Aujourd'hui je voudrais interroger la place des hommes dans le mouvement féministe. Ce texte peut déjà servir de préambule à la réflexion. L'idée m'est venue d'un homme sur twitter qui m'a interrogé sur cette place ; j'avoue bien volontiers que c'est le premier à m'avoir demandé cela. En 15 ans de féminisme je n'ai aucun souvenir qu'un homme ne m'ait jamais demandé "où je peux me situer ?". Je ne le cite pas il se manifestera s'il le souhaite.
Le féminisme a connu différentes phases et la dernière a consisté à étudier la place de chacun dans la société. C'est en gros le genre c'est à dire le sexe social, la façon dont on fabrique des hommes et des femmes à partir d'êtres nés avec des organes génitaux différents.
Ces réflexions ont évidemment mené à l'interrogation du rôle masculin et le fait que les hommes subissent également du sexisme.
Sauf que. Tout en subissant du sexisme, tout en étant confinée dans un rôle parfois désagréable à tenir la classe sociale "homme" détient des privilèges sociaux, économiques, culturels.
En tant qu'homme vous avez des privilèges, vous n'y pouvez rien c'est ainsi. Vous êtes peut-être davantage payé que votre collègue qui a les mêmes compétences et diplômes que vous. Si vous faites de la politique, on vous mettra au poste clé, la femme sera suppléante ; vous êtes en effet si naturellement compétent.
Vous avez donc, en tant que membre d'une classe dominante, une place particulière et peut-être qu'elle vous emmerde cette place mais c'est déjà un luxe que d'être emmerdé.
Et vous êtes féministe. Vous voulez aider donc à améliorer la situation des femmes et peut-être même la vôtre.
Vous avez été socialisé en tant qu'homme. Conditionnements sociaux, oblige, il y a toutes les chances que vous preniez davantage la parole, et une femme, moins. Il y a des grandes chances donc, si vous êtes médiatisé qu'on vous invite pour parler de la situation des femmes. Il y a de grands risques que vous finissiez par être le seul interlocuteur légitime sur le féminisme (Bourdieu y est bien arrivé) et nous vous écouterons, béates. J'ai vu ca dans toutes les assocs féministes.
On peut constater qu'à l'heure actuelle le seul interlocuteur valable pour parle des questions de genre et de race est un homme blanc, Eric Fassin. Le problème n'est pas qu'il soit compétent ; j'en suis même tout à fait fan. Le problème est qu'on se retrouve à le trouver sur tous les plateaux télés, au milieu d'autres hommes blancs et tous parlent, qui des femmes, qui des non blancs.
Comprenez nous, un homme qui débarque et veut aider, alors qu'on est plutôt habituée à se faire envoyer chier, ca réveille notre féminitude. Alors on materne. On dorlote. On applaudit même lorsqu'il dit des phrases aussi essentielles que "l'inégalité c'est mal".
Alors qu'est ce que je peux dire aux hommes féministes ? Evidemment que je suis contente que vous soyez là. Mais non vous ne vivez pas ce que vivent les femmes. Non vous n'êtes pas opprimées comme elles.
Ne venez pas m'expliquer que la drague c'est cool si je ne le pense pas.
Ne venez pas m'expliquer une hiérarchisation des combats à mener.
Ne me libérez pas, je m'en charge.
Et si vraiment vous avez quelque chose à faire et envie de faire quelque chose, voici quelques idées :
- la pilule pour homme
- augmentation du congé paternité
- étude et analyse du nombre de suicides chez les hommes
Bref je ne parle pas à votre place et vous laisse vous débrouiller.
Voici un texte de Leo Thiers-Vidal sur la place des hommes dans le féminisme.
70 réponses sur “« Si seulement il y avait plus d’hommes comme lui parmi les femmes »”
Désolé, les commentaire sont désactivés pour l'instant.
Article provoc mais qui confond surtout l'individu et la stat comme le fait le féminisme lorsqu'il ne s'appuie pas aussi sur la revendication sociale...il existe des hommes pauvres, des femmes riches, des femmes disposant d'un capital culturel et d'opportunité et des hommes pas. Hommes et femmes ne sont pas des catégories sociales ni toujours des différenciés en matiérisme de libertés. Même si il y a plus de femmes mal payées et précaires...
D'un autre coté on peut être féministe et se foutre de ce qu'en pensent les femmes.
@ Romain Blachier : je n'ai pas bien compris ton commentaire. Il me semble que du point de vue statistique comme individuel (mecanismes psychologiques), on peut trouver des exemples d'inégalités de sexe. L'article ne parle pas des femmes comme une classe sociale ? Et qu'est-ce que le "matiérisme des libertés" ?
