Avr 172011
 

Les mythes ou idées reçues autour du viol désignent les croyances entourant le crime en lui-même, les victimes et les coupables. On les définit par des attitudes et croyances fausses mais profondément et constamment entretenues servant à nier et à justifier le viol. Ces mythes, par des idées fausses répétées constamment, servent à décrédibiliser la personne violée et à excuser le violeur.

Etudions donc à présent ces mythes :

Les femmes mentent et accusent des hommes de viol car elles regrettent une relation sexuelle ou veulent se venger

Cette étude de 2007  interroge des étudiantes d'une université où les interviewées estimaient qu'environ 20% des accusations de viol étaient fausses.

les violeurs sont des inconnus dans une ruelle sombre avec un couteau

Beaucoup de gens ont du violeur l'image d'un inconnu avec un couteau qui agresserait la nuit dans une ruelle sombre ; il attaquerait violemment la victime qui se défendrait ce qui lui occasionnerait des blessures visibles.  Une étude menée en 1997, faite auprès d'étudiantes en université montre qu'un certain nombre pense qu'il n'y a pas viol s'il n'y a pas de blessures physiques ou qu'aucune arme n'a été utilisée.

Ces éléments sont absents de la plupart des viols commis.

* Le Comité Féministe Contre le Viol qui gère le numéro vert SOS viols et a pu mener des enquêtes statistiques qui révèlent qu'on viole autant le jour que la nuit. Ainsi selon leurs chiffres, "les agressions sexuelles sont commises le jour dans 45,7 % des cas, la nuit dans 54,3 %."
* La même étude montre que le viol a eu lieu dans 67.7 % des cas au domicile de la victime ou de l'agresseur, dans 3.7% des cas dans la rue, dans 0.6% des cas dans un parking.
Dans 74% des cas la victime connait son agresseurs.
L’enquête Contexte de  la sexualité en France de 2006 souligne que "les agresseurs inconnus restent toujours  une minorité (17%), et que leur proportion décroît dans les générations les plus récentes".

les femmes habillées sexy l'ont bien cherché voire ont aimé cela

On prétend souvent que les femmes ont provoqué leur viol, qu'elles disent non tout en pensant le contraire ou qu'il faut forcer et pousser les femmes car elles aiment ça.
En 2009, le Daily Telegraph dut présenter des excuses publiques après avoir fait dire à une étude que les femmes qui sortent, boivent de l'alcool et s'habillent court risquent davantage d'être violées.

Ces deux études montrent qu'environ 1 à 4% des étudiantes interrogées pensent que certaines femmes désirent secrètement être violées. Ce chiffre montre à 15% chez les étudiants.
21% des étudiantes pensent qu'une femme portant une tenue sexy "cherche les problèmes".
Une étude anglaise de 2005 montre que 22% des personnes interrogées pensent qu'une femme est partiellement ou totalement responsable de son viol si elle avait des partenaires sexuels multiples et 26% pensent la même chose si elle portait des vêtements sexy.

Dans cette étude, l'auteure montre qu'il n'y a pas de corrélation entre leur habillement et le harcèlement sexuel subi. Elle montre qu'une tenue sexy n'accentue pas le harcèlement.

La tenue n'est donc pas mise en cause, puisque, d'ailleurs une bonne partie des violeurs ne se souvient absolument pas de ce que portait leur victime. L'interrogatoire de violeurs condamnés montre qu'ils ont tendance à exagérer la tenue portée par leur victime, à la percevoir beaucoup plus provocante qu'elle n'était et à interpréter à peu près n'importe quelle attitude comme provocatrice. Ainsi un sourire ou un salut deviennent, pour le violeur, des éléments de provocation.

ce sont les jeunes et jolies femmes qui sont violées

Les victimes sont de tout âge, tout milieu socioprofessionnel ; ainsi aux USA, 15% des victimes avaient moins de 12 ans.

 on viole davantage dans certains milieux sociaux

Il est courant d'entendre qu'on violerait davantage dans les milieux populaires, particulièrement dans les banlieues dites "sensibles".

