Jeudi sur Twitter a été initié le hashtag #jenaipasportéplainte par le collectif Pas de justice pas de paix. Il s'agissait pour celles et ceux qui le souhaitaient de dire pourquoi, alors qu'ils avaient été agressés ou violés, ils n'avaient pas porté plainte.
Seulement 10% des femmes portent plainte pour viol. Des hommes.. on ne sait pas, sans doute un pourcentage encore plus infime.
Alors il s'agissait de dire pourquoi. Vous trouverez sur le site les multiples raisons - et qui au fond sont toutes si semblables - qui font qu'on ne porte pas plainte.
J'ai lu ça et là que l'initiative était ridicule. Lorsqu'a été lancée la lutte contre le Mademoiselle, certains et certaines n'avaient pas de mot assez fort pour nous expliquer qu'il y avait d'autres combats : le viol donc. Lorsque, quelques mois plus tard, j'ai rappelé la slut walk qui concernait justement le viol, il y avait beaucoup moins de personnes à ouvrir leur grande gueule de connard pour relayer ce combat. Et la semaine dernière pour ce hashtag ? Personne. Nos valeureux spécialistes du féminisme qui avaient tant de choses à dire pour le Mademoiselle, qui se fendent d'une connerie le 8 mars, n'en ont strictement rien eu à taper.
Et donc pourquoi twitter pour cette initiative ? Parce qu'on peut y témoigner de manière anonyme. parce que le système de hashtag permet de s'y retrouver facilement. Parce que le mouvement est internationalisé.
Certains et certaines témoignaient du courage qu'il fallait pour oser en parler. Le mot me pose problème ; problème car il sous-entend que celles et ceux qui ne l'ont pas fait en manquent. Problème parce qu'il ne devrait y avoir aucun problème à parler d'un viol. Si demain on me casse la gueule dans la rue, je n'aurais aucun problème à en parler. Si on me viole... ca sera différent.
Quand vous dites que vous avez été violée, vous êtes votre viol. Vous n'êtes plus autre chose. Si vous êtes féministe... malheur ; ca explique votre délire (et votre haine des hommes). On vous sortira un magnifique "je comprends mieux tes réactions". Ne pas dire son viol est encore un putain de processus de survie pour éviter d'être marquée comme La violée. Qui a sa vie foutue. Et si sa vie n'est pas foutue c'est drôlement inquiétant (elle a peut-être aimé ça ? Ou elle ment ? Elle exagère peut-être ?). Il y a des discours souvent totalement schizophréniques à l'égard des femmes et en matière de viol, c'est très révélateur. Il faut à la fois s'en remettre et ne jamais s'en remettre.
Un homme violé sera soupçonné - pensez-donc c'est un homme il n'a qu'à se défendre - d'avoir aimé ca, donc d'être un pd (j'emploie le mot à dessein car celles et ceux qui on ce genre de pensée parlent de pd, jamais d'homosexuels). Comment un homme pourrait-il porter plainte ? Comment pourrait-il dire qu'il a été pénétré de force ? J'ai vu très peu d'hommes parler en utilisant le hashtag et je le comprends et le déplore. Mais il y a un risque véritable clair à dire qu'on a été violé. le Manifeste le dit "la honte doit changer de camp" ; pour l'instant la honte est très installée dans le camp de celles et ceux qui ont été violés.
Mais revenons en donc à ce hashtag. Très vite donc il a été trollé. Tous les hashtags "sérieux" ne sont pas trollés, précisons le.
Ici cela a été très caractéristique. Des gens tentent de dire pourquoi ils n'ont pas porté plainte - donc disent qu'ils ont été violés - et on leur coupe la parole. On en rigole et surtout on dédramatise en reprenant le hashtag pour dénoncer tout et rien.
Certains ont prétendu qu'il y avait, parmi ces gens qui témoignaient, beaucoup de menteuses, qui cherchaient à attirer l'attention. Qu'on m'explique en quoi le fait de dire qu'on a été violée fait de vous une personne soudainement intéressante ?
Et on se demande encore pourquoi on ne porte pas plainte ?
Les initiatrices de la pétition ont du passer par des subterfuges - je vous épargne les explications twitteresques - pour arriver à ce que la parole continue encore à s'exprimer sans être trollée. La messe était dire ; encore une fois les personnes violées se taisaient.
On dormait en paix.