Un exemple d'hommes qui ont bien compris comment se positionner utilement dans les débats sur l'égalité femmes hommes : les membres de l'association Mercredi C'est Papa : http://mercredi-c-papa.tumblr.com, qui réfléchit aux stéréotypes sexués d'un point de vue masculin et à l'equilibre vie professionnelle/vie familiale pour les hommes.
Bonne question !
Je suis un mâle blanc hétéro ingénieur, c'est dire si je fais partie des dominants. Ça donne le ton. Donc n'hésitez pas à me balancer du Napalm si j'écris une connerie, lâchez vous, je suis en plein apprentissage. Je vous livre donc mon avis, qui vaut ce qu'il vaut, c'est à dire rien, comme tout avis, mais j'adore écrire.
Mais est-il vraiment besoin de définir une place ? Vouloir trouver une place à chacun, n'est-ce pas superflu ?
En quoi sommes-nous en présence ? D'une lutte, d'un combat, d'une certaines frange de la population contre une autre. Ce combat, regroupé sous la bannière générique de "féminisme" prend plusieurs formes, mais il reste une suite de batailles.
Basiquement, nous avons donc les opprimées d'un côté, des femmes, et les oppresseurs de l'autre, des hommes, qui utilisent un système social, le patriarcat, pour maintenir leur oppression et conserver leurs privilèges. Et puis il y a des oppresseurs qui aident les opprimés et les opprimés qui aident les oppresseurs. Quel scoop.
Est-il besoin de définir une place pour chacunE de celleux qui rejoignent le combat ? Je ne pense pas, mais il y a des places où ces personnes feraient tâches. Enfin sauf pour les femmes qui, logiquement, ont leur place partout, du coup.
Ce combat, c'est celui des opprimés. Les hommes ne font pas partie des opprimés dans cette lutte précise. Ils n'ont donc pas à décider des orientations de cette lutte, c'est à dire qu'ils n'ont pas à décider des moyens mis en oeuvre par les organisations de femmes pour lutter.
Mais comment aider, donc, dans une lutte que nous savons juste mais dont nous sommes de facto exclu des principales "décisions stratégiques" ? N'est-ce pas, d'ailleurs, faire preuve de violence et d'oppression envers les hommes ? Les détracteurs des mouvements féministes divers apprécient ce type de questions.
Cette lutte appartient aux femmes. Et, symboliquement, il ne faut pas qu'un homme participe de manière visible, déclarée, affichée à la tête de ce combat. Car "le patriarcat" est impitoyable, et se servira du moindre élément pour se maintenir, de la moindre faiblesse, de la moindre faille, surtout symbolique.
Alors oui, frustration. Frustration d'avoir l'impression de ne pas pouvoir agir "efficacement", de ne pas pouvoir "mener la lutte". Et pourtant...
Pourtant il en reste des places. Dans le rang. Dans les "alliés". Dans le détournement des privilèges "innés" au profit du féminisme.
Un DRH féministe, pour qui le sexe n'entre pas en ligne de compte dans le choix d'unE candidatE à une embauche est une victoire. Elle ne peut être élevée au rang de symbole, elle ne peut être utilisée "dans la lumière", mais c'est un accomplissement de la lutte féministe.
Un employé qui se bat contre les remarques sexistes et qui réussit à faire passer ce message pour une personne, c'est une victoire de la lutte féministe.
Un citoyen qui vote en ayant pris en compte la partie "féminisme" d'un programme, c'est une victoire de la lutte féministe.
Ça n'empêche pas de discuter avec les décisionnaires, de débattre, de confronter les idées, les points de vue, les expériences et les retours de terrain. On est en démocratie, nous sommes tous citoyens, il ne faut pas perdre cela de vue.
La place de l'homme dans cette lutte ? Homme du rang, dans l'ombre, jusqu'à ce que les femmes brillent autant que les hommes jusque dans la moelle des institutions. Quand on est construit pour recevoir la Gloire, c'est pas simple, mais si la lutte féministe était simple, ça serait déjà terminé.
Si j'ai dit une connerie, je vous prête mon lance-flammes si vous voulez. :p
(alors par contre, niveau vocabulaire, etc. j'suis pas au point alors il y a très certainement des "erreurs", des termes qui ne vont pas, qu'il faut remplacer par d'autres et tout, j'essaye de faire au mieux mais c'est un peu neuf pour moi tout ça)
allons romain, certes, il existe des hommes et pauvres et de femmes riches... mais, et tu l'avoues toi-même dans ta dernière phrase: à classe égale, les femmes sont toujours plus décriées que les hommes... personne n'a jamais surnommé l'inénarrable dassault "papi zinzin" (et pourtant)... j'attends toujours qu'une femme politique traite devedjian de "couille molle", quant lui n'hésite pas à distribuer du "salope", tous micros ouverts... quant aux camarades prolétaires (de tous les pays, caressez-vous !), la sociologie nous démontre que la précarité est toujours bien plus pénibles pour les femmes (surreprésentation d'icelles dans le travail à temps partiel, les familles monoparentales, etc...)
il n'est pas si provoc que cela, cet article...
sinon, je ne souhaite aider absolument personne, pas même moi, chère valérie... ce n'est certes pas très glorieux, mais ainsi, je n'emmerde point mes contemporains...
