Voici le résumé du livre d'Anne Fausto-Sterling Les cinq sexes Pourquoi mâle et femelle ne sont pas suffisants
Dans la préface, Pascale Molinier explique que cet essai date de 1993 et n'a été traduit en français que très tardivement. C'est un ouvrage majeur qui est accompagné d'un autre essai "Les cinq sexes revisités" où Fausto-Sterling s'explique a posteriori sur sa démarche lors de la rédaction des cinq sexes.
Il s'agit dans cet essai, selon l'expression de Lowy, de séparer les sexes de "l'emprise du genre" et de comprendre qu'aucun corps n'échappe, à la cruauté de la bicatégorisation des sexes.
Dans les cinq sexes, l'auteure "refuse de séparer les savoirs de la question de qui produit ces savoirs et de comment ils sont produits".
Par l'exemple des personnes intersexuées, on comprendre que la biologie et la psychologie ne sont pas des savoirs neutres et objectifs ; ces savoirs sont marqués par le genre et sont fondés sur la dualité des sexes ; ainsi ces sciences "corrigent" ce qu'elles estiment non conformes à cette dualité.
Les cinq sexes aident au fond à comprendre que l'ensemble des savoirs ne sont pas neutres.
Le sexe est perçu comme une catégorie naturelle, allant se soi et le genre comme une construction socio-culturelle définissant les rôles, fonctions et distributions des activités entre les deux sexes. On a pu montrer que le genre est indépendant du sexe ; ainsi on peut parler de masculinité ou de féminité sans impliquer quoi que ce soit d'anatomique ou de biologique.
Le genre, lorsqu'il est utilisé au singulier entend insister sur le principe de division (entre les hommes et les femmes). Lorsqu'il est utilisé au pluriel comme dans le livre de Fausto-Sterling, Corps en tous genres, il exprime l'idée qu'il pourrait exister d'autres configurations que celles fixées par la binarité.
Tout le travail de Fausto-Sterling montre à quel point le corps fait partie d'un processus invisible nature/culture ou sexe/genre. Le corps est construit dans un processus biopsychoculturel ; cela ne veut pas dire qu'il n'est pas réel mais qu'il n'existe pas d'état de nature qui puisse être saisir en dehors du social.
Comme le signale Hélène Rouch "La "réalité biologique" n'a de sens qu'interprétée dan le système de représentations propre à chaque société" ce qui est une autre manière de dire que le genre précède le sexe ou que le genre est un point de vue sur le sexe.
Ainsi Chiland peut écrive "On naît mâle ou femme (ou intersexué), on devient homme ou femme".
Les corps mâles et femelles sont catégorisés en fonction de leur rôle dans la reproduction. On catégorise un nouveau-né sur la base du lien présumé entre les organes génitaux apparents à la naissance et la fonction que l'individu remplira à l'âge adulte, dans la reproduction. Or ce rôle relève de la prophétie. Le sexe est assigné à partir de la perception des corps et non à partir d'un savoir assuré sur leurs futures capacités reproductives. Pourtant à l'âge adulte, on ne crée pas de catégories pour classer les infertiles.
Concernant les intersexes, on ne se préoccupe pas de savoir si elles pourront avoir des enfants, ou si elles pourront se servir de leurs organes génitaux à des fins sexuelles, mais on cherche à créer une parodie de corps genré, un corps comme si.
Résumé des cinq sexes :
L'idée qu'il n'existe que deux sexes est profondément ancrée dans la culture occidentale ; la langue elle-même refuse d'autres possibilités. Au regard de la loi, tout adulte est soit un homme, soit une femme et la différence est loin d'être anodine ; cela peut signifier faire ou non son service militaire, enfreindre ou non des lois anti-sodomie (l'auteure parle des Etats-Unis).
D'un point de vue biologique, il existe pourtant de nombreuses gradations entre mâle et femelle. On en trouve au moins cinq.
Dans les manuels de médecine, le terme "intersexuation" est utilisé pour évoquer trois catégories :
- les "herms" qui possèdent un testicule et un ovaire.