C'est au fond peut-être ca qui m'énerve le plus. Quand on parle du langage, on nous renvoie au viol. Et quand on parle du viol, soudainement ca n'a aucun intérêt ou c'est un sujet de moquerie. En fait posons clairement les choses.
Disons simplement qu'il y a beaucoup de viols - vraiment beaucoup - dans le monde et qu'on s'en contrebalance. Que cela n'est pas un sujet. Que cela n'intéresse personne. Que même s'il y a tant de viols que cela devient difficile de les ignorer, d'en faire des cas individuels, on va juste se dire que ce sont des accidents, des anecdotes.
En vrai personne n'a envie de connaître le nombre de viols.
29 réponses sur “Nous n’avons pas porté plainte”
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Cet article est tellement vrai et il résume tellement de choses.
Le propos sur les hommes également. J'ai lu sur madmoizelle que cette campagne ne s'adressaient qu'aux femmes, alors que justement des hommes ont participé au hashtag. C'est juste que statistiquement, ce les malheureusement les femmes les plus victimes de cette violence.
(souvent les gens disent "oui et les hommes ?", confondant la parité, qui voudrait que nous soyons égaux dans les lieux de pouvoir, de gouvernance, ce genre de choses, avec des faits sur le moment : on ne demande pas la parité en crime, donc si on dit que les femmes sont + victimes de viols, les gens s'imaginent que parce qu'on veux la parité, on devrait aussi dire qu'il y a autant d'hommes que de femmes victimes de*. Mais bref, tout ça pour dire : oui il y a aussi des hommes victimes de viols, et à mon sens par d'autres hommes pour les renvoyer dans le droit chemin de l'hétéronormativité)
Et puis, un passage que je retiens aussi "Et si sa vie n’est pas foutue c’est drôlement inquiétant." : Despentes parlait de ça, on a pas le droit de s'en sortir, de relever la tête. Notre vie devrait être foutu.
"Si vous êtes féministe… malheur " : ça, c'est une raison qui me donne encore moins envie de porter plainte tout les jours. Car plus je "découvre" le féminisme, plus j'en apprends, plus je militte à ma manière, plus je me dis que je n'aurais pas le droit de me plaindre si une quelconque agression m'arrivait puisqu'on me dirait ça. Sick Sad World.
Ce qui m'a choqué parmi ceux qui répondaient sur twitter, ce sont des commentaires très violents de deux filles, une qui disait un truc du genre "une personne a dit la première fois, la deuxième fois, la troisième fois... Elle le cherche ou quoi?" et une autre qui insultait carrément les personnes qui parlaient de leur viol en disant en substance que c'était de leur faute si des fous courraient les rues, parce qu'elles (elle utilisait le féminin dans son message) n'avaient pas porté plainte.
C'est atroce de se dire que tant de personnes ont pris leur courage à deux mains pour raconter en quelques mots leur histoire, et qu'on leur répond ça.
mais en revanche, parmi tous les messages un peu moqueurs, ou qui parlaient d'autres choses, je crois qu'on peut distinguer des nuances:
1° Il y a ceux et celles qui n'avaient pas compris pourquoi ce tag existait, et qui postaient d'autres histoires où il n'avaient pas porté plainte, avant de lire les témoignages
2°Il y a ceux et celles qui se sentent mal à l'aise face au viol, et qui ont tentés de détourner le sujet.
3°Il y a ceux et celles qui se sentaient visiblement carrément agressés (plutôt masculins, du coup) par cette déferlante de témoignages et qui du coup postaient des messages volontairement sexistes et agressifs.
Bref, j'ai trouvé ça super violent, du coup je tire particulièrement mon chapeau aux derniers témoignages, ça devaient un peu donner l'impression de déballer son histoire au milieu d'une huée.
[...] http://www.crepegeorgette.com/2012/03/26/nous-navons-pas-porte-plainte/ [...]
[...] http://www.crepegeorgette.com/2012/03/26/nous-navons-pas-porte-plainte/ [...]
Je vous rejoins totalement sur la contradiction mademoiselle/viol
Certains ont relayé la campagne twitter, mais largement pas autant que la campagne sur le Mademoiselle. Faut croire que c'est plus difficile de se moquer d'une campagne contre le viol...
Le Monde a tout de même relayé la campagne malgré un petit "on ne peut s'assurer de la véracité des témoignages".
