Je vais vous résumer Les femmes de droite d'Andrea Dworkin. Le livre date d'il y a trente ans ce qui explique par exemple qu'elle évoque le viol conjugal en soulignant qu'il est autorisé. Je résume ce livre en réaction aux nombreux textes réagissant au tumblr des femmes anti féministes.
Dans la préface, Christine Delphy souligne qu'à part Dworkin peu de féministes ont évoqué la sexualité hétérosexuelle dans une société patriarcale. On a revendiqué le droit des femmes à se prémunir des conséquences de cette sexualité via la contraception et l'IVG.
Dans la vision féministe comme dans la vision patriarcale, le viol, l'inceste sont vues comme des transgressions à la sexualité comme les violences conjugales sont vues comme des transgressions à la définition du mariage.
Pourtant s'ils sont aussi banalisés c'est qu'ils sont tolérés sinon encouragés et que la violence est partie intégrante de la sexualité hétérosexuelle patriarcale comme le pense Dworkin.
Dans ce livre Dworkin parle des femmes de droite qu'elle ne condamne pas mais dont elle regrette les choix. Elle estime qu'elles ont affaire à un pouvoir trop vaste et qu'elles se sont aménagées l'espace qu'elles pouvaient.
La question se pose de savoir sir les gains du mouvement féministe ne peuvent être saisis par les hommes et utilisé contre les femmes. Ainsi elle rappelle que la libération sexuelles des années 60 a enjoint les femmes à être disponibles envers les hommes sinon elles étaient considérées comme non libérées.
Delphy estime que les féministes ont échoué à définir la sexualité hétérosexuelle ; cela se définit toujours par un rapport sexuel qu'avant les femmes n'étaient pas censées aimer et que, maintenant elles doivent aimer.
Dworkin dit que la violence de l'acte sexuel ne réside pas dans l'anatomie masculine mais dans l'interprétation qui en est faite.
La sexualité hétérosexuelle devient un acte où la femme doit jouir de sa propre destruction, pour se conformer à l'archétype du masochisme féminin.
Delphy critique le féminisme queer qui réduit le genre aux rôles dans la sexualité qu'on pourrait performer alors que les discriminations persistent, elles, bel et bien.
Résumé de Dworkin.
Dworkin montre que la majeure partie des travaux faits par les femmes sont sous-payés, stéréotypés et stagnants. Pour elle, les femmes de droite ont fait un deal. Comme au foyer leur valeur est davantage reconnue qu'au travail, entre autres parce qu'elles sont mères, alors elles défendent le rôle de femme au foyer.
Le travail ne rend pas les femmes autonomes puisqu'elles sont en général mal et peu payées. Les féministes ont fait le pari qu'un salaire rendrait les femmes indépendantes sauf que cela n'arrivera pas tant qu'on sera dans une société patriarcale. Il y a un intérêt à maintenir les salaires des femmes bas ainsi elles vendront du sexe (dans le mariage ou la prostitution) pour survivre.
Pour Dworkin, le salaire égal pour un travail égal n'est donc pas une réforme mais une révolution.
De plus le marché du travail est devenu un autre lieu de coercition sexuelle pour les femmes.
Les femmes de droite ont donc fait le choix de rester au foyer en espérant que cela sera plus vivable que dehors.
Dworkin aborde ensuite le sujet de l'IVG. Le livre date des années 80, l'IVG est autorisé depuis dix ans et dans de nombreux états, le viol conjugal n'existe pas.
L'IVG peut rendre la femme coupable de ne pas mettre la maternité au coeur de sa vie alors qu'elle serait censée le faire.
Si le viol conjugal est autorisé, comment distinguer le viol dans le mariage du coït dans le mariage ?
Si un homme marié viole une femme comment pourrait-il voir cela différemment de ce qui se passe dans son couple où il a l'autorisation de l'état de violer sa femme ?
Si la grossesse doit être menée à terme dans le mariage où le viol est légitime alors pourquoi la grossesse issue d'un viol par un inconnu serait illégitime ?
Dans les années 60, les femmes doivent baiser (le mot est employé par Dworkin "fuck") sinon elles sont accusées de ne pas être libérées.
Or la possibilité d'une grossesse, ou le souvenir d'une IVG clandestine, ne leur donne ps envie de le faire.
Beaucoup d'hommes de gauche se sont alors engagés dans un combat pour l'IVG.
Robin Morgan dit en 1970 "Il est douloureux de comprendre qu'à Woodstock ou à Altamont, une femme pouvait être qualifiée de "coincé" ou "vieux jeu" si elle refusait de se laisser violer".
Lorsque les mouvements féministe émergent, ils font réaliser à beaucoup de femmes qu'elles ont été sexuellement utilisées. Elles vont alors lutter pour le contrôle de leur fertilité ; les mouvements de gauche vont alors se détourner des droits des femmes et de l'IVG puisqu'il ne s'agit plus de seulement pouvoir baiser des femmes.
Les femmes de droite dénoncent l'IVG car pour elles, cela a participé à l'avilissement sexuel des femmes. Elles ont vu que quand l'IVG a été légalisée, les hommes ont revendiqué l'accès au corps des femmes. Pour elles, l'IVG rend les femmes baisables par les hommes sans qu'ils en paient plus aucun conséquence comme un enfant à nourrir.
