En 1943, il a 18 ans et est étudiant à Lyon.
Il a été arrêté le 16 février 1944 pour "activités anti allemandes" et est emprisonné à Montluc où il fut torturé. Il y resta deux mois jusqu'au 05 avril.
Il fut ensuite transféré dans le camp de transit Compiègne-Royallieu.
Voici le mot qu'il écrit à sa famille le 06 avril 1944 et qu'il parvint à lui faire passer.
"Cher tous, je pars de Compiègne pour l'Allemagne. Je vous envoie ce mot du train. je suis en excellente santé, moral excellent. Ne vous faites pas du mauvais sang. Bon courage. A bientôt."
Il écrivit sur un autre papier ; le mot Melk qui désignait l'extension du camp de Mauthausen où il fut emmené. Il fut déporté dans deux camps différents ; d'abord à Melk (du 08 avril 1944 au 24 avril 1944) puis à Ebensee. Il partit par le convoi du 06 avril 1944.
Voici une photo prise un mois après la libération du camp, libération qui eut lieu le 06 mai 1945. Il fut rapatrié au Lutetia le 24 mai 1945.
Ce qui frappe dans les visages des déportés c'est que tous ont le même. Tous ont cette infinie maigreur qui les rapproche, nous rapproche du cadavre que nous serons tous.
C'est je crois ce qu'il est important de voir et de comprendre face à la déportation ; la déshumanisation infinie dont il a été question.
Il pesait 33 kilos à la libération. Il est considéré comme grand invalide. Un extrait du Jo de 1962, qui lui remet la croix de guerre le déclare grand invalide.
En 1976, le ministère des anciens combattants et victimes de guerre renouvelle le fait qu'il est libéré de toutes obligations militaires pour son statut de grand mutilé.
Un article de journal fait part d'une "spectaculaire évasion" puis sa reprise. On n'en saura pas plus.
A Mauthausen, il a d'abord travaillé comme mineur dans les fameuses carrières. Trop faible, il devait être gazé mais un ami déporté fit valoir qu'il était tout comme lui électricien. Les nazis étaient des pragmatiques et avaient besoin d'une telle ressource.
Sur les 198 000 déportés des différents camps de Mauthausen, 80 000 revinrent. Le nombre des Français survivants rapatriables en 1945 s’élevant à 4.063, le nombre des décédés et disparus s’établit donc à 4.778.
Une photo en 1950.
6 réponses sur “Talon d’achille”
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Je ne sais pas trop quoi dire. Que ce monde peut être pris par une folie bien cruelle ? Qu'il existe des gens qui ont la tête d'un cadavre mais qui sont plus vivant que n'importe qui. Que tout ceci me serre le coeur...
Merci. (ce qui me surprend en revanche c'est qu'ayant été arrêté en tant que résistant il n'ait pas été exécuté rapidement, c'était la procédure courante avec ceux qu'on considérait comme des combattants "irréguliers", donc résistants/maquisards/insurgés et autres ne faisant pas partie d'une armée officielle)
je pense que ca devait varier selon les régiments ; dans le Vercors ils ont fait un peu des deux apparemment.
A Vassieux ils ont en effet executé pas mal de gens.
[...] souligner que l’infinie saloperie qu’a été Brasillach ne concerne plus personne. Ou si peu. La récente sortie de Guéant sur le FN (national ET socialiste) m’a d’ailleurs [...]
[...] mes sentiments, surtout sur un blog. Le billet personnel, sur un sujet personnel, finit par donner ceci. Et encore dites vous que j’ai mis dix ans à arriver à pondre ce satané billet et que je [...]
[...] père était né en 1925. je vous en ai déjà parlé, il a été déporté en 1944 à Mauthausen. Je pense, sans certitude, qu'il en est sorti brisé. Pour précision, je ne suis pas en train de [...]