Et y a également cette plaie d'être féministe et victime. "ah oui, si t'es féministe, c'est parce que t'es pas normale -comprendre ici victime donc hystérique"
Bref, hormis les trolls, cette campagne a tout de même profité aux nombreuses victimes qui ont pu témoigner, certaines pour la première fois ; alors chapeau !
Yep. Très vrai.
Cela dit pour les femmes qui dénigrent le "mademoiselle" pour ensuite dire "mouais le viol mpffff lol ptdr", à la base il n'y a aucune contradiction chez elles je trouve. Elles sont globalement complètement réfractaire à un quelconque discours féministe qu'elles assimilent connement/volontairement à un truc de frustrée / enragée / passionaria etc. Tout ceci est parfaitement logique pour moi. Je ne fais donc aucun distingo entre hommes anti féministes et femmes anti féministes. Les unes ne sont pas plus condamnables que les uns et inversement.
Après d'un point de vue quasi "pro", je dirais qu'avec un tel hashtag, tous les rebonds (bons ou mauvais) étaient totalement prévisibles, qu'il était difficile de comprendre en moins de 2sec qu'il s'agissait de viol, que le choix du média twitter n'était probablement pas le plus adéquat quand on connait bien les 2 points précédents. Twitter est il réellement adapté pour partager des choses intimes de sa vie? Sincèrement, je suis désolée hein, mais je ne crois pas du tout. C'ets le médi de l'instantané, du mème, du sarcasme, du troll et de la punchline. Enfin, AMHA quoi...
Cela n'est pas une critique de la campagne en elle même, je précise, que je trouve plus que pertinente, sur son fond comme sur sa forme. J'émets juste un doute sur le choix de twitter tel qu'il a été choisi là. C'est tout hein 🙂
Twitter est il réellement adapté pour partager des choses intimes de sa vie? -->
je pense qu'il est le mieux amené pour mener une action de masse sur le web.
disons que je ne pense pas qu'il y avait un autre réseau social qui permettrai cela.
je suis quelquefois fatiguée...fatiguée de tout ce qui reste à faire, du travail immense à entreprendre pour seulement amorcer un début de commencement de changement....
" Une fois de plus, sa crainte et sa fureur se retournent déjà contre elle-même, c’est elle-même qu’elle hait. Pourquoi ? Quelle faute a-t-elle commise ? Hélas ! plût au ciel qu’elle en eût commis, en effet ! Quel remords vaudrait la honte qui la ronge et à laquelle sa pauvre logique ne saurait trouver aucune raison intelligible, car c’est la honte aveugle de sa chair et de son sang. Tout en marchant, elle crispe les deux mains sur la poitrine blessée, la déchire sournoisement à petits coups rageurs, comme pour tuer. (Georges Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette, 1937 )
suzanne ; tu es bien gentille mais depuis que tu m'as accusée de soutenir les actes terroristes commis à charlie hebdo tu es plus qu'incitée à ne plus jamais foutre les pieds ici.
J'ai dit ça, moi ? Soutenir les actes terroristes commis à Charlie Hebdo ? Sans raison, alors que tu les condamnais certainement ?
Je ne crois pas, non. Tu ne trouves pas ça dommage de réduire le champ de ses interlocuteurs, rester dans un entre-nous de plus en plus élagué ?
Aubergiste est maître dans sa demeure... Laisse ce dernier commentaire, je ne reviendrai plus (sauf si je ne me rappelle plus que je ne dois pas revenir -:) je ne regrette pas les discussions que j'ai eues avec toi, Thaliane et d'autres...
"Charlie-Hebdo l'a bien cherché.
C'est ce qui ressort de la lecture des blogs ou comptes twitters de blogueurs tels Les Entrailles de Mlle S, CSP, Crêpe Georgette, et"
http://merle-moqueur.blogspot.fr/2011/11/charlie-hebdo-est-dextreme-droite.html
ce qui est non seulement mensonger mais insultant.
merci, au revoir.
"Mais revenons en donc à ce hashtag. Très vite donc il a été trollé. Tous les hashtags « sérieux » ne sont pas trollés, précisons le.
Ici cela a été très caractéristique. Des gens tentent de dire pourquoi ils n’ont pas porté plainte – donc disent qu’ils ont été violés – et on leur coupe la parole. On en rigole et surtout on dédramatise en reprenant le hashtag pour dénoncer tout et rien."