De leur point de vue, la grossesse est la conséquence du sexe qui oblige les hommes à rendre des comptes. Sans IVG, l'homme est obligée d'entretenir la femmes et les enfants qui ne pourrait s'en sortir seule puisque les salaires versés aux femmes sont trop faibles.
Dworkin évoque ensuite la peur de l'homosexualité masculine qui constitue un outil de contrôle des hommes. Elle dresse des groupes d'hommes les uns contre les autres dans une quête éperdue de la masculinité.
Dans le racisme, l'homme du groupe racisé, subit des stéréotypes sexuels ; soit il est violeur, soit il est dévirilisé. Les noirs dans les Etats-Unis esclavagistes sont dévirilisés et vus comme des animaux. Lorsque l'esclavage est aboli les hommes blancs se sentent dévirilisés, privés de leur masculinité, ils font des noirs des violeurs. Le viol par les hommes noirs (qui est une construction raciste) est avant tout vu comme un vol, non pas des femmes blanches mais de la masculinité des hommes blancs.
Pour Dworkin, les femmes de droite haïssent les homosexuels car pour elles, ils se passent des femmes. Sans la reproduction, les femmes en tant que classe n'ont rien ; les homosexuels font donc croire aux femmes que les hommes n'ont plus besoin d'elles.
Dworkin évoque le programme démographique d'état qu'elle qualifie de "gynecide programmé".
Elle paele des femmes noirs et hispaniques stérilisées contre leur gré. Elle évoque des contraceptifs testé à Puerto Rico chez les femmes hispaniques.
Elle souligne que les femmes sans valeur reproductive, les pauvres, les malades, les droguées, les prostituées, les malades mentales sont enfermées. La majorité des personnes pauvres et âgées aux USA sont des femmes. Dans les hospices, 72% des patients sont des femmes.
Les noirs (hommes comme femmes) meurent plus jeunes à cause du racisme systémique qui les privent par exemple de soins. Il n'y a que 9% de non blancs chez les personnes âgées et 5% dans les hospices.
Les femmes sont surmédicalisées tout au long de leur vie, surtout avec des anti dépresseurs, barbituriques etc.
On verse peu de prestations sociales aux femmes ainsi elles restent obligées d'accepter des emplois peu qualifiés. C'est encore plus vrai pour les femmes noires ; il faut que leurs prestations sociales soient très basses pour qu'elles continuent à faire les boulots les plus difficiles.
Les aides sociales maintiennent les femmes en état de dépendance. Elles n'auront de toutes façons que des emplois mal payés et où elles seront exploitées. Elles punissent les femmes d'avoir eu des enfants hors mariage, crée une main d'œuvre disponible à bas prix et permet le contrôle reproductif des femmes qui n'ont pas à se reproduire comme les noires et les hispaniques. Selon Dworkin, les femmes n'existent que si elles sont une valeur reproductive.
Dworkin craint que le modèle du bordel (là où des femmes sont disponibles sexuellement pour les hommes) s'étende à la reproduction, qu'elle appelle "modèle de la ferme" . Elle pense que les technologies reproductive vont permettre de créer des fermes où la reproduction sera une marchandise.
Elle évoque ensuite l'anti féminisme qui se développe selon 3 axes :
- le modèle "séparés mais égaux" qui consiste à dire qu'il existe un principe de nature masculine, un principe de nature féminine qui sont si différents qu'ils entraînent une séparation sociale absolue et des choix de vie complètement différents. On déclare les hommes et les femmes égaux car chacun fait également ce qui est propre à sa classe de sexe. On promet l'égalité si chacun reste à sa place.
- le modèle de la supériorité féminine. Les femmes sont vénérées de façon abstraite, selon des modèles inatteignables comme la vierge Marie. Les femmes ont un tel pouvoir sur les hommes qu'elles les forcent à faire des choses comme les conquérir, les forcer.
- le modèle de la supériorité masculine : dieu et la biologie ont déclaré que les hommes étaient supérieurs.
Les femmes sont exploitées par le viol, la violence conjugale, l'exploitation économique, l'exploitation reproductive. Elles forment une classe subordonnée aux hommes, colonisée sexuellement; privée de droits, traitées comme une possession.
La pornographie et la prostitution condensent toutes ces exploitations. Il y a antiféminisme lorsqu'on propose de sacrifier une partie de la population féminine pour épargner les autres.
Pour les femmes de droite, le mariage est censé les protéger du viol.
En étant entretenu au foyer, elles sont censées être protégées de l'exploitation économique.
La reproduction leur accorde un peu de respect et de valeur.
Un mariage religieux les garantit contre la violence conjugale.
Bien sûr elles se trompent. Elles risquent davantage d'être violée par leur mari que par un inconnu, sans argent elles sont sous la dépendance économique de leur mari. Le foyer reste le lieu le plus dangereux pour une femme.
La postface de Frederick Gagnon parler de l'Amérique post 2008 pour voir si les choses ont changé.
85%des victimes de violence conjugale sont des femmes.
20%des femmes ont déjà subi un viol.
Le salaire hebdomadaire d'une femme est de 669 dollars contre 824 pour un homme.
Pendant les élections de 2008, il y a eu énormément de misogynie envers Clinton et Palin. L'une était bête, l'autre trop émotive. Clinton a tenté de contrer ces attaques en se comportant comme un homme. Palin a adopté l'attitude de la femme parfaite en misant sur son look, elle a été qualifiée de babe et de MILF quand Clinton était qualifiée de bitch et de cunt.