Ok, alors au risque d'être caricatural, si on prend en compte l'approche intersectionnelle, les femmes "blanches" et "bourgeoises" ne doivent plus parler au nom des opprimées "racialisées" des "classes populaires", car leurs expériences sont différentes, sachant qu'en plus les unes participent à la domination des autres (non ?).
kilian : oui.
Pour faire original, moi aussi je suis un mâle, blanc, hétéro et ingénieur.
Mais ce que je tiens à vous dire, c'est juste merci.
Merci d'expliquer qu'on a beau être un gars sympa, ouvert, et tout acquis au féminisme, on est juste incapable de comprendre ce que vous vivez, en tant que femmes.
Et, personnellement, je ne vais pas vous demander où je dois me situer dans le féminisme. Je ne vais pas non plus vous faire un beau discours sur ce qu'il faudrait ou faire ou ne pas faire. Libérez-vous vous-même, c'est le plus grand bien que je puisse vous souhaiter. Et si un jour vous avez besoin d'un coup de main, pensez qu'il y a tout un tas de mecs prêts à aider.
L'esclavage a été aboli par des blancs, classe dominante, pas par les noirs qui la subissaient. C'est pour ça que la cause féministe est tellement en retard, vous avez une fierté mal placée et des combats ridicules. Oui en tant qu'homme je hierarchise: vos combats sont symboliques, mais concretement les femmes gagnent moins, sont plus precaires, sont victimes d'agressions sexuelles... Ah si, maintenant on ne dit plus mademoiselle: belle victoire!
enonciation ; une petite question. vu que les hommes ont le pouvoir rien ne vous empêche malgré "notre fierté mal placée" de nous libérer, non ?
Même si je suis assez d'accord sur le fond, pour ce qui est du mansplaining en particulier je trouve tout aussi insupportable qu'une femme prétende parler au nom de toutes en hiérarchisant les problèmes et en déclarant que tel truc n'est pas important, est supportable, et que tel autre non, autant qu'un homme. Parce qu'une femme ne sait pas ce que vivent toutes les femmes, quasi au même titre qu'un homme.
Après le fait que même en tant que féministe il fait meilleur être un homme (jamais entendu un homme féministe se faire traiter d'hystérique ou de misandre, ça fait intellectuel plutôt) est un autre souci, et un vrai souci.
La place des hommes féministes dans les mouvements féministes ?
Alors est ce qu'on est des portes paroles des femmes ? Bah non ... Les articles que tu link sont intéressants mais dans ton post j'ai l'impression que c'est encore la thématique du splaining qui revient ...
(en meme temps tu as raison vu comment ça a déchainé les commentaires alors que tu avais une position simple et sensée ...)
Sauf que là tu prends le risque de faire du "splaning" inversé ! Ce tweet a essayé de te mettre dans cette situation peut être.
C'est rigolo quelque part car les féministes hommes ont un vécu qui n'est pas celui des femmes, et des souffrances que tu ne connaitras pas.
Ça n'est pas aux femmes féministes de parler à la place des hommes féministes. Notre place nous la choisissons un peu, nous la subissons aussi.
Comme vous, mais pas comme vous 🙂
Euh, merci pour votre (courte) réponse, du coup je vais essayer d'être plus clair. En fait, ce qui m'interroge dans votre argumentation, c'est que le féminisme - si on suppose que ça doit d'abord être mené par femmes - est déjà en lui-même une réunion d'intérêts très conflictuels. En suivant vos idées jusqu'au bout, on dirait qu'il faudrait diviser le féminisme en plusieurs mouvements afin d'être sûr que les unes ne parlent pas à la place des autres (ça serait un fort affaiblissement). Je ne vois pas en quoi, si on donnait une place aux hommes, le féminisme aurait plus de chance d'"exploser" qu'actuellement. Je suis d'accord sur le fait que plein d'hommes qui se disent "féministes" sortent un nombre non négligeable de conneries. Mais je trouve ça dommage qu'on ne voit que cela, comme si il n'y avait absolument rien à y gagner, comme si tous les hommes féministes étaient des délinquants en puissance, et aussi on omet le fait que des femmes qui se disent "féministes" sont elles aussi parfois très sexistes.