- les "merms" qui possèdent des testicules et certains aspects de l'appareil génital féminin mais pas d'ovaires
- les "ferms" qui possèdent des ovaires et certains aspects de l'appareil génital masculins mais pas de testicules.
Chacune de ces catégories est en elle-même très complexe ; le pourcentage de caractéristiques mâles et femmes peut varier énormément selon les individus d'un même sous-groupe.
L'auteure suggère néanmoins que ces trois intersexes soient pris en considération comme des variables sexuelles supplémentaires. Elle affirme que, pour elle, le sexe est un continuum modulable à l'infini qui ne tient pas compte des contraintes imposées par les catégories.
Il est compliqué d'estimer la fréquence de l'intersexuation. Selon Money, ils constitueraient 4% de la population. Seuls quelques-uns arrivent à l'âge adulte en ayant conservé leur ambiguïté génitale ; la plupart auront subi des traitements chirurgicaux et hormonaux de façon à "s'intégrer". Même si ces volontés à intégrer les gens sont pétris de bonne intention, la communauté médicale n'a pas pour autant étudié l'idée qu'il pourrait y avoir plus de deux sexes.
L'étude d'hermaphrodites montre une immense variété d'anatomie sexuelle.
On parle d'intersexuation depuis fort longtemps ainsi le Talmud et la Tosefta les évoquent par exemple.
Le dogme scientifique s'et rapidement rallié à l'idée que les hermaphrodites auraient une vie misérable s'ils n'étaient pas "corrigés". Le traitement de l'intersexuation constitue ce que Foucault appelle le biopouvoir c'est à dire le fait que de connaissances acquises (par exemple en embryologie) ont permis aux médecins de contrôler le sexe même de l'être humain.
Ces avancées médicales peuvent être considérées comme une discipline ; le corps des hermaphrodites est indiscipliné et n’intègre pas naturellement une classification binaire. En quoi est-ce un problème qu'une personne ait un clitoris suffisamment grand pour pénétrer un vagin ? En quoi est ce un problème si des personne peuvent voir "naturellement" des relations sexuelles aussi bien avec des hommes qu'avec des femmes ?
Les réponses résident apparemment dans notre besoin culturel de maintenir des distinctions claires entre les sexes. la société rend obligatoire le contrôle des corps intersexes car ils estompent et ignorent cette division.
Fausto-Sterling imagine alors un monde où les sexes seraient multipliés à l'extrême ; on ne parlerait plus de mâle et de femelle ou d'hétérosexuel et d'homosexuel. Fausto-Sterling n'ignore pas que ce qu'elle propose est complexe ; quelles seraient les conséquences à être élevés comme des intersexes assumés ? Que se passerait-il dans la cour de récréation, à la puberté ? Que se passerait-il pour l'enfant qui dévoilerait une anatomie non habituelle dans des vestiaires ?
Ces questions n'ont jamais été traitées par la communauté scientifique ; tous les rapports (faits entre 1930 et 1960 avant que l'intervention chirurgicale devienne la norme) témoignant d'intersexués ayant su s'adapter à leur statut particulier, sont ignorés.
Résumé des cinq sexes revisités (écrit en 2000) :
Fausto-Sterling commence par le souvenir d'une conférence qui s'est tenue en mai 2000 où une activiste des droits des intersexes a pu parler et faire entendre le point de vue des patient-e-s. Lors de cette conférence de nombreuses personnes ont elles aussi soutenu l'idée qu'il fallait mieux abandonner les pratiques agressives (chirurgie, hormonothérapie) pour des traitements comme une thérapie psychologique.
L'auteure rappelle que son propos dans Les cinq sexes était à la fois de provoquer de manière ironique ; elle a donc été vraiment surprise de voir les controverses suscités par cet article.
Pour elle, il est difficile de savoir qui est intersexe et combien il en existe tant l'idée est liée à l'idée de mâle et de femelle.