Le nombre de femmes de droite n'a pas diminué ; Palin se revendique féministe, ne veut pas voir les femmes comme des victimes mais comme des femmes capables de tout y compris de mener à terme une grossesse non désirée. Elle se définit comme la "mama grizzly", pro-carrière, pro-famille, pro-maternité et pro-vie. Elles reproduisent ce que Dworkin avait dénoncé.
L'antiféminisme est toujours très populaire aux Etats-Unis et les combats contre l'IVG, la contraception le viol sont persistants.
35 réponses sur “Résumé de : Les femmes de droite d’Andrea Dworkin”
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Merci pour ces résumés très intéressants!
C’est tout de même singulier à quel point toutes les options politiques en présence, ou presque, convergent sur la non remise en cause de la sexualité, comme d’ailleurs de l’économie qui lui ressemble comme une soeur, en tant que formes sociales, systèmes d’échanges enjoints et contraints – les naturalisant par là même comme des « données anthropologiques » ( de même que le pouvoir vu par Foucault, pour qui une mise en question fondamentale de l’ordre social menait « au goulag » - on peut lire à ce sujet Isabelle Garo). Et par conséquent sont toujours amenées à dénoncer des anomalies ou des abus, qui grèveraient un fonctionnement « humain » bon à la base et indéfiniment perfectible (de Rousseau à Preciado, quoi…). On se dit qu’une approche matérialiste des relations est encore à construire… et que l'époque, qui cherche désespérément à sauver un fonctionnement social qui éclate de ses contradictions, au point que les cauchemars d'hier deviennent les rêves ou les recours d'aujourd'hui, ne semble pas propice à ce genre d'audace.
Dans Anticlimax, Sheila Jeffreys, qui est une historienne lesbienne, considère aussi que l'injonction à la sexualité épanouie est aussi une manière de contrôler la sexualité et la vie des femmes. Elle émet même l'hypothèse qu'en voyant dans les années 50 et 60 des jeunes femmes s'émanciper économiquement, et pas pressées de se marier, le patriarcat a trouvé le meilleur moyen de leur remettre la laisse en ouvrant la possibilité des relations sexuelles hors-mariage et en jetant le discrédit sur les formes d'épanouissement qui ne se faisaient pas au service de l'ordre patriarcal (asexualité et lesbianisme). Et clairement, les exemples qu'elle va chercher dans les courriers de lectrices font plutôt état d'une répugnance acceptée que d'une libération des désirs féminins les plus profonds. Ex : "j'ai pas envie d'avaler mais mon compagnon y tient ; comment faire pour arriver à avaler ?"
http://blog.ecologie-politique.eu/post/La-r%C3%A9volution-sexuelle-au-rayon-X
Merci pour le résumé !
"Pour les femmes de droite, le mariage est censé les protéger du viol.
En étant entretenu au foyer, elles sont censées être protégées de l'exploitation économique.
La reproduction leur accorde un peu de respect et de valeur.
Un mariage religieux les garantit contre la violence conjugale.
Bien sûr elles se trompent. Elles risquent davantage d'être violée par leur mari que par un inconnu, sans argent elles sont sous la dépendance économique de leur mari. Le foyer reste le lieu le plus dangereux pour une femme."
Ça peut être vécu comme un moindre mal en comparaison du niveau de vie des femmes seules. En tout cas, c'est important que tu aies rappelé le fait que le mariage dans les années 60 n'est pas le mariage aujourd'hui, avec notamment la mise à disposition intégrale du corps de la femme aux désirs de l'homme, ce qu'on appelle aujourd'hui le viol conjugal. (Et aujourd'hui il reste encore une merde dont se débarrasser : la possibilité en couple, qui est je crois une obligation quand on est marié, de faire déclaration fiscale commune. Ça se révèle très désavantageux pour les femmes, de prétendre être la moitié d'un foyer qui gagne tant.)
Mais quel est le rapport que Dworkin pose entre les appréciations étriquées des femmes de droite et l'anti-féminisme ? Les femmes de droite sont-elles l'avant-garde de l'anti-féminisme au féminin ? Les femmes de gauche sont-elles toujours féministes et les hommes de gauche toujours sensibles à faire avancer leurs revendications (ah ah) ? Ne peut-il pas exister un féminisme de droite qui ne soit pas que du lobby féminin ? J'ai l'impression qu'on parle ici de femmes anti-féministes...
- dworkin analyse le mariage dans les 80s pas les 60.
- les femmes de droite désignent avant tout les femmes anti féministes mais qui votent aux US majoritairement conservateur.
Pardon ! C'est que j'ai un peu glosé récemment sur ce que c'est de faire une non-demande en mariage à l'époque de Brassens, alors j'étais restée scotchée sur cette époque. Nous dans les années 80 on avait encore le droit de cuissage mais déjà plus besoin de l'autorisation de monsieur pour travailler.
¨Pourquoi/en quoi la déclaration commune des impots est désavantageuse pour les femmes stp ?
Il me semble que la déclaration fiscale commune est avantageuse pour celleu qui gagne le plus (qui voit son haut revenu compensé par le revenu plus faible) et désavantageuse pour celleu qui gagne moins qui paye donc le sur-revenu de l'autre.
Comme statistiqument les femmes gagnent moins que les hommes, ce sont principalement les hommes qui sont gagnants pour la déclaration fiscale commune.
Bon maintenant s'ils ont un compte joint, ils bénéficient tous les deux d'une contribution moins importante à l'impôt.