Je pense que ça découle de deux phénomènes:
- le tabou de la sexualité des femmes => ça met mal à l'aise, donc ça provoque un rire nerveux. Sur twitter, ça se traduit par des blagues idiotes de trolls.
- la peur de beaucoup d'hommes d'être accusés injustement de viol. Cette peur est à ce point tenace qu'ils ne veulent en aucun cas améliorer la poursuite des auteurs de viol. D'où, dénis de la réalité du viol, notamment en usant d'humour et de hors-sujets.
Pour avancer sur la question du viol, il faut trouver une réponse à cette peur de beaucoup d'hommes.
En tant que (jeune) homme, je pense que le viol est un tabou pour celles qui en sont victimes, et un argument imparable, prisé des jeunes femmes, parfois mythomanes, parfois juste manipulatrices, cherchant à s'attirer votre compassion.
Parmi mes connaissances féminines, six d'entre elles prétendent avoir été violées, mais il est surprenant de voir comme cinq d'entre elles s'en accommodent parfaitement au quotidien. (J'ai personnellement accompagné la sixième au commissariat, et je peux vous dire que les séquelles psychologiques sont dramatiques.)
[Sautez ce paragraphe si vous n'êtes pas intéressé par ma vie]
Parmi ces cinq "victimes", ma toute première petite amie qui, au cours de sa parade amoureuse qui a précédé notre relation, m'a annoncé sans aucune timidité que son ex l'avait violée. Au début, j'y ai cru. Jusqu'à ce jour, deux mois plus tard, où elle l'a invité chez elle à une soirée poker... J'ai été surpris de voir que celui qu'elle désignait comme son violeur quelques jours plus tôt était un homme élégant, respectueux, et très bien élevé (je sais ce que vous vous dites). Une fois la fête finie, j'ai donc interrogé ma chère et tendre sur la raison de la présence de cet individu, et son éventuel comportement schizophrène au moment des faits. Sauf que la réponse qui m'a été donnée n'était pas du tout celle que j'attendais: finalement, ce n'était pas lui qui l'avait violée, mais un autre, un ancien ami, un ou deux ans plus tôt, dans d'autres circonstances... Finalement, vu que la cohérence de son histoire s'effritait au fur et à mesure du récit. J'ai décidé d'en parler à sa génitrice, qui m'a annoncé que ce genre d'invention mythomane était courant chez sa fille et que cette dernière consultait un psychiatre toutes les deux semaines, et prenait un traitement pour réguler son humeur.
Quelqu'un peut-il m'éclairer un peu plus sur ce sujet?
Suis-je le seul à ne plus croire spontanément une fille qui me prétend qu'elle a été violée?
Cela fait-il de moi un monstre?
Selon des statistiques assez floues, 10% des femmes qui se font violer portent plainte. Mais quelle proportion des femmes qui prétendent s'être faites violer l'ont réellement été?
Et si tu es une fille, t'est-tu déjà inventé un viol (ou une agression sexuelle)?
Dans quel but?
En bonus, un dessin: http://i.imgur.com/1IXXK.png
Ta question est éventuellement légitime... si tu es praticien psychologue. Ta question traite de cas un peu pathologiques... marginaux, qui n'ont pas grand chose à voir, en tout cas directement, avec le viol comme "phénomène" social.
On te parle de quelques milliers de femmes agressées et qui ne portent pas plainte, et tu viens nous parler du cas de 3 mythos... Tes 3 mythos décrédibiliseraient les milliers d'autres ?
Parmi celles qui ont porté plainte, il n'y a pas été trouvé plus de fausses accusations que pour les autres crimes ou délits. Je ne sais pas si ça te suffit, ou même si tu as besoins de preuves, Gentlekid.
Mais je crois que cette histoire est assez vieille, on a plus tendance à ne pas croire une accusation de viol ou d'inceste que le reste.
Un exemple assez glauque: je connais un type dont la demie sœur a accusé leur père commun de viol. Je crois qu'elle n'a pas porté plainte, en tous cas le père court toujours. Quelques années plus tard, alors que je lui reparlais de cette histoire, il m'a dit ne plus savoir s'il devait croire sa demie sœur, vu qu'elle "faisait le trottoir"!
