a jamais prétendu que la masculinité était quelque chose de matériel. On a prétendu que c'était nécessaire; mais pas matériel.

        Ce qu'il veut dire, c'est que le sexe masculin n'est pas nécessaire. Mais il existe. C'est même pour ça qu'il en parle.

        Il y a un peu plus qu'un choix lexical approximatif; il y a un raccourci de raisonnement qui escamote les vraies difficultés.

      • Ben peux tu montrer la justice du doigt ? peux tu prendre la justice dans ta main et la jeter de l'autre côté de la rue ?

        Ensuite choix lexical approximatif, je ne sais pas : la phrase est provocante, il y a au premier degré quelque chose qui choque par son apparente incohérence. Il faut donc réfléchir au sens de la phrase et y trouver une autre lecture où, là, une cohérence, une logique existe.

        Mais bon bien sûr, ça veut dire qu'il faut faire l'effort de réfléchir en lisant. J'imagine que c'est pas le genre de bouquin dans lequel on trouve une vérité toute prête donnée par un auteur qui nous prend par la main pour expliquer comment est le monde et la réalité du monde 😉

  10. On ne se prétend pas transgenre. je croyais que les tenants du « on saute d’une identité de genre à l’autre au gré de ses envies
    Excuse-moi je ne comprends en quoi cette phrase est anti-queer?
    Merci d'avance si on peut m'eclairer

  11. Mais tu dits que c'est une position de la manif pour tous. Donc par extension ca serait transphobe? Sinon je comprends pas en quoi l'auteur de la preface est transphobe? ( desolee je suis Hs)

    • ok donc.
      Dufresne dit " quitte à se prétendre vaguement transgenre". dire cela est transphobe car il laisse entendre comme de nombreuses fois que la trans* est de se pretendre autre chose que ce qu'on est, pour s'amuser ou prendre la place des femmes cis. il pretend que les trans* font cela dans un but politique (certains sont allés jusqu'à dire que les trans* étaient envoyés par des machos) afin de casser tout le mouvement féministe.
      et moi je rapproche ca des gens de la manif pour tous qui sont persuadés qu'on va tous avec la theorie du genre sauter d'un sexe à l'autre selon nos envies.

  12. Ok merci je comprends même si j'ai du mal avec tous les arguments biologiques pour justifier le transgenre ou l'homosexualite ou l'idee de non-choix. Si une personne a envie de passer d'une idendite à l'autre, d'etre bi, homo, je ne vois pas en quoi c'est mal ni pourquoi il devrait s'expliquer. Les gens sont libres ils font ce qu'ils veulent. A force de placer le debat sur la genetique, on met completement de cote la liberte qui n'a pas a se justifier.

    • en l'occurence je ne parle absolument pas de biologie hein ; par definition le genre n'est pas biologique.
      je dis simplement que dans les cas des transsexuels il ne s'agit pas comme le prétend Dufresne d'une vague lubie de leur part genre "tiens si demain je devenais femme" (ou homme). en soi ca ne poserait pas de pb mais cela n'est pas ca.

  13. En fait je ne suis pas completement opposé a ce qu'il dit. Dans les societes où les transsexuels etaient acceptes (caledonie, pakistan), certains hommes avaient le droit de renoncer au genre masculin (virilite, aggressivite) si ils se conformaient a l'exces au genre feminin. Etre transgenre dans ces societes n'etaient pas remettre en cause le patriarcat, au contraire c'est accepter ses regles. Si on dit qu'etre une femme ou un homme est biologiquement indifferent, pour la nature donc vouloir changer de sexe c'est donc pour rejoindre un genre, se conformer au canon de ce genre? Je suis peut-etre completement a cote de la plaque en disant ca si tu penses que je peux heurter des gens, merci d'effacer mon com

  14. ça sert à rien ce que je vais dire mais : tu as fait un travail de ouf et vraiment merci.

  15. Salut. Je lis ce blog depuis un moment et j'ai fait mon premier commentaire hier. Ca ne s'est pas trop bien passé et je voulais laisser filer avant de revenir interagir avec vous.

    J'y arrive pas parce qu'après le plaisir que je viens de prendre à lire cet article, je serais malhonnête de ne pas vous féliciter. Bravo, énorme et passionnant travail.