Tout dépend de la façon dont est alimenté le compte joint, et si il y a conservation d'un compte perso ou mise en commun totale des ressources.
J'avouerais que gagnant plus que mon mari et ayant tous deux conservé noms comptes perso et ajouté un compte commun, le calcul pour répartir égalitairement la contribution au impôts, si on voulait tenir compte d'un taux d'imposition différent pour chacun serait trop compliqué. On pourrait le faire en faisant des simulations pour chaun e nos revenus séparés, mais bon la flemme. Du coup si je gagne les 2/3 des revenus, je paye un peu plus de deux tiers de notre impôt sur le revenu. En plus, vu qu'il est free lance ça change tous les ans.
Même situation ici, sauf qu'il y a longtemps que le compte est commun. Et dans ce cas l'imposition commune est profitable aux deux.
J'aurais juste voulu savoir deux-trois choses, parce que ça me chiffonne... Qui sont les femmes de droite pour Dworkin ? Parce que j'ai l'impression qu'elle parle plutôt de "femmes bourgeoises" (et même ça, ça veut pas dire grand-chose...). Alors ok, je m'y connais pas vraiment en contexte politique des États-Unis des années 80, mais généraliser sur les "femmes de droite", je trouve ça bizarre.
Autre question : d'où tire-t-elle toute son analyse ? A-t-elle fait une enquête, des entretiens, tout ça ? Sortir une analyse comme ça de sa tête sans aller sur le terrain, c'est plutôt limite...
- les femmes antiféministes
- dworkin ne pas aller sur le terrain ? elle a manqué être tuée à aller en tant que femme, juive, féministe et lesbienne dans des "débats remplis de gens hostiles.
ce genre d'analyses ne porte pas sur des faits ; aucune femme ne va aller dire "je me marie car ainsi j'ai une plus grande valeur reproductive". elle tente d'analyser les raisons inconscientes de ces femmes; la sociologie ne se réduit pas à des enquêtes de terrain.
Ok, alors j'aimerais bien lire ce bouquin parce que pour l'instant, tout ce que tu as dit dessus me titille beaucoup...
Sur le truc "les femmes de droite" = "les femmes antiféministes", je suis perplexe. Il y a des femmes qui votent à droite qui se disent féministes, des qui votent à gauche qui se revendiquent antiféministes, etc. donc en fait j'ai l'impression que la population qu'elle dit étudier est un peu l'idée qu'elle s'en fait sans être allée vérifier.
Effectivement, la sociologie ne se réduit pas à des enquêtes de terrain, je le sais bien, je suis en train de faire mon mémoire en socio. Mais à côté des bouquins et des idées qu'on a en tête, il faut AUSSI faire une enquête de terrain, d'autant plus quand on écrit quelque chose sur une population particulière à propos de laquelle aucune enquête n'a jamais été faite. Sinon, ça s'appelle un essai et pas une enquête sociologique. Aller participer à des débats avec des "gens de droite" ne permet pas vraiment de tirer des conclusions sur l'inconscient des "femmes de droite". Pour analyser des raisons inconscientes, il faut quand même aller faire des entretiens avec les personnes concernées pour lire entre les lignes de leur discours. Le fait que Dworkin manque se faire tuer dans un débat n'est pas une preuve qu'elle a raison.
De plus, dans le résumé proposé par l'éditeur/ice du bouquin, j'ai pu lire "Elles [les "femmes de droite"] font donc le pari qu’il est préférable de prendre le parti du patriarcat plutôt que de combattre ce système dont la violence est trop souvent meurtrière." (bon, ok, le résumé n'est pas forcément exact sur ce qu'il y a à l'intérieur, mais je n'ai pas accès au livre, ni le temps de le lire actuellement.) J'ai l'impression que Dworkin part du principe que tout le monde est conscient qu'il y a un système de pouvoir et d'oppression qui est le patriarcat et que donc les gens choisissent en conséquence de soutenir ce système ou non. Sauf que pour la plupart des gens, le patriarcat ne veut rien dire à part une lubie de féministes. On aura beau dire aux femmes qu'elles ont plus de risques d'être violées par leur mari que par un inconnu, elles auront toujours beaucoup plus peur d'une rue sombre que de ce mari.
Je ne doute pas que ce livre soit intéressant, c'est juste qu'il a l'air d'être basé sur les idées politiques de Dworkin plus que sur les considérations d'une population clairement définie et rigoureusement étudiée.
Si tu es étudiante en sociologie alors tu as encore plus de raisons de lire cet essai car Valérie n'a pas parlé de toute la théorie de Dworkin exprimée dans ce livre. Elle semble en gros commencer ses essais par une adecdote, pour ensuite exposer une explication théorique très générale et descendre petit à petit vers l'explication de faits (qu'elle n'a pas construit sociologiquement, clairement) particuliers, ici le comportement des femmes anti-féministes et/ou de droite de son époque. Sa théorie générale consiste à transposer le schéma marxiste d'explication de la société au rapport homme/femme en remplaçant le rapport de production par le rapport sexuel, dans lequel les hommes spolient aux femmes du plaisir sexuel et des enfants en guise de plus-value. Mais l'intérêt majeur de son essai me semble être son épistémologie matérialiste, qui explique que pour savoir il faut en avoir les moyens, le temps, et l'accès aux lieux de savoir, et que les femmes en ont été largement exclues, expliquant par-là leur adhésion aux schémas simplistes et réconfortants de la droite promettant la survie et la non agression. À noter que sa théorie de l'acteur semble être un mélange de théorie du choix rationnel et une sorte d'extension de cette théorie au niveau collectif, celui des classes homme/femme (c'est-à-dire que les hommes et les femmes agiraient de façon rationnelle en prévoyant ce qui leur arriverait au niveau de leur classe sexuelle si telle ou telle chose devait arriver, en supposant parfois des raisonnements particulièrement longs que personne dans la réalité ne fait jamais) ; pour expliquer les déviations des comportements réels par rapport aux comportements d'un agent parfaitement rationnel, Dworkin invoque l'idéologie, la terreur et le manque de connaissances, ce qui lui permet de créer hypothèses parfois un peu trop ad hoc.
pipeauland en résumé...