 Selon l’enquête Contexte de  la sexualité en France de 2006, il y a peu de différence selon la catégorie socioprofessionnelle avant 18 ans ; le pourcentage le plus élevé se rencontrant chez les filles de cadres. La fréquence après 18 ans varie de 6% à 10% selon la position sociale personnelle des femmes avec des chiffres un peu plus élevés chez les cadres et chez les artisanes-commerçantes. Les femmes violées existent donc dans toutes les catégories socioprofessionnelles.

Si les affaires de viols condamnés par la justice montrent une surreprésentation des auteurs appartenant aux milieux populaires (ce qui est le cas de toutes les infractions), et que les membres des milieux sociaux favorisés sont sous-représentés parmi les personnes condamnées, on peut penser que les faits au sein de milieux aisés sont sous-judiciarisés car bénéficiant d'aides diverses. A l'inverse les populations défavorisées sont davantage surveillées par les services sociaux ce qui permet une plus grande détection.

seule une femme peut être violée

Une étude américaine de 2008  montre les préjugés auxquels sont soumis les officiers de police de  7 départements de police et 4 départements de sheriffs du sud des Etats-Unis. Ainsi seulement 66% d'entre eux croient que n'importe quel homme peut être violé et 48% croiront un homme qui viendrait porter plainte pour viol.
Selon l’enquête Contexte de  la sexualité en France de 2006, 16% des femmes et 5% des  hommes déclarent avoir subi des rapports forcés ou des tentatives de rapports forcés au cours de leur vie (6,8% des femmes déclarent des rapports forcés et 9,1%, des tentatives, et respectivement 1,5% et 3,0% des hommes).

un mari ne peut pas violer sa femme

9% des hommes et 5% des femmes  pensent qu'un mari qui utiliserait la force physique pour avoir un rapport sexuel ne commettrait pas un viol et 31% des hommes et 19% des femmes pensent que le non consentement des femmes ne constitue pas un viol.
Une étude américaine de 2008  montre que  19% des officiers de police  interrogés seront tentés de ne pas croire une femme qui dit avoir été violée par son époux.

Selon l'enquête de l'ENVEFF de 2001, 0,9% des femmes déclaraient avoir été victimes de violences sexuelles par leur conjoint au cours des  12 derniers mois.

 

Les victimes de viol correspondent rarement  aux mythes autour du viol et, à cause de cela, subissent souvent des préjugés défavorables tant de la part de leurs proches que de la police et de la justice.

Il a également été montré que les personnes croyant aux mythes sur le viol sont moins aptes à définir un viol comme tel que ceux n'y croyant pas ; ainsi une femme qui aurait été violée et croirait aux mythes sur le viol sera moins amenée à porter plainte puisqu'elle n'estimera pas ce qu'elle a vécu comme un viol.

Une étude américaine de 2001 montre que 66% des personnes interrogées, hommes comme femmes, adhéraient aux mythes autour du viol dans une étude utilisant des questions ouvertes. Dans une étude utilisant des questions fermées, entre 25 et 35% des interrogés adhéraient à ces mythes. Les hommes sont plus enclins que les femmes à croire à ces mythes.

Une étude a été menée afin de mesurer la propension au viol c'est à dire la possibilité que quelqu'un viole. A été posé un certain nombre de questions sans jamais prononcer le mot viol comme par exemple "avez vous déjà eu des relations sexuelles avec quelqu'un dont vous saviez qu'il n'était pas consentant mais qui était trop ivre pour résister". Cette étude a révélé que 6.4% des hommes interrogés ont commis un viol ou une tentative de viol.

Les mythes sur le viol servent à justifier l'attitude de ces hommes qui, en acceptant ces mythes peuvent ensuite individuellement se justifier et se dédouaner d'avoir commis de tels actes.

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