    Le problème qu'il génère est que je risque de ne jamais lire ce livre, vu la qualité de votre résumé !

    Est-ce que le travail de Raewyn Connell pourrait faire l'objet d'une prochaine lecture ?

  16. [...] alors que cela n'est pas le cas. Comme le disent Baldwin et Stoltenberg (et Wittig après eux) dans mon texte précédent, les identités n'existent souvent que parce qu'elles assujettissent l'autre. Un homme existe et se [...]

  17. C'est passionnant, merci beaucoup. A la fin de l'article, il est écrit "Soit un homme doit donc rentrer dans le rang et se conformer à l'image stéréotypée qu'on attend de lui, soit il se contraint à l'isolement.". Moi je gère le problème autrement, je ne m'isole pas mais je recherche la compagnie des femmes presque exclusivement.
    Je retiens aussi la phrase "ne me force pas à te faire mal" qui exprime bien l'horreur !
    Merci encore

  18. « Cette objectification nourrit la suprématie masculine par deux mécanismes qui se forcent mutuellement : - l'habitude masculine d'objectification sexuelle sert en partie à construire la suprématie masculine dans notre culture - la suprématie masculine dans notre culture incite les hommes à s'adapter en acquérant l'habitude d'objectifier sexuellement les êtres. »

    Vous passez relativement rapidement sur cette question, je trouve. Ce chapitre m'a pour ma part beaucoup marqué. Je pense notamment aux quelques pages qui précèdent la citation, aux cours desquelles on est bombardé d'exemples. J'avais trouvé ça très parlant, très secouant aussi. Autre chose d'intéressant à ajouter, je ne crois pas l'avoir lu. Les textes du bouquin sont ceux de discours prononcés par Stoltenberg, parfois devant des hommes (celui sur l'avortement, notamment), dès lors, en plus d'être riches en concepts et en idées ces textes bénéficient d'une force de conviction très impressionnante.

    Aussi, je lis plus haut qu'il est maintenant inutile de lire le livre, vu la qualité de votre papier. Le papier est très bon, certes, mais je pense qu'il faut quand même lire ce livre. C'est un livre qui peut toucher beaucoup de monde, a ceci près que Stoltenberg parle de sa place d'homme, il parle avec ses yeux d'hommes, et je le trouve très saisissant dans l'illustration des propos qui permet de prendre conscience de pas mal de chose. Ça a amené chez moi beaucoup de remises en question, du moins. Lisez le puis prêtez le.

  19. Bonjour Valérie,

    Je découvre avec enthousiasme votre recension de Refuser d'être un homme, qui me semble la plus exhaustive et attentive à ce jour. Vous avez clairement saisi et endossé à 100% le potentiel subversif de sa thèse, ce dont je vous remercie sans faux-semblant. Les commentaires ci-dessus sont également enthousiasmants pour la plupart: je vous envie votre auditoire! En fait, je serais heureux de dialoguer avec qui le voudra pour éclaircir, au mieux, certains faits (par exemple, John n'a jamais été hétéro même s'il a vécu longtemps avec Dworkin).

    Le blog http://hommes.tk est aussi un site partagé avec mes co-traducteurs et un lieu de dialogue possible autour de quelques chapitres du livre qui y sont affichés. Nous pourrions y lever, au besoin, certaines ambiguïtés de notre traduction, quand une référence au texte de départ s'avérera utile.

    J'espère que nous pourrons avoir ce dialogue au-delà du fait que vous me tenez pour "transphobe". Vous en avez le privilège, bien sûr, mais ce n'est pas du tout le cas; j'ai simplement tenté - un peu expéditivement, c'est vrai - de signaler le fait que ce ne sont pas seulement des transgenres - un concept dont la définition exacte demeure en flux - qui se disent représentant-e-s des droits des trans en accablant des féministes de menaces de mort, cyber-harcèlement, diffamation et recours aux pouvoirs pour faire annuler des conférences antipatriarcales et silencier des théoriciennes diabolisées,