Faut pas exagérer, ce n'est pas parce qu'on n'a pas une démarche parfaitement scientifique que ce qu'on dit n'a absolument aucune valeur. Ce que dit Dworkin a au minimum une valeur heuristique, c'est-à-dire permettant la découverte, la génération d'hypothèses nouvelles et la critique d'autres idées en fournissant un cadre différent (la pluralité des idées a très souvent si ce n'est toujours du bon). D'autre part, ses livres cherchent aussi a avoir un effet sur la lectrice ou le lecteur, au niveau de ses émotions et de sa motivation à agir, leur but principal n'est pas de soutenir une théorie bien construite.
"ses livres cherchent aussi a avoir un effet sur la lectrice ou le lecteur, au niveau de ses émotions et de sa motivation à agir"
C'est de la propagande politique donc.
Je voudrais juste réagir à cette phrase : "pour savoir il faut en avoir les moyens, le temps, et l'accès aux lieux de savoir, et les femmes en ont été largement exclues, expliquant par-là leur adhésion aux schémas simplistes et réconfortants de la droite promettant la survie et la non agression." Donc en gros, les femmes pas éduquées sont forcément antiféministes et dès qu'elles ouvrent un bouquin, elles trouvent la Vérité ? Être éduqué·e n'empêche pas d'être bête et de jouer contre son camp (quoique le féminisme est-il leur camp si elles ne le considèrent pas comme tel ?), ne pas être éduqué·e ne veut pas dire être forcément complètement idiot·e.
Il ne s'agit pas "d'ouvrir un bouquin".
Dworkin souligne que 2/3 des analphabètes sont des femmes. Voici un article exposant les conséquences de la non alphabétisation des femmes : http://www.crepegeorgette.com/2009/03/03/b-a-ba/
Beaucoup de femmes sont maintenues dans la non conscience de classe parce qu'elles n'ont pas le temps, ni les moyens de comprendre cette classe.
On ne parle pas, ici je le répète d'ouvrir un bouquin mais quand on a une triple journée on n'a plus le temps et l’énergie de réfléchir.
C'est au passage ce que souligne un ouvrier dans Attention danger travail de Carle, quand on a été soumis la journée durant à une travail épuisant et harassant, il est dur le soir d'encore réfléchir.
Cela ne signifie pas que les ouvriers sont bêtes ou les femmes sont bêtes ; bien evidemment que non mais que réfléchir est aussi un luxe et un temps que beaucoup de gens n'ont pas.
Il en est de même pour toutes les classes dominées qui sont maintenues dans une ignorance sciemment parce qu'on ne leur donne par exemple pas le temps d'analyser ce qu'elles vivent.
Dans l'anatomie politique, Mathieu parle d'une ethnie- je n'ai plus le nom en tête - où les femmes n'ont pas le droit d'utiliser tous les mots du langage ; elles doivent donc user de périphrases compliquées pour parler. Mathieu montre que toute leur attention est captée par ce difficile exercice et ne peut plus l'être pour autre chose.
Quand une femme par exemple a deux boulots précaires aux deux extrémités de Paris , du ménage par exemple ; très tôt le matin et tard le soir avec en plus en journée son logement à gérer, les conditions sont réunies pour qu'elle ne puisse pas prendre conscience de ce qu'elle vit car son épuisement sera tel qu'elle sera dans un mode de survie.
S'éduquer a un sens très large chez Dworkin ; cela n'implique pas, donc, uniquement le fait d'ouvrir un bouquin.
J'avoue que personnellement le simple fait de savoir que les 2/3 des analphabètes sont des femmes me met dans une fureur homérique.
C'est le moment de sortir un savoir sur les privilèges masculins : "pour savoir il faut en avoir les moyens, le temps, et l'accès aux lieux de savoir" est un exercice auquel les hommes ont le droit de se consacrer ! Lire la gazette, regarder la télé, faire taire les femmes parce que c'est le moment du journal, s'informer au zinc du comptoir et exercer sa capacité à asséner un argument... Bref "savoir prendre la parole en public". Bien des ouvriers (par exemple des syndicalistes de base) ou d'autres ayant peu étudié se révèlent de bons orateurs devant un public d'hommes mais aussi mixte (les femmes seront moins à l'aise devant des hommes... qui s'autorisent à les juger, les prendre de haut). Ce statut avantageux de pouvoir socialement exercer un rôle de "moi je sais" en public me parait autant important dans la domination que la scolarisation ou l'analphabétisme. Ou l'un s'ajoute à l'autre.
L'entretien n'est pas un passage obligé de la sociologie, et encore moins la seule manière d'accéder "au terrain". L'analyse de discours, de productions écrites, d'images, etc. en sont d'autres - et c'est notamment sur ça que s'appuie Dworkin.
