J'inaugure une nouvelle rubrique sur le blog qui ne sera pas spécialement féministe ; j'espère pourtant qu'elle vous intéressa. Elle concernera assez banalement mes lectures du moment.
Il y a peu, j'ai demandé à mes ami-es facebook de m'indiquer leurs livres préférés ; c'est au final un sacré challenge ! Lorsque je ne connaissais pas le livre qui m'avait été conseillé, je m'imaginais ce qu'il pouvait être en fonction de ce que je savais de la personne. Cela donne parfois un résultat surprenant.
Un rêve américain de Norman Mailer : Chaque année lorsque je vais chez ma mère, je vais au même vide-grenier où un homme vend ses livres. Cette année, j'y ai acheté ce bouquin-là me disant que c'était l'occasion ou jamais d'enfin lire Norman Mailer.
Le résumé : Un homme tue sa femme après une énième dispute et tente de faire passer le crime pour un suicide.
Mais que voilà un pitch original lorsqu'on sait en plus que la femme est décrite comme une garce de première qui martyrisait son mari ! Vous vous imaginez combien j'ai pu aimer ce livre :).
Qui plus est, j'imagine qu'il devait être très irrévérencieux et politiquement incorrect d'écrire ce genre de phrase en 1965 pour décrire une femme qui jouit (après qu'il vienne de la violer) "je pouvais sentir des eaux basses et stagnantes, autour d'un tronc d'arbre mort dans un étang la nuit". et "les femmes ayant découvert la puissance du sexe ne sont jamais loin du suicide".
Bref si vous aimez les longues descriptions misogynes, les tourments d'un assassin, ce livre est fait pour vous.
Les Femmes de Stepford de Ira Levin : Joanna, son mari et leurs enfants emménagent dans une nouvelle ville où toutes les femmes sont de parfaites ménagères uniquement préoccupées de leur intérieur pendant que leur mari s'occupe dans un étrange "club des hommes". Joanna s'y fait des amies jusqu'au jour où celles-ci commencent à changer.
Peut-être avez-vous vu le film avec Nicole Kidman ; étrangement (ou pas) la fin est complètement différente dans le livre.
Ce livre a été écrit en 1975 et Ira Levin a sans aucun doute très bien symbolisé les peurs masculines au moment où les mouvements pour les droits des femmes étaient extrêmement forts. Et il a encore mieux montré combien les hommes sont parfois prêts à tout pour ne pas renoncer à leurs privilèges.
Mon chien Stupide de John Fante : C'est un livre qui m'a été conseillé par quelqu'un dont c'est le livre préféré.
Un chien stupide et obsédé débarque un jour dans la vie d' Henry J. Molise, un auteur raté qui va voir dans ce chien l'occasion de pimenter un peu sa morne vie.
Un ovni. Je dois avouer que j'ai été un peu surprise des descriptions plutôt très explicites du pénis du chien Stupide qui passe sa vie à chercher un orifice où entrer qu'il soit humain, canin, porcin mâle ou femelle. c'est un livre à la fois immensément drôle où le comportement du chien sert en quelque sorte de revanche pour l'humain et, dans sa seconde partie, d'un roman beaucoup plus intimiste où l'on voit toute la tristesse du personnage qui voit ses enfants partir.
Une saison de machettes de Jean Hatzfeld : Dans Dans Le nu de la vie, l'auteur, grand reporter interrogeait des rescapé-es du génocide rwandais. Il donne la parole dans ce livre à 12 assassins hutus, en attente de leur procès.
Nous pourrions être ces hommes et nous pourrions avoir considérer que tuer était comme aller aux champs, que massacrer le voisin n'a rien d'extraordinaire, que tuer était comme un travail. "Couper" comme ils disent ; je ne sais s'ils emploient ce mot qui est le même que celui employé pour les travaux de coupe dans les champs pour atténuer les actes qu'ils ont commis ou si le kinyarwanda - comme le français - manquait de mots pour définir les actes qu'ils ont commis.
Ces douze assassins n'ont pas beaucoup d'états d'âme, ils espèrent rapidement sortir de prison, vivre à côté des rescapé-es sans réellement envisager comme cela va se passer ni se questionner sur le pardon qui pourrait leur être accordé. En fin de livre, ils posent pour une photo comme une bande de copains qu'ils n'ont jamais cessé d'être. Hatzeld offre des pistes pour comprendre le génocide même s'il reste toujours face à ce genre d'actes, une part d'inconnu ce que certain-s appelleraient "le moment où dieu a détourné les yeux".
Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon : Ce livre m'a encore une fois été conseillé comme "livre préféré" ; ce n'est sans doute pas un livre que j'aurais pensé à acheter, je serais sans doute passée à côté d'un chouette roman .
Christopher, un jeune adolescent qui souffre, probablement, d'une forme d'autisme découvre que le chien de sa voisine a été assassiné ; il va donc mener l'enquête.
Je ne saurais dire si ce livre traite correctement de l'autisme ; en revanche il décrypte à merveille toutes les bizarreries humaines ; le fait de parler par expressions et métaphores, le fait de souvent mentir, l'idée que les relations humaines sont faites pour part de dissimulations. C'est un livre très tendre sur les difficultés d'un jeune adolescent à comprendre le monde qui l'entoure, monde qui ne fait pas grand effort pour être compris.
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