    Comme ces attaques se font presque toujours de façon anonyme, il me semblait essentiel de faire cette distinction au moment de signaler quelques nouveaux avatars de la virilité. Mon soutien aux transgenres est, je vous l'assure, entier. D'ailleurs, des trans et autres dissidents de genre - une catégorie dont j'ose croire qu'elle nous inclut tous les deux - ont désavoué les antiféministes qui prétendent défendre leurs droits, par exemple dans le texte suivant: http://on.fb.me/12N4rvC

    En somme, j'ai bon espoir que nous puissions trouver beaucoup plus de champs de convergence que de pommes de discorde dans une analyse des idées et propositions de John, lui aussi ulcéré, en passant, par ces attaques contre les féministes qui cherchent à déconstruire un genre handicapant.

    Cordialement et merci encore pour votre lecture.

    Martin Dufresne

    • Je crains Martin que vos discours publics masquent un peu la réalité. Il y a quelques mois, alors que vous aviez posté un twit cryptique sur DSK et qu'une mailing list toute entière vous demandait à juste titre des comptes à ce sujet, j'ai pris sur moi de préciser que je vous connaissais virtuellement depuis dix ans (vous avez la mémoire courte, on se parle depuis dix ans sur des mailing liste féministes) et que je pensais qu'il convenait d'attendre vos explications avant de vous juger.
      explications que vous n'avez JAMAIS fournies.
      vous accusations répétées concernant les non abolitionnistes (nous serions les bons jours à la solde des lobbies proxenetes) ne plaident pas non plus pour "des points de convergence".
      sur twitter vous relayez à tour de bras les propos de Brennan et autre féministes transphobes US.
      donc ne venez pas jouer les hypocrites et les tartuffe ici en tentant de chercher des points de convergence, il n'y en a simplement pas.

  20. Ah, des querelles de chapelle. Cool.

  21. " rappelons que cette critique date des années 80 et qu'elle n'est sans doute plus si vraie aujourd'hui, à une époque où des gens tentent de penser la pornographie différemment et de façon moins sexiste, moins homophobe, moins raciste."

    Heu... une partie de la pornographie actuelle est probablement pensée de façon moins violente que dans les années 80, mais une (grande) partie de la pornographie actuelle n'a de cesse de dépasser les limites de la dignité humaine. A tel point que l'idée selon laquelle la pornographie serait une drogue m'apparaît de moins en moins absurde : il faut augmenter les doses (de violence, de domination, de dégradation..) pour parvenir au même effet sur un public de plus en plus anesthésié.
    Et je ne parle que de la pornographie produite dans le respect des lois.

    • c'est à dire qu'il y a maintenant production d'un porn respectueux et qu'on peut trouver. chose qui n'existait pas à l'epoque (ou pas facilement trouvable).

      • Malheureusement ce porno respectueux, féministe et queer ne bénéficie pas d'autant de moyens que le porno mainstream, à gros budgets donc on trouve moins facilement les sites, ca reste très amateur-trice parfois, pas assez mit en avant selon les pays etc. C'est intéressant cela dit de savoir que le porno est un milieu où les femmes cis genre sont mieux payées (L'ancienne actrice sasha grey milite pour l'equal pay day aux usa).
        Mais comme tu le dis bien : il est dur pour un homme cis de dire qu'il n'apprécie pas le porno mainstream ou du moins certaines pratiques en dedans (on retrouve aussi des rapports de pouvoirs, violences etc dans le porno gay) alors qu'il est dur pour une femme cis de dire qu'elle en regarde.
        Cela dit, d'un point de vue queer ou je ne sais pas comment on dit ça, que penses tu des hommes trans qui parlent de "réinvestire" la virilité ? Est ce qu'on peut au final, tout comme la féministé, en faire une fem-inité, une fém-inité repensée, performée (que sais-je ?). J'ose croire que oui personnellement.