Son travail n'a pas vocation a être scientifique, il est avant tout politique, et cela ne rend pas sa démarche ou son argumentation moins légitimes. Pour plus de "rigueur scientifique", une confrontation de ses thèses avec le réel serait nécessaire - et de nombreuses études l'ont fait. Dworkin cherche à mettre à jour les ressorts des représentations des "femmes de droite" et pour cela elle interprète des "faits stylisés" connus : une démarche qu'on retrouve par exemple dans... La Distinction de Bourdieu. Critiquable au niveau méthodo, mais néanmoins puissant, non ?
Alors bon, je passe mon tour pour Bourdieu, je l'avoue, j'en ai trop bouffé en cours donc je l'ai jamais lu dans le texte (à part La Domination masculine mais je m'en serais bien passée, et d'ailleurs là aussi très très critiquable - et critiquée - niveau méthodo)...
Ce qui m'embête à propos de Dworkin, ce n'est pas que ce soit politique et non sociologique (quoique les deux ne me semblent pas inconciliables), mais qu'elle fasse croire à une analyse sociologique en parlant des "femmes de droite". Ce qui m'embête, c'est cette catégorie, créée j'ai l'impression de toute pièce uniquement pour servir sa thèse. Car qui sont les femmes de droite ? On me répond "les femmes antiféministes", mais toutes les femmes de droite ne sont pas antiféministes, et il y a une différence entre ne pas être féministe et être antiféministe (ne serait-ce que parce que certaines femmes n'ont jamais entendu parler de féminisme). Et que faire des "femmes de gauche" antiféministes dans ce cas ?
Après, tu me dis qu'elle s'appuie sur l'analyse de discours, de productions écrites, d'images, sauf qu'il faut se demander qui produit ces discours avant d'en faire une généralité sur les "femmes de droite" : en gros, est-ce que je peux analyser les discours de Sarah Palin pour montrer qui sont les "femmes de droite" ? Non, ça ne marche pas comme ça, parce que Sarah Palin est quelqu'un de particulier dans l'échiquier politique américain et je ne peux absolument pas définir qui sont les femmes qui votent pour elle en analysant son discours.
Autre chose, le titre original est Right-wing women: The Politics of Domesticated Females. Je trouve ce titre absolument horrible ! En gros, dès le titre, tout est dit : les "femmes de droite" sont forcément des femmes "domestiquées". Ça fait rêver. Donc il n'y a pour Dworkin qu'une façon d'être libre et tous les autres choix sont mauvais ?
> Le travail ne rend pas les femmes autonomes puisqu'elles sont en général mal et peu payées
Le fait d'être mal payé n'est pas dû à son sexe, mais à des compétences peu recherchées sur le marché du travail.
Je connais une femme avec un très bon CV qui travaille dans la finance pour plus de 8.000€ par mois.
Le problème n'est donc pas le sexe, mais le fait que les femmes, même dans les pays riches où les études supérieures leur sont accessibles, se limitent à quelques rares secteurs et typiquement des emplois qui paient mal.
En son temps, Véronique Neiertz avait d'ailleurs organisé une campagne pour pousser les filles à élargir leur choix d'études.
je connais un noir président des USA ; les autres ont du faire de mauvais choix de carrière.
> Le fait d'être mal payé n'est pas dû à son sexe, mais à des compétences peu recherchées sur le marché du travail.
Même poste, mêmes compétences, une femme sera moins bien payée. (Et plus on augmente en compétences / niveau de responsabilité, plus l'écart se creuse.)
Tu connais une femme qui touche 8000 euros par mois, grand bien lui fasse ; ses collègues masculins au même niveau touchent probablement plus encore.
Il faut croire que ce qui est moins recherché sur le marché du travail, ce sont les chromosomes XX.
Merci pour le résumé. Je réagis en tant qu'homme.
Remarque 1/ Ne peut-on pas dire que la femme étasunienne a une culture particulière et un statut particulier (notamment du fait du racisme) ? je me souviens, dans La fureur de vivre, des rôles de parents de l'acteur James Dean ; et je pense au livre de Chester Himes sur le sujet (LA fin d'un primitif -- sauf erreur) : la femme blanche dominée est proche du noir -- et pour se libérer du mâle blanc coucher avec un noir est une libération, mais alors c'est le noir -- le primitif -- qui est exploité, non libéré ni 'homme viril' ; il finit par s'enfuir, car il est près de tuer la femme. Donc : L'analyse de la femme "faisant le choix du compromis bourgeois conservateur" ne vaut qu'en partie pour notre société européenne, non ?
Remarque 2/ Dworkin me semble voir tout en négatif, le verre à moitié vide. La révolution sexuelle date des années 60 d'abord, avec la pilule et plus tard l'IVG. Et bien des femmes se sont libérées, même s'il est vrai qu'une pression sociale (h/f) a frappée les autres (aujourd'hui encore, les magasines féminins ne donnent-ils pas ce type de conseils ?) Oui, cela n'a aucunement responsabilisé les hommes : soudain les naissances étaient une faute de la femme uniquement. Mais le féminisme est des années 70, avec le slogan : "mon ventre c'est chez moi -- baas op mijn eigen buik" en Belgique, et avec un mouvement de prise de conscience, de solidarité, de sororité, qui a fait un groupe pionnier mais reconnu et capable de lutter. Pour l'égalité et pour l'autonomie. Pour l'IVG sans doute, mais c'était pour la légalisation et la sécurisation de l'IVG, sortant de la clandestinité ! Pas pour son introduction ! Et les hommes ont été solidaires, pas uniquement pour jouir de l'IVG à leur profit. Dans l'ensemble, il y a un peu une vision 'complotiste' qui fait l'économie de l'histoire. Non ? Nous avons manifesté ce début 2014 pour dire : " pas touche à l'IVG légalisée", et comme hommes aussi. C'était un piège, fallait pas y aller ?