Dans un monde biologique idéalisé, les êtres humains sont divisés en deux types. Les homme ont un chromosome X et un Y, des testicules, un pénis et tous les canaux internes nécessaires au transport de l'urine et du sperme jusqu'à l’extérieur. Ils possèdent aussi des caractères sexuels secondaires, comme la musculature et la barbe. Les femme ont deux chromosomes X, des ovaires et tous les canaux internes nécessaires au transport de l'urine et des ovules jusqu'au monde extérieur, un système favorisant la grossesse et le développement fœtal, ainsi qu'un certain nombre de caractères sexuels secondaires facilement reconnaissables.
Il est évident que beaucoup d'humains ne correspondent pas à cette description idéale. Les chromosomes, hormones, structures sexuelles internes, les gonades et les organes génitaux externes varient énormément d'une personne à l'autre.
Après une étude approfondie avec ses étudiants, l'auteure pense pouvoir affirmer que 17 enfants sur mille (1.7%) naissent avec une forme d'intersexuation. ces chiffres varient évidemment selon les populations. Ainsi l'hyperplasie congénitale des surrénales concerne 43 enfants sur un million en Nouvelle-Zélande et 3500 enfants sur un million chez les yupiks.
L'intersexuation est avant tout une question de définition médicale.
La révélation de cas de réattributions de sexe ayant échoué et l'émergence de l'activisme intersexe ont poussé de plus en plus de médecins à remettre en cause les techniques chirurgicales. L'intersexuation n'est plus considérée comme une maladie en soi. Ainsi par exemple, les médecins tendent désormais à éviter au maximum les changements irréversibles comme le retrait ou la modification des organes génitaux. On tend à ne plus considérer ambiguïté génitale comme une urgence médicale et de ne plus la traiter dés la naissance. Fausto-Sterling pense que la chirurgie ne devrait être pratiquée sur un jeune enfant que pour lui sauver la vie ou améliorer son bien-être physique de manière importante. On peut attribuer un sexe à un enfant mais en ayant l'humilité d'accepter qu'il peut le rejeter plus tard.
Fausto-Sterling montre combien la médecine est encore pleine de stéréotypes victoriens. Des termes comme "hermaphrodite véritable", "pseudo-hermaphrodite masculin" et "pseudo-hermaphrodite féminin" montre encore combien on a du mal à penser hors de mâle et femelle.
Même si elle note l'importance du genre et comprend (c'est un reproche qui lui a été fait) qu'il ne faut pas conférer un statut prépondérant aux organes génitaux mais davantage au genre, elle souligne qu'on peut encore mourir pour adopter un genre qui ne serait pas en conformité avec son sexe.
Elle suggère en première piste, de supprimer le mot "sexe" des documents officiels.
Je cite sa conclusion : "Il arrive parfois que des gens me demandant, non sans horreur, si je ne milite pas pour un monde couleur pastel, dans lequel l'androgynie serait reine et où hommes et femmes seraient exactement les mêmes. A mes yeux, pastel et couleurs vives cohabitent. Il existe et existera toujours des personnes extrêmement masculines. Simplement certaines sont des femmes. Et dans mon entourage, certaines personnes des plus féminines sont bel et bien des hommes."
23 réponses sur “Résumé de Anne Fausto-Sterling Les cinq sexes”
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Pouf, juste pour signaler une double coquille : "qu'il n'existe pas d'état de nature qui PUISSE être SAISI en dehors du social".
Cette lecture, ou tout du moins, le résumé que vous en faites, semble porteuse de réflexions vertigineuses, au-delà des barrières que nous (je, en tout cas) avons pris l'habitude de ne jamais questionner (même si lesdites barrières me semblent être justement au cœur de la pensée développée sur ce blog). Merci pour cette excellente synthèse (exercice difficile, s'il en est).
Juste une petite remarque de vocabulaire : quand vous parlez de "patients" à propos des individus intersexués (juste après le dernier titre, "Résumé des cinq sexes revisités (écrit en 2000)"), le terme n'aurait-il pas justement tendance à accréditer (involontairement) l'idée que l'intersexuation est une anomalie/pathologie et relève donc du champs médical ?