        • marquise : déjà je pense que les hommes trans n'ont pas franchement le choix. j'avais une copine (je la féminise pour mieux faire comprendre) qui souhaitait être agenre ; elle voulait donc être androgyne se définir en il parce que c'est le neutre etc. il a bien été obligé de partir vers le masculin car il est trop compliqué d'être dans l'entre deux. donc je pense que le parcours trans oblige à se situer qu'on le veuille ou non. j'ai vu souvent (je ne sais si c'est encore le cas) les shemale par exemple trainées dans la boue y compris dans le milieu trans car elles ne souhaitaient pas l'opération.
          Maintenant est ce que je crois à la performativité de stéréotypes ? difficilement. je pense qu'ils sont tellement prégnants, tellement présente qu'on les renforce toujours.
          de plus je ne mets pas du tout sur le même plan virilité et féminité ; comme dit dans mon dernier billet la virilité est à détruire pour ce qu'elle véhicule d'oppressif pour les femmes. je pense également que la féminité est intrinsèquement oppressive mais peut-être peut elle être repensée, je ne sais pas.

  22. ChacunE peut vérifier la disponibilité et la proportion (infinitésimale) de ce porn "respectueux" eu égard à la production générale et underground.

    L'important, dans le présent contexte, me semble être que le porn auquel les jeunes hommes accèdent de + en + par internet et qui structure leur sexualité et leurs attitudes envers les femmes (et les trans) n'est absolument pas celui-là.

    Selon les recherches de Gail Dines, Rebecca Whisnant et Robert Jensen (de l'organisation Stop Porn Culture), c'est devenu - dans le monde anglosaxon en tout cas, et ce n'est pas plus jojo au Japon - du "gonzo porn", une succession de viols non simulés (lire Karin Bernfeld, 'Plainte contre X, Éditions Hypathie/La Margouline, 2013) et de gestes présentés comme avilissants des femmes.

    Quelques productions choupis de porn respectueux datent d'Annie Sprinkle au cours des années 1980 - contemporaines donc aux allocutions de John - et s'empoussièrent depuis longtemps sur les rayons des bibliothèques universitaires, puisque Sprinkle, retraitée depuis 14 ans, demeure citée comme femme-alibi par les apologistes de l'industrie.

    Enfin quelques films expérimentaux plus récents n'ont pas dépassé des auditoires confidentiels. Les jeunes garçons en sont absolument désintéressés.

  23. [...] Dans son livre, Stoltenberg dit qu'il faut détruire la virilité. Il ne dit pas qu'il faut la déconstruire, il ne dit pas qu'il faut la repenser ; il dit qu'il faut refuser d'être un homme. Le début du parcours du futur homme commence souvent par la phrase suivante "pleure pas t'es pas une fille". "joue pas à ca t'es pas une fille". "ne fais pas seules les filles le font". Cela deviendra "tu n'es pas une gonzesse et il ne faut pas être une gonzesse car c'est humiliant de l'être". Les hommes sont très tôt élevés dans l'idée que ce qui est féminin est mauvais, médiocre, inférieur et que la virilité passe par la négation de ce qui est considéré comme féminin. Comme les femmes sont strictement élevées de la même façon, on arrive mieux à comprendre qu'elles veulent adopter des rôles masculins ; oh, on essaie bien sûr de les renvoyer à leurs fourneaux mais on arrive à comprendre cette ambition-là. Après tout qui a envie d'être une femme ? Très tôt, les futurs hommes sont éduqués à être violents ; c'est un signe de bonne santé virile. On encourage le petit enfant mâle à donner de vigoureux coups de pieds ; "que voulez-vous c'est un garçon il est plein de vitalité". Les mâles ne correspondant pas à ce schéma vivent un calvaire ; moqués, tapés. des études montrent que dés la maternelle, un petit garçon ne répondant pas aux stéréotypes traditionnels de la virilité sera impitoyablement  humilié jusqu'à ce qu'il y parvienne. Gare à lui s'il n'y parvient pas, il sera "un homme efféminé". [...]

  24. [...] pour ce qui suit, je vais m’appuyer sur le résumé de crêpes georgette qui est très complet. Pour une meilleurs compréhension, je vous encourage à le lire si vous avez [...]

  25. [...] Résumé du bouquin Refuser d’être un homme ou comment en finir avec la virilité que je vous conseille ardemment ! [...]

  26. [...] son livre Refuser d’être un homme : Pour en finir avec la virilité, John Stoltenberg écrit ""D'une certaine façon, tout homme apprend au cours de sa vie à ajuster [...]

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