Ensuite : "les mouvements de gauche vont alors se détourner des droits des femmes et de l'IVG puisqu'il ne s'agit plus de seulement pouvoir baiser des femmes." En fait historiquement, les femmes ont dû s'imposer dans les mouvements sociaux qui les niaient et les négligeaient. Pensez aux grandes grèves des femmes (Herstal-Liège et Charleroi 1966), qui ont refusé les accords proposés par les syndicats (dirigés par des négociateurs hommes) et imposé le slogan "Travail égal salaire égal" à l'agenda (mais... il y est toujours au futur...malgré des progrès). Cette lutte syndicale (qui a connu aussi une solidarité faible des collègues hommes et une solidarité forte des ouvrières de la région) s'est reproduite pour les militantes dans les partis, puis pour les femmes politiques (européennes 'bourgeoises' d'ailleurs). Et ce combat continue avec la parité, le matronyme à l'enfant, etc.
Ce "ils vont alors se détourner du droit des femmes" me parait an-historique et complotiste. Ainsi la femme ne peut être que conservatrice/perdante ou progressiste/manipulée. Et violée en privé ou violée dans l'espace public...
La seule conclusion, la seule révolution parait alors pour les femmes de refuser l'hétérosexualité, comme un esclavage indépassable. Là, j"ai difficile à suivre (j'ai beaucoup à perdre en tant qu'homme il est vrai ; mais aussi comme espèce humaine et comme société).
Est-ce bien le but ? Cela me parait une position théorique, rationnelle et pas une position de lutte. "La question se pose de savoir si les gains du mouvement féministe ne peuvent être saisis par les hommes et utilisé contre les femmes" : c'est l'idée que le système dominant peut toujours faire de la récupération. Mais c'est donc une position de défaite aussi. (On peut aussi faire le pari que le système va entrer en crise un jour... et s'y préparer par une alternative !)
Bon, j'ai fait un retour caricatural pour questionner l'objectif. Je sais que je laisse de côté bien des éléments ainsi.
La vision de Dworkin est super noire, en effet, c'est l'auteure d'Intercourse et de textes qui prennent bien aux tripes avec la violence qu'ils décrivent. Comme Jeffreys, elle pose un refus politique de l'institution hétérosexualité, dans laquelle on n'a pas encore vu les dominants perdre beaucoup de privilèges, puisque chaque changement semble renforcer la domination. RTT ? C'est bien, tu as plus de temps pour amener les gosses chez le dentiste. Et tout comme ça, on ne peut pas ne pas se demander, quand on a vu ce que Dworkin et Jeffreys ont vu, lu, étudié, si c'est une coïncidence ou si ces réformes n'ont pas été acceptées/proposées justement parce qu'elles contribuaient à asseoir le statu quo. Il faut que tout change pour que rien ne change, quand les femmes en ont marre...
Le texte de Delphy, que LMSI ressort des cartons aujourd'hui http://lmsi.net/Le-travail-menager-son-partage, est à ce titre accablant : le problème semble résider dans la cohabitation intime de personnes qui ont des intérêts de classe aussi fortement divergents. Après, rien n'oblige à mettre dans le même paquet rapports sexuels, rapports amoureux, cohabitation et élevage commun des enfants, mais pour l'instant ça va un peu dans le même lot, si tu ne veux pas élever un enfant seule tu dois te fader des machines de chaussettes pointure 43. C'est un souci... Ici http://blog.ecologie-politique.eu/post/Les-Sentiments-du-prince-Charles un super bouquin qui pose la question de l'hétérosexualité en termes politiques ET sensibles, autour de moi c'est devenu un classique, qui met des mots sur ce que beaucoup ressentent comme oppression dans le couple.
Je pense que le terme "femmes de droites" n'est pas forcément adéquat. La différence entre républicains et démocrates aux US est assez différentes de la découpe droite/gauche française.
Je sais que A.Dworkin n'a pas toujours vécu aux USA et qu'elle a vécu en Grèce et aux Pays-Bas (entre autres ?), mais vu qu'elle a passé la majeure partie de sa vie aux USA, est-ce que son livre s'adresse à un public américain, avec ses références et ses marqueurs culturels, ou européen ?
(au vu du titre original de l'ouvrage, et la postface parlant des USA post 2008, est-ce qu'on peut supposer que l'ouvrage est écrit principalement pour un public US ?)
PS : mes quelques commentaires sur ces dernières semaines ont pas été très positif, mais je tiens à dire que j'aime beaucoup ce blog.
pour moi oui cela s'adresse tout de même à un public US.
on va dire que "femmes de droite" serait peut-être mieux dit avec "femme réactionnaire", "femmes épousant des valeurs antiféministes" ?
le titre US est"Right-wing women : The Politics of Domesticated Females".