Fausto-Sterling utilise ce terme car lors de la dite conférence l'activiste intersexuée s'est exprimée du point de vue de la patiente (son exposé s'intitulait ainsi) et pour dénoncer, du point de vue des patients, les chirurgies invasives et mutilantes.
Elle s'exprimait donc dans cette conférence à la fois comme activiste mais aussi comme patiente qui a du subir nombre d'interventions.
Fausto-Sterling souligne aussi ainsi que toutes celles et ceux qui ont eu à subir ces interventions n'avaient auparavant aucun droit et n'étaient ni entendus ni écoutés.
Très bien, merci pour votre explication.
La conclusion de Fausto-Sterling est magnifique.
Je suis toujours très perplexe quand je lis des remarques comme quoi si on arrêtait de catégoriser de façon binaire hommes et femmes, alors on deviendrait tous pareils : mais par quel raisonnement tordu peut-on en tirer cette conclusion ? Comme si arrêter de faire rentrer les gens soit dans une boîte soit dans une autre impliquait nécessairement qu'on cherche à les faire tous rentrer dans une unique boîte plus petite.
Il me semble pourtant tellement évident que cesser de catégoriser les gens, et les traiter comme des êtres humains avec chacun ses particularités ne peut être que source de richesse et de diversité.
Auriez-vous des sources concernant la proportion de personnes intersexuées ? Je lis dans votre article :
"Il est compliqué d'estimer la fréquence de l'intersexuation. Selon Money, ils constitueraient 4% de la population"
Puis plus loin il n'est question que de 1,7% :
"Après une étude approfondie avec ses étudiants, l'auteure pense pouvoir affirmer que 17 enfants sur mille (1.7%) naissent avec une forme d'intersexuation."
Dans les deux cas, l'intersexuation n'est pas si rare.
la première étude a été menée par John Money de la John Hopkins University ; elle ne source pas plus que cela.
la seconde étude a été menée par Fausto-Sterling elle même mais elle n'en dit pas plus.
peut-être voir dans Corps en tout genres ; je l'ai et le résumerai de toutes façons.
Concernant le chiffre de 1,7 %, il est également cité dans "Corps en tous genres" avec pour source "How sexually dimorphic are we? Review and synthesis." (Melanie Blackless, Anthony Charuvastra, Amanda Derryck, Anne Fausto-Sterling, Karl Lauzanne, Ellen Lee), American Journal of Human Biology, 04/2000; 12(2):151-166.
http://www.researchgate.net/publication/11812321_How_sexually_dimorphic_are_we_Review_and_synthesis
Un merveilleux sujet qui doit donner des migraines aux binaristes de la MPT.
Par rapport aux écarts de proportion dans la population, je me demande si cela ne peut s'expliquer par le fait que les intersexuels ne le sont pas forcément à la naissance, car c'est ce seul paramètre qui semble avoir été pris en compte dans l'étude qui donne un chiffre de 1.7%
Est-ce que le livre fait une différenciation à ce sujet ? (Par rapport à la façon dont les personnes sont perçues et conditionnées à suivre des traitements, ou si elles sont plus à même de les refuser, etc.)
D'autant que cette intersexualité acquise en étant jeune adulte concerne essentiellement les caractères sexuels secondaires avec donc une incitation sociale très forte au traitement hormonal, moins barbare qu'une chirurgie mais pas foncièrement moins destructeur...
Anne Fausto-Sterling sur France Culture à l'occasion de la traduction de ses deux bouquins : http://www.franceculture.fr/emission-la-suite-dans-les-idees-sexe-et-genre-une-dualite-avec-anne-fausto-sterling-2012-12-29.
Ah si on abolit l'idée légale du sexe on peut enfin arrêter de s'intéresser aux petits problèmes mesquins comme des disparités de fréquences de violences sexuelles, de représentation politique ou bien des écarts de salaire. En se focalisant sur les individus plutôt que sur leur supposé sexe, on fait exploser toutes les oppressions sexistes. Tout comme l'arrêt du classement légal des individus en termes de race a permis d'éliminer le racisme en France.