Je parle de toi et de celles que tu dis representer pour la fierté mal placée. je suis persuadé que les femmes qui subissent réellement des violences et des humiliations sont prêtes à accepter l'aide de n'importe qui, même d'un homme. Après, je ne dis pas que tous les hommes sont pour l'égalité avec les femmes, bien au contraire, mais rejeter le peu qui veulent aider, c'est idiot. Tu es la Malcom X du féminisme.je prefere largement Luther King.
Valérie > Tu vois pourquoi j'arrete pas de dire que je suis pas féministe 🙂 ?
Par contre j'ai l'impression d'être le seul mec qui ne soit pas ingénieur !
Bon sinon que dire ? que plutôt que de lister là ou ne se comprend pas (a cet effet la conclusion de Jesaipluuu est brillante et pertinente ^^) on devrait insister sur les points où on se retrouve ? Comme le but c'est l'égalité on finira bien par se retrouver à tous se comprendre non ? 🙂 (c'est mon instant "we are the world", promis ça reviendra plus avant longtemps ^^)
kilian ; en fait non on ne se divise pas. si on fait un mouvement trop généraliste on oublie les spécificités des unes et des autres. Dans les années 70 il y a eu de grandes scissions dans le mouvement féministe. Les lesbiennes avaient été de toutes les luttes - y compris celle sur la contraception qui ne les concernait pas forcément - et lorsqu'il s'est agi de leurs propres luttes, les hétéros n'ont pas été là.
sur la slutwalk certains groupes féministes noirs ont souligné que leur historique avec le mot "slut" ne leur permettait pas de participer à la lutte. il est donc utile de segmenter.
enonciation ; si tout ce que tu as compris est "je rejete les hommes" je ne peux rien pour toi.
Je comprend bien qu'il peut-être parfois utile de segmenter, par contre je ne vois pas en quoi ça doit être une position de principe ou quelque chose qui va de soi. Je ne prétend pas que tu rejette les hommes, mais je souligne que ta prise de position n'insiste que sur les aspects négatifs qu'il y a à "inclure" des hommes dans le féminisme. Et bien sûr qu'en tant qu'homme je suis conditionné, de même que les femmes, mais les deux peuvent tjs un minimum "échapper" à cela, sinon il n'y aurait pas de féminisme...Je dirai aussi que si des femmes ou DES hommes qui posent problème dans un mouvement féministe, faut se donner les moyens de les virer si ils n'ont rien à y faire.
kilian ; tu peux lire la réponse de Fred qui répond je crois à tes questions.
enonciation> Ayant subit des violences conjugales et vivant dans un milieu essentiellement masculin, je confirme, les hommes qui m'ont aidée après que j'ai viré mon ex ont été précieux. Mais "aider" ça n'est pas "prendre les décisions à ma place" ni "parler à ma place".
Pendant cette période de convalescence, il y a eu des moments où je n'avais pas la force de parler ou de me battre, je me suis appuyée sur d'autres, hommes ou femmes pour le faire à ma place. Des fois c'était parfait, des fois pas du tout, et dès que j'ai eu les idées assez claires et l'énergie pour me débrouiller toute seule je l'ai fait.
Le danger quand tu laisses des gens se battre à ta place, c'est à un moment de te retrouver à te battre contre eux, qu'ils pensent savoir mieux que toi ce qu'il te faut.
L'une des choses que l'ont doit "apprendre" quand on est "dominées" c'est aussi à parler pour nous-même, revendiquer un espace de parole. L'une des choses à apprendre quand on est dominant, c'est écouter et pour cela laisser parler les autres, et ça non plus ça n'est pas facile. D'où les termes de paternalisme et de mansplaining, utilisés quand les dominants, tout investis dans la lutte, oublient de s'oublier et reproduisent la domination.
Il s'agit juste pour les hommes conscients et solidaires de la lutte féministe de mener leur propre lutte efficacement, c'est-à-dire là où ils sont directement concernés : dans leur rapport personnel avec les femmes, qu'il soit privé ou sociétal, donc politique dans les deux cas. Ils seront les meilleurs pédagogues pour les autres hommes, et c'est ce qui aidera le plus le combat féministe dans son ensemble. Mais surtout pas de dire aux femmes comment elles doivent mener le leur, parce qu'une émancipation n'est réellement efficace que quand elle est élaborée par les membres du groupe dominé, quel qu'il soit.
Etant femme, on a de meilleures chances de se remettre d'une psychose qu'un homme.
Vous allez dire "ça s'appelle être emmerdé par les privilèges".
Je vous déteste.