En résumé, si tu veux être une femme violée crédible:
-Ne sort jamais la nuit
-Ne porte jamais de jupe
-Ne fais pas de métier à caractère sexuel
-Ne reviens jamais sur ton histoire, ne te trompe pas, aies une mémoire d'éléphant sur les moindres détails
-N'ai plus jamais aucun contact avec ton violeur, même si celui-ci est ton patron, ton père ou ton copain
-Soit toujours triste, même quand tu penses à autre chose
Gentlekid, il ne faut pas tirer des règles à partir de 3 cas individuels de mythomanie ou de manipulation maladive.
Je connais une mythomane qui prétendait qu'on lui avait volé sa bague. Faut-il arrêter d'enregistrer les plaintes pour vol, et jeter l’opprobre sur les gens qui veulent porter plainte pour vol, parce qu'il y a quelques mythomanes ?
Il y a d'autres mythomanes qui prétendent avoir été battus et maltraités par leurs parents durant leur enfance. Faut-il arrêter de poursuivre les parents qui maltraitent leurs enfants ?
C'est malheureux pour toi d'être tombé sur une mythomane. C'est d'ailleurs très probable qu'elle t'ait menti non seulement sur la question du viol, mais sur un tas d'autres choses. Mais ce n'est pas une raison pour en déduire que toutes les personnes qui hésitent à porter plainte sont des mythomanes. La réalité n'est malheureusement pas celle-là.
Sur le courage de porter plainte ou non, je trouve qu'il y a un cas de figure que l'on envisage jamais, c'est celui du pardon. Je pense qu'on peut garder une blessure profonde d'un viol et vouloir s'en arranger soi-même sans avoir à passer par la justice. On est pas sur-e que la justice nous respecte plus, et respecte plus le violeur.
C'est un cas de figure où on peut dire : "elle-il ne fait pas confiance à la justice", mais je crois aussi que simplement la victime peut se dire que c'est une affaire entre elle et le/la violeur/se, et que la justice en ferait une autre histoire.
gentlekid "mais il est surprenant de voir comme cinq d’entre elles s’en accommodent parfaitement au quotidien."
explique nous. qu'attends tu exactement d'une personne violée ? du chagrin ? ok. jusqu'à quand. de quelle intensité ? peut on s'en remettre ? peut on s'en "accommoder" ?
qu'on fournisse un manuel des traumas que DOIT éprouver une personne violée ; les autres vous serez des menteurs.
Veggie poulette, tu as oublié "Souviens toi de tout dans les moindres détails mais n'aies pas exactement la même version que ton violeur (s'il reconnait les faits), ce serait louche". Vécu par une amie, non-lieu ...
Je n'étais pas au courant de l'existence d'une telle campagne (merci pour l'info), mais comme un(e) autre des intervenants l'a fait remarqué, twitter, comme média pour un sujet aussi sensible, ça me parait assez inadapté, de part la brièveté des messages, qui favorisent fortement lesréactions à l'emporte pièce.
Concernant l'intervention de Gentlekid et des 5 s'en accomodant, heureusement, toutes les femmes violéesne restent pas catatoniques à vie. Sinon, ce ne serait pas particulièrement beau à voir, dans les rues. Cela dit, le fait qu'elles s'en accomodent, comme tu dis, n'exclue pas forcément qu'elles en souffrent ou qu'elles aient souffert. perso, j'ai toujours tendance à me méfier des gens qui ont subi un traumatisme et qui vont "super bien". Aller "super bien", ça peut aussi être une manière de ne pas monrer qu'on souffre.
Malheureusement on ne peux pas nier que des plaintes mensongères existent, mais c'est encore plus difficile d'obtenir des chiffres que sur le viol en lui même.
Je traine pas sur twitter mais ailleurs systématiquement quand je parle du viol il y'en a pour essayer de noyer le poisson avec toujours les mêmes arguments :
-"Nan mais déjà le viol déjà ca touche pas que les femmes !"
-"Si on les pendait par les couilles y'en aurait pas autant"
-"Nan mais c'est juste des ados perturbées qui essaient d'attirer l'attention"
-"Tu dois confondre avec les chiffres des pays musulmans"
-"Nan mais c'est comme la voisine du collègue à mon beau-frère qu'a juste porté plainte pour avoir la garde des gosses..."
Et je dois en oublier quelques uns dans le même esprit, en tout cas le déni de réalité est flagrant
(ne pas s'énerver contre gentlekid, ne pas s'énerver...)