Quelle joie d'enfin pouvoir être égaux dans la saine diversité de ce continuum modulable à l'infini.
"Tout comme l'arrêt du classement légal des individus en termes de race a permis d'éliminer le racisme en France."
Je... J'espère que c'est du sarcasme ?
Sauf que l'auteure n'a jamais prétendu qu'il y aurait disparition du sexisme.
Essaie encore.
Questionner la naturalité de la dichotomie sexuelle ne signifie pas refuser l'usage des catégories "hommes" et "femmes" pour parler de la société. Au contraire, il s'agit de comprendre les mécanismes sociaux et les représentations culturelles qui structurent ces catégories, qui sont des catégories construites et non naturelles ou évidentes.
Le but n'est pas de se concentrer sur l'individu en oubliant le groupe et donc en invisibilisant les rapports de domination existant entre ces groupes, mais de mettre en évidence le caractère social et construit de ces rapports de domination : cela permet de dire que les inégalités entre les sexes ne sont pas naturelles, d'abord parce que la catégorisation des sexes n'est elle-même pas naturelle.
Pour faire un parallèle avec le racisme et vous suivre : je pense aussi que refuser l'usage des catégories raciales en France (quand je dis l'usage, je parle dans les stats, ou dans les travaux socios, ou dans l'élaboration des politiques publiques) participe à l'invisibilisation du racisme et des rapports de domination entre les races. Mais la démarche des gender studies et des queer studies, ça serait plus comme si on interrogeait la construction des catégories raciales pour comprendre dans quelle mesure elles sont elles-mêmes le résultats de rapport de domination : que signifie "noir" ? Comment est construite cette catégorie ? Quelle est son histoire, comment a-t-elle été produite par l'écrit, par la science, quelles représentations y sont attachées, etc.
Vous voyez donc qu'il ne s'agit pas d'une approche individualiste des questions de genre, mais d'une réflexion sur le caractère construit des catégories sexuelles. Et un outil supplémentaire dans la lutte contre les inégalités entre les groupes.
Je pense qu'il peut justement être bon d'éliminer ces catégories construites naturellement, d'un point de vue intersectionnel.
En effet quel ordre de priorité peut-on donner aux rapports de domination d'un individu soit-disant "mâle", "blanc", vis-à-vis d'un individu "femelle", "noir", si le premier a 5 ans et le second est adulte ?
Et quelle priorité encore si ce second individu était par ailleurs sévèrement "handicapé" ?
On voit bien que ces rapports de domination qui se fondent sur un ensemble de caractères forment une infinité de combinaisons, dont la complexité échappe à l'analyse binaire du dominant contre le dominé.
Ne vaudrait-il pas mieux, dans ce cas, porter nos efforts vers une universalité du respect de l'individu ?
Ainsi, pour des problèmes déjà évoqués tels que les disparités de fréquences de violences sexuelles, de représentation politique ou bien des écarts de salaire.
On en viendrait ainsi à se demander pourquoi un individu donné, dans sa diversité complexe qui lui est propre, n'obtient pas le même salaire à un poste égal pour un travail égal qu'un autre individu à la diversité tout aussi complexe.
De même pour ce qui est des violences sexuelles, chaque individu ayant sa propre complexité, il serait trompeur de victimiser ou de criminaliser tout un groupe sur la base de quelques caractères partagés, quand on sait à quel point l'histoire de vie, en particulier l'histoire familiale est importante pour ces crimes.
Enfin, pour ce qui est de la représentation politique, qui sait combien d'hermaphrodites, combien d'individus trans siègent vraiment au parlement, malgré les contraintes que fait peser sur le continuum sexuel la loi française ?
Je ne vois pas l'intérêt de continuer à étudier d'un point de vue catégoriel les rapports de domination, en les entretenant, si on souhaite véritablement avancer dans une plus grande tolérance de ce que la diversité humaine a à nous offrir, et vers une égalité de chacun dans ses rapports aux autres.