Kiiqelik ; je ne comprends pas ton commentaire. On ne se remet pas d'une psychose par ailleurs.
Bon, moi aussi je suis un homme, blanc, cadre (mais pas ingénieur) donc dominant.
J'aime bien Christine Delphy mais là je trouve qu'elle confond "les hommes féministes" avec "les mandarins journalistes ou universitaires féministes", alors je ne m'y reconnais pas du tout.
Je me suis rapproché du féminisme via ma situation personnelle (j'ai subi des violences conjugales) en parallèle avec mon travail. Je travaille dans une ONG, je finance et valorise le travail d'organisations féministes en Amérique Latine, et en interne, je suis devenu par la force des choses une "référence" en terme de genre et de droits des femmes. Je dis "par la force des choses", car je suis un des seuls à m'y intéresser, à vouloir faire des animations, à me déplacer pour des conférences, etc. Mes collègues femmes supposément féministes n'ont pas plus envie que ca. J'y peux rien, c'est comme ça. Quand je fais des animations, ce sont des collègues femmes (les animateurs sont en majorité des animatrices) qui me demandent, et me disent toujours que c'est très appréciable que ce soit un homme qui en parle, notamment sur la déconstruction des identités genrées. Ca évite aussi les réactions du type "féministes hystériques", etc.
Après je ne nie pas que je dois me surveiller sans cesse... Mon éducation a certainement transmis des stéréotypes de genre, mais dans mon cas, le fait de me mettre en avant est plus lié à une timidité ancienne et dépassée. Timidité peut être due en partie au fait d'avoir été éduqué par un environnement fortement féminin, et de caractère... mais je digresse.
Après, au-delà des grands principes, j'en reviens toujours à la pédagogie et la stratégie... Vaut il mieux des hommes féministes alliés qui se surveillent mais qui ne sont pas irréprochables, que pas d'hommes du tout... Les femmes "aliénées" ont toujours toutes les excuses, les hommes jamais. Il me semble pourtant qu'un des apports de l'approche genre était justement de mettre l'accent sur le conditionnement masculin aussi. Il y a un peu de naïveté à croire qu'il suffit 1/ d'une prise de conscience et 2/ de quelques années pour être "irréprochables". Je le dis souvent, notre génération paie le prix... et c'est cher.
xenomorf : de fait en tant que membres d'une classe dominante, vous avez moins "d'excuses" oui. Pour le reste, tu te retrouves dans la position de Fassin qui fait autorité alors qu'il y a des dizaines de femmes aussi compétentes.
Faute des femmes oui, surement. elles se mettent en retrait, elles n'osent pas. Que faire ? Ne pas dire que " J’y peux rien, c’est comme ça" parce que ca n'est pas comme ca c'est du conditionnement de part et d'autre. donc c'est à votre groupe de vous organiser, de réfléchir et de se dire "mais pourquoi est ce un homme blanc qui discute des problématiques et pas nous ?"
On sait très bien que si on met des hommes et des femmes dans une salle, les femmes vont se taire et les hommes parler. ca vient des deux côtés. et comme on est face à une classe qui a la parole, qui a le pouvoir et l'autre qui ne l'a pas c'est à la classe priviligiée de dire "je me tais".
Alors dans ton cas concret je comprends bien que cela soit difficile. Mieux vaut que tu te taises et que plus personne ne parle des cas que tu évoques ? Non évidemment. C'est une situation à laquelle je n'ai pas de solution car à force de conditionnements - et aussi ne nous leurrons pas que le fait que la parole des dominants soit plus écoutable - les dominées n'ont jamais la parole.
" Il me semble pourtant qu’un des apports de l’approche genre était justement de mettre l’accent sur le conditionnement masculin aussi"
oui sauf que les hommes ne le font pas. ils veulent bien s'occuper des problématiques des femmes mais jamais de leur propre sort. les groupes masculinistes ne sont pas du tout des groupes de reflexion sur le genre par exemple.
ps ; je ne porte aucun jugement sur toi et ne t'accuse pas de machisme ou quoi que ce soit que cela soit clair.
ps 2 ; à l'occasion et si cela n'est pas confidentiel maile moi pour m'expliquer exactement ton boulot 🙂
Ben j'avais l'impression que vous disiez, étant homme, qu'on le veuille ou non, on est détenteur de privilèges.
Donc, je répondais, dans le cas de la psychose, être une femme est un avantage, un privilège presque: on se remet mieux d'une psychose, c'est-à-dire qu'on a plus souvent un travail, une vie sociale et affective un peu fournie ou cohérente, on se suicide moins, on est moins interné et d'ailleurs en fait plus du tout.
C'est ça que j'appelle se remettre d'une psychose, et ça arrive.