Honnêtement je sais pas. Ca dépend de où Dworkin met le curseur droite/gauche. Si pour elle la droite se limite aux Républicains, c'est simple il suffit de dire femmes Républicaines. C'est ce que semble sous-entendre wikipedia. Ensuite vu sa proximité avec des mouvements anarchistes (toujours selon wikipedia), possible qu'elle range également les Démocrates dans les "right-wing women". Je connais à peu près pas du tout les écrits ou la pensée de A.Dworkin, donc je n'ai aucune idée de la crédibilité de wikipedia sur le sujet.
Pour la déclaration commune des impôts, je pense que c'est le système qui est à revoir parce qu'en effet, quand la declaration commune conduit à l'arrêt du travail de l'un de ses membres c'est un problème. Mais dans la réalité d'aujourd'hui avec le pacs et le mariage des couples homosexuels sont soumis aux mêmes avantages et inconvénients. Je dois faire partie des rares couples ou je gagne plus que mon conjoint, nous avons d'ailleurs choisi de prioriser ma carrière. Si les "réductions fiscales" liées au fait de vivre en couple sont abolies alors nous perdrons beaucoup de notre niveau de vie.
Le soucis n'est donc selon moi, pas tant la déclaration commune mais le calcul du montant de l'impôt qui fait que parfois 2 salaires deviennent moins rentables qu'um seul.
Le soucis existe également au niveau des allocations familiales diverses et variées. Une mère célibataire avait un mi-temps et décide de prendre un second mi-temps pour aider davantage sa fille étudiante. Bilan : changement de catégorie donc plus d'impôts à payer, moins d'aide, perte de la bourse d'étude et de la cmu avec obligation de payer une mutuelle. Conclusion : retour à un mi-temps.
Le soucis c'est d'avoir un système d'imposition et d'aides non flexibles qui conduisent des tas de femmes à subir un mi-temps ou à ne pas travailler, la déclaration commune n'est pas le fond du problème à mon sens.
Donc si je comprends bien pour Dworkin, les femmes de droite dans le fond partagent ses idées mais comme elles pensent que le patriarcat est tellement puissant elles préfèrent s’y soumettre pour être bien vues des hommes.
Il faut à mon avis préciser plusieurs points :
- La plupart des gens qui travaillent ne font pas de carrières ils essayent juste de survivre.
Les hommes sont plus nombreux à avoir des accidents du travail que les femmes (2 fois plus).
95% des morts au travail sont des hommes.
L’écart était encore plus élevé par le passé.
Si l’on vivait dans une société où le féminisme a aboutit il y aurait une égalité parfaite entre les accidents du travail et les morts au travail chez les hommes et les femmes.
Donc sur ce point de vue les femmes de droite peuvent penser qu’elles n’ont pas intérêt au féminisme car elles seraient plus nombreuses à avoir des accidents du travail (ce qui arrive déjà).
-Les femmes qui s’occupent plus de leurs enfants sont en général mieux aimées par ceux-ci que le père si l’on vit dans une société 100% égalitaire elles perdront forcément une partie de ce lien.
De même prenons l’exemple d’une femme qui fait carrière avec un mari qui reste à la maison :
Ses enfants passeront leur temps à lui dire qu’elle est toujours absente mais qu’heureusement le père est là.
-Sur le soi disant rôle reproducteur des femmes : ne serait-ce pas plutôt les hommes qui se limitent à des reproducteurs : par exemple aujourd’hui avec la PMA : le rôle de l’homme se limite à un don de sperme. La GPA elle est beaucoup plus rejetée par l’opinion car il exploite le corps de la femme ce que la PMA ne fait pas pour l’homme.
-Pour finir quand on voit le film Titanic : avec les femmes et les enfants d’abord :
l’on voit que la vie d’une femme a plus d’importance que celle d’un homme : l’homme doit mourir pour la femme. Peut-être que certaines femmes de droite pensent que les femmes n’étaient pas considérées comme inférieures si leur vie vaut plus.
C'est certain que ces multiples avantages, mis en balance avec la violence conjugale, le viol, les inégalités salariales, la pauvreté et la dépendance économique, l'appropriation, la médicalisation et la sexualisation de leur corps, l'exploitation économique au sein du couple, l'exclusion des sphères de pouvoir et d'expression publique, etc….
Je vais y repenser à deux fois, pas toi ?
PS : Je ne vais répondre sérieusement qu'à ton argument le plus absurde : "les femmes et les enfants d'abord" est une invention, propagée notamment après le naufrage du titanic, dont la plupart des survivants sont des femmes. C'est une exception, pour la grande majorité des naufrages, les hommes ont bien plus de chance de survivre que les femmes - et je ne te parle pas des enfants.
J'entends dans le titre "Les femmes conservatrices", celles qui ne veulent pas changer leur place dans la société. Pas spécialement anti-féministes, ne pouvant pas spécialement argumenter mais faisant le choix 'pas de cela pour moi', pas d'autonomie, pas de liberté. Au début du (second) féminisme, il y a eu une position courante de ce type, appuyée bien sur par les hommes : les féministes disent des choses intéressantes, mais où vont-elles ne pas aller trop loin ? Ne changeons pas l'ordre des choses. Et cela dans toutes les classes (femme "bourgeoise" ne serait donc pas exact)
DE là j'entends les femmes "domestiquées" comme "acceptant le collier" (fable du chien sans collier).
Au total, je crois que c'est aller trop loin de penser "femmes républicaines ou démocrates", Sarah Palin (inimaginable à cette époque), etc.