Le chiffre que tu donnes : 5 personnes dans ton entourage proche (qui l'aient dit, en réalité sûrement plus) me paraît malheureusement crédible. Je suis sur un forum privé et nous y sommes 40 femmes. De 25 à 45 ans. Tous horizons. Mères. Pleins de boulot ou mères au foyer. Des nanas "normales". Pas spécialement féministes à part 2 (dont moi). Assez representatives je crois. Sur ces 40, 8 ont été violées ou abusées sexuellement. 8 sur 40. En tout cas qui l'aient dit dans ce lieu très intime. 8 sur 40. 20%. Ça calme hein ? Ah et j'oubliais : pas une n'a porté plainte.
Autant j'avais moi même été plus que sceptique sur la campagne sur Mademoiselle, autant je trouve que cette initiative - que j'ignorais - est tout à fait louable (même si, comme l'a souligné un autre commentaire, il était risqué de passer par twitter, où tout peut vite dégénérer).
Je la trouve d'autant plus intéressante que je suis concernée, j'ai subis une sorte d'agression sexuelle et je n'ai pas porté plainte parce que c'était juridiquement impossible : il s'agissait d'un jeu entre très jeunes enfants qui a mal tourné. Je ne peux décemment pas en tenir rigueur à l'adulte d'aujourd'hui, même si j'ai très envie de lui arracher les yeux.
Pour Gentlekid, bon même si de toute évidence tu es tombé au moins sur une mythomane, les autres ont peut-être juste réussi à surmonter leur traumatisme. Je sais qu'en ce moment, je commence à en parler à des amis, y compris masculin, en dédramatisant, justement parce que ça me fait avancer dans la vie.
Donc ne juge pas toute les filles qui disent avoir été violées, juste parce que tu es tombé sur une allumée. La plupart sont certainement honnêtes.
Juste un truc, pour Gentlekid et les quelques autres, heureusement rares sur ce blog, qui utilisent cette tournure de phrase...
On pourrait arrêter de dire "se faire violer" ? On ne "se fait" pas violer, on "est" violé(e).
"Se faire", c'est actif : on "se fait" couper les cheveux, on "se fait" arracher une dent, on "se fait" tatouer. On y va en connaissance de cause, et même si c'est désagréable on fait exprès d'y aller.
On "est" violé(e), tabassé(e), tué(e), c'est subi contre toute volonté et c'est entièrement différent.
Oui, l'expression est problématique, et peut être employée à dessein ou en raison de présupposés puants.
Mais j'avoue qu'en dépit de la "justesse linguistique" de cette remarque, elle me met toujours mal à l'aise... Spontanément, j'emploie des tournures conjuguant "se faire voler ses affaires", "se faire agresser", "se faire tuer", "se faire torturer", et donc, parfois, "se faire violer", sans supposer pour autant une participation des victimes. Simplement, j'ai du mal à changer cette habitude parce qu'employer des formes passives à l'oral ne m'est pas du tout naturel.
Bref, cette tournure peut refléter une volonté et/ou des présupposés dégueulasses, mais aussi un registre de langue, "s'être fait" étant une tournure beaucoup moins soutenue que "avoir été".
Restent d'autres expressions (je pense aux tournures conjuguant "subir", notamment), même si elles ne sont pas idéales non plus.
On est d'accord.
Pardonnez mon manque de connaissances en psychologie, (et mon absence totale de réactivité).
Ma question ne concernait pas les fausses plaintes juridiques pour viol, mais ces (post) adolescentes un peu paumées qui répandent la rumeur de leur viol pour glaner de la compassion. Je ne suis pas dans le déni du viol en général, je cherche juste à saisir l'intérêt qu'ont certaines "attentionwhores" à s'inventer ce genre d'expérience; et à en mesurer la proportion.
Il y a une petite semaine, une jeune fille fréquentant la discothèque où je travaille, après quelques échanges par SMS, m'a envoyé ceci (on en était à parler de nos exs):
"Ben tu sais moi j'ai pas eu beaucoup de chance 🙁 des alcolos des violents des violeurs :s"
Pourquoi cette fille me confie ce genre de choses au bout de deux mois d'échanges sporadiques? Sur le coup, j'était tellement choqué que je ne lui ai pas demandé si elle avait porté plainte.
ce qui est intéressants c'est de voir qu'on peut librement parler d'une agression type cambriolage, vol divers et varié ou juste tabassage en règle, mais dès lors qu'on parle de violences sexuelles, là ça choque, ça dérange et on trouve ça trop personnel.
ça n'a rien de personnel/intime : c'est de la violence, pas du sexe.