Après, je sais pas, la dernière fois vous parliez des neuroleptiques qui baissent la libido; je me suis dit ça doit pas être anodin. Les tarés doivent en fait être persécutés par leurs hormones, et donc comme culturellement on a appris aux femmes à mieux savoir se la mettre sur l'oreille, elles savent donc mieux gérer et donc se sortir de ce genre de problème etc etc.
Et aussi, comme on attend quelque part plus de réussite sociale d'un homme que d'une femme (eu égard à ses privilèges facilement perpétuables), la déchéance psychotique doit provoquer un moins grand effondrement du soi chez la femme que chez l'homme, ou du moins la revue à la baisse de ses projets et autres fantasmes doit être moins douloureuse.
Voilà voilà, j'espère que j'ai été clair.
Il y a un peu une similitude avec le cas des pays en voie de développement. Meilleurs pronostic pour les psychoses dans ces pays-là, à cause d'un isolement moindre, d'une pression sociale plus forte.
Les explications sont plus ou moins de moi, mais les chiffres on les trouve dans le Que-sais-je? sur la schizophrénie.
Je suis très touché que vous m'ayez répondu.
Kiiqelik : déjà une femme psychotique sait que les médicaments vont provoquer une prise de poids. or on a appris très tôt aux femmes que l'apparence est capitale. ensuite on peut lui reprocher de rater sa vie de mère (soit si elle n'a pas d'enfants, soit si elle ne peut s'en occuper). donc je ne suis pas sure qu'il y ait moins d'effondrements chez les hommes que chez les femmes.
Ensuite les privilèges de hommes constituent en mille et une choses. le fait d'être davantage écouté qu'une femme par ex. le fait d'être beaucoup moins agressé sexuellement.
en revanche il est intéressant que vous disiez que la psychose est mieux gérée chez la femme (même si le terme psychose me semble un peu générique). savez vous si elles se suicident moins ou si elles se "ratent" plus ? (comme dans le reste de la population ?) Pourquoi selon vous ont elles une meilleure vie de famille ?
Enfin, plus de pression sociale, disons un maillage relationnel plus resserré.
Et euh, pour finir le raisonnement, je ne vois pas bien de quels privilèges économiques, culturels ou sociaux bénéficient les personnes psychotiques de sexe masculin en fait.
Quand je parlais de mes collègues féministes, ce ne sont pas des femmes qui ont des soucis pour parler en public, au contraire, elles le font, sur d'autres sujets, parlent à la presse, etc.
Je crois que certaines sont plutôt "lasses" de faire des animations sur ce sujet, alors que moi je suis encore frais 🙂 Après, comme je l'ai dit, je pense que pour certains publics, ce n'est pas inintéressant que ce soit un homme qui fasse ce genre de sensibilisation. Mais c'est évidemment une position ponctuelle, que je ne recommande pas en général.
Tu as entièrement raison sur le fait qu'il ne faut pas prendre la parole à la place des femmes, mais comme tu le sais je matine toujours mes principes avec la confrontation avec le réel. Vous vous êtes certainement rendu compte que beaucoup d'hommes sont "fermés" ou se ferment, juste parce que ce sont des femmes qui s'expriment. Caroline de Haas ou Isabelle Alonso sont des personnes qui "saoulent" à force de visibilité (pas moi, certains auditoires). J'ai la prétention d'avoir bousculé quelques machos et gros beaufs dominants, juste parce que je suis un mec parlant de son expérience. Je maintiens qu'en terme de stratégie et de pédagogie, dans certains cas, ca peut valoir le coup (je parle de changements de comportements de certains) parfois de parler pour les femmes. Ces mecs là sont bien plus sensible à un type qui explique comment concrètement ca pourrit la vie de tout un chacun à travers des exemples précis, qu'à des discours militants qu'ils n'écoutent même plus. Après on peut les rejeter, moi je préfère le changement social. C'est pour ca que je ne milite plus... trop de discussions conceptuelles et de "pureté" idéologiques. Mais parler de stratégie d'action pour un vrai changement social, pfff... Je pense sincèrement que ca sert à rien d'avoir raison tout seul dans son coin. Il vaut mieux avoir un peu moins raison et que les choses bougent.
Dans ma boite, on a présenté un jour un brouillon de video de sensibilisation sur un sujet social, video affreusement sexiste. Je laisse passer 10 mn, aucune femme ne s'exprime en "contre". Au moment de passer à autre chose, la video allait être validée, je m'exprime et démonte le sexisme de la video. Après, presque tout le monde était d'accord avec moi. Conclusion 1 : si j'en reste aux principes, et je ferme ma gueule, la video passe et est diffusée. Conclusion 2 : Je n'en reste pas aux principes et je réagis. La vidéo a du coup été retirée, le directeur s'est excusé que le comité de validation n'ai pas bien senti la chose, et une charte est désormais en cours d'élaboration.