(tu trolles merveilleusement bien mes félicitations).
j'ai hâte que tu nous expliques à quel moment on a criminalisé le groupe hommes.
Je crois que j'ai pris votre commentaire au second degré, et qu'il fallait le lire au premier.
C'est amusant.
Bien entendu, je ne suis pas d'accord avec vous. Quand au mythe de l'importance de "l"histoire familiale" dans les crimes en tout genre, les inégalités, etc., je vous recommande Durkheim. Ou n'importe quelle enquête statistique de l'INSEE.
Merci pour ce résumé très bien construit. J'ajoute qu'on peut écouter Anne Fausto-Serling sur le même thème dans deux émissions sur France Culture : http://www.franceculture.fr/personne-anne-fausto-sterling.
(J'en profite pour signaler une coquille au niveau de "ce que Foucault appelle le biopouvoir c'st")
Oups, un lien a déjà été proposé sur une des deux émissions FC, désolé (pour ma défense : j'en propose deux pour le prix d'une !).
Au Bangladesh, un troisième sexe :
http://dayagainsthomophobia.org/in-pioneering-move-bangladesh-grants-third-gender-status-to-hijras/
A ma connaissance, le seul pays au monde, est-ce le cas ?
Et au passage, un immense merci pour ce blog si enrichissant et stimulant ! Ca fait vraiment plaisir à lire !
réflexions intéressantes assurément. Reste à trouver le rôle de la gamme infinie des hermaphrodite dans la reproduction. Ils doivent bien en avoir un sinon pourquoi la Nature les aurait-elle crée?
Dans un registre différent ça me fait penser par association d'idée, aux berdaches amérindiens, ce sont des hommes qui ne se sentent pas de vivre selon les exigences masculines, et à qui finalement la tribut confis par conséquent un rôle de femme. Il devient donc une femme parmi les femmes sans que ça pause de problème particulier, il peut même être épousé par un chasseur. Bon on reste dans une société bipolarisé et fortement genrée, mais c’est un exemple, néanmoins de plus grande porosité.
Mafalda : Fausto-Sterling parle de sexes , pas de genres comme l'article que tu cites.
Par ailleurs, l'introduction d'un troisième (ou énième...) genre dans l'état civil n'est pas du tout une avancée, mais une monstruosité stigmatisante de la pire espèce, équivalente à un triangle rose ou similaire porté en public à vie. Monstruosité qu'outre le Bangla Desh, le Pakistan, la Nouvelle-Zélande, et depuis peu l'Australie commettent.
Qu'on se le dise : lutter contre les discirminations basées sur le genre de la personne ne passe pas par la multiplication des cases de genre mais par leur abolition pure et simple.
Ah c'est pas une mauvaise idée ça. Qu'avons nous besoin sans cesse de s'en référer au sexe (ou genre) en permanence. On ne marque pas si on est d'origine caucasienne, africaine, asiatique, tutsi ou Han! Priver la population de la possibilité de se prévaloir administrativement d'un genre ou l'autre serait une bonne chose je pense. En effet diviser l'humanité en deux sexe est simpliste de toute façon.
Je n’ai pas d’avis a priori sur les thèses de Fausto-Sterling, et son livre fait partie des quelques centaines de mes projets de lecture. Mais je voudrais quand même bien qu’on me dise par quel miracle la différenciation sexuelle serait un domaine immunisé contre les dysfonctionnements du développement, les malformations, les anomalies. Si une petite fille peut naître avec quatre reins, un petit garçon avec une peau dépourvue d’épiderme, ou sourd , ou intolérant au lait de sa propre mère, si un embryon peut ne pas développer de cerveau, etc., je me demande pourquoi des choses semblables ne pourraient pas se produire du côté de la formation des organes génitaux internes et externes. Or, j’ai le sentiment que c’est précisément cette sorte de possibilités qui est a priori exclue – puisque jamais évoquée dans tout ce que j’ai pu lire sur Internet de compte-rendus, contributions, commentaires sur les travaux d’AFS.
Voilà, c'est seulement une question.