Avec plaisir pour le mail 🙂 ça n'a rien de confidentiel
Je ne saurais pas répondre à vos questions.
Pour ce qui est de la vie de famille, le fait d'être plus confronté au concret peut-être par le biais des tâches ménagères ancre plus dans la réalité. Et tout le côté affectif qui revient sûrement plus à la mère créent des liens solides qui ancrent dans la réalité aussi.
Non, en fait j'en sais rien.
Valérie vous écrivez "On peut constater qu’à l’heure actuelle le seul interlocuteur valable pour parler des questions de genre et de race est un homme blanc, Eric Fassin. "
En socio, E Fassin est tout à fait brillant, mais il n'est pas seul. Je sais qu'il y a des polémiques autour de lui, mais Daniel Welzer-Lang produit des écrits dignes d'intérêt.
Et je suis persuadé qu'en cherchant vraiment, vous trouverez d'autres sociologues, femmes notamment, au propos enrichissant.
De plus, j'ai la certitude que l'étude du genre ne peut s'arrêter à 1 seule science sociale.
La science politique, le droit... chaque discipline a son mot à dire sur le thème, en assurant bien entendu un dialogue avec les autres, mais en n'ayant pas pour finalité de délivrer une notion s'imposant à tous.
En outre, j'ai la prétention d'être un home féministe.
J'entends parfaitement l'argument selon lequel je ne sais ce qu'être une femme.
Cela me disqualifie t il pour proposer, analyser... En aucun cas je n'ai vocation à supplanter le propos des femmes sur leur expérience, mais au moins je peux avoir une opinion et l'apporter dans la discussion, opinion à resituer car venant de moi certes, mais de là à disqualifier avant exposition une analyse, je ne peux abonder en votre sens.
Enfin, sur les thèmes plus personnels aux hommes que je devrais en priorité aborder...
Là encore pourquoi pas, mais j'avoue ne pas trop comprendre au nom de quoi la réflexion approfondie sur ces thèmes devrait être un préalable.
zept ; je te rappelle que DWL est un homme blanc lui aussi.
je parlais par ailleurs de la représentation dans les media et à l'heure actuelle, on invite surtout Fassin.
mais au moins je peux avoir une opinion et l’apporter dans la discussion, opinion à resituer car venant de moi certes, mais de là à disqualifier avant exposition une analyse, je ne peux abonder en votre sens.
mais enfin nul ne veut disqualifier qui que ce soit !
Enfin, sur les thèmes plus personnels aux hommes que je devrais en priorité aborder…
Là encore pourquoi pas, mais j’avoue ne pas trop comprendre au nom de quoi la réflexion approfondie sur ces thèmes devrait être un préalable.
parce que "ne me libérez pas je m'en charge" ?
"En 15 ans de féminisme je n’ai aucun souvenir qu’un homme ne m’ait jamais demandé « où je peux me situer ? »."
Je ne vais réagir que sur ce point pour le moment parce que là tout de suite j'ai sommeil, mais je me sens obligé de supposer que tu veux dire par là "un homme qui t'aurais dit ça en façe, IRL".
Parce que je te rappelle que le sujet a été abordé plusieurs fois, sous diverses formes, sur le forum des Chiennes de Garde. De façon plus ou moins conclusive, certes.
Juste un lien en passant :
http://www.loldf.org/spip.php?article287
"On a reçu le sociologue Alban Jacquemard, auteur d’une thèse intitulée "Les hommes dans les mouvements féministes français (1870-2010). Sociologie d’un engagement improbable". Un travail qui mêle l’histoire des féminismes, la sociologie du genre et les travaux de science politique sur l’engagement militant. [...]"
merci ab Fab
sinon, billet intéressant (j'avais oublié)
Et si je puis me permettre :
"Et si vraiment vous avez quelque chose à faire et envie de faire quelque chose, voici quelques idées :[...]"
Si j'étais de l'autre sexe je crois que j'ajouterai "- arrêter de nous casser les ovaires quand on fait des réunions non-mixtes".
Ca me fout en boule à chaque fois que je vois des gars pseudo-féministes venir prendre la tête aux féministes sur les réunions/actions non-mixtes. L'émancipation des femmes viendra des femmes elles-mêmes (comme aurait dit l'autre).
Premier devoir du mec féministe je pense, c'est de savoir fermer sa gueule et disparaitre du champ d'action.
(ce que j'ai personnellement du mal à faire) (et donc là je sors ->[] )
Quelle différence y a t'il avec une situation où on voit une femme se faire insulter, humilier ou frapper ? On la laisse se défendre, se "libérer" toute seule ? Comptez pas sur moi...
Je maintiens qu'il n'y a pas d'absolu en la matière, et que tout dépend de la situation.
xenomorf ; oui enfin en l’occurrence on ne parlait pas de cela...
J’attends la réaction de Schmorgluck ...
J'espère que tu auras le temps de poster !
Les hommes si ils doivent redéfinir leurs rôles et leurs places ils le feront tous seul comme des grands.
Je suis d'accord avec toi Cara.
On présente toujours le sujet comme si les hommes avaient seulement la possibilité de participer ou d'être un complément aux mouvements de femmes, mais en réalité il y a des tas d'autres alternatives.
Déjà, être féministe, ce n'est pas forcément adhérer aux mouvements reconnus plus ou moins officiellement. En déclarant "je suis féministe", on se positionne sur une choix personnel, on assume une responsabilité, et on ne demande pas forcément... ni l'autorisation des femmes, ni leur admiration.
Si je parle de moi, je dirai que je suis féministe (ou non puisque je m'en fout de ce qu'en pensent les autres), pour mon intéret strictement personnel. Pour ma liberté en tant qu'homme, puisque le féminisme est dans ma définition humaniste (je ne pense pas toujours en terme de "classe", quand on défend quelqu'un on défend tout le monde), et en plus la condition d'homme dans le patriarcat est dépendante de celle des femmes (et contrairement à ce qui est dit dans l'article... ce n'est pas forcément seulement un emmerdement de privilégié).
Je trouve qu'il y a une contradiction entre dire que les femmes sont plus prisonnières du patriarcat et en même temps....plus lucides sur les manières de s'en sortir, que les hommes. C'est pourquoi je ne tient pas forcément compte de leur autorisation ou non à penser telle ou telle chose sur nos conditions respectives.
Enfin bref, je n'en fait qu'a ma tête et à celles de gens que je consulte pour d'autres raisons que leur identité sexuelle.
Et au delà du sexisme. Je conçois aussi les choses en terme de dominations de classes, mais c'est une facilité pour décrire les choses, qui n'est à mon avis pas à prendre au pied de la lettre. La réalité des êtres humains est beaucoup plus complexe. A l'intérieur de chaque classe, il y a des gens dominés, et des dominants... c'est un peu les poupées russe.
ali "A l’intérieur de chaque classe, il y a des gens dominés, et des dominants… c’est un peu les poupées russe."
absolument.
et je re-répète ce que j'ai déjà dit et tu me connais depuis assez longtemps pour le savoir, je crois. Je ne nie absolument pas la place des hommes dans le féminisme. En revanche, il y a pléthore d'hommes qui viennent expliquer comment on devrait vivre telle ou telle chose, qui nous disent qui ceci est oppressif, ceci ne l'est pas. On en a eu un magnifique exemple avec enonciation qui se permet de juger si oui ou non le Melle est un combat alors qu'il ne sera JAMAIS appelé comme cela et n'aura jamais à subir ce problème là. voilà tout ce que je dis.
Ok, merci Valérie.
D'accord avec AbFab sur les réunions non-mixtes. Les hommes solidaires des féministes
(qu'on qualifie ceux-ci de féministes ou de pro-féministes) doivent comprendre qu'une
réunion non-mixte ne l'est pas pour des raisons d'hostilité envers les hommes, mais pour
permettre aux femmes de débattre librement, entre elles, de problématiques qui ne
concernent qu'elles, ainsi que pour élaborer, comme elles l'entendent, leurs propres
stratégies d'émancipation.
Le principe est pourtant simple : les seules émancipations réussies sont celles qui sont
élaborées et mises en oeuvre par les groupes dominés eux-mêmes. Les réunions non-mixtes
n'interdisent pas aux femmes d'avoir des alliés extérieurs, que ce soit en termes
théoriques ou pratiques, mais leur laisse le choix de décider du moment et de la forme
que doivent prendre de telles alliances. Il me semble important que nous, les hommes,
laissions les femmes mener leur lutte comme elle l'entendent, et soyons leurs alliés si,
et quand, elles en expriment l'envie. Cela n'interdit bien entendu pas d'intervenir
dans le cas d'une agression, mais de la même façon qu'on le ferait en solidarité avec
n'importe quelle personne agressée, que ce soit physiquement et/ou psychologiquement.
De notre côté, le plus important est plutôt de réfléchir et d'agir sur notre propre
rapport, privé et sociétal, aux femmes, ainsi qu'aux rapports de domination entre hommes
et à la "masculinité". Ce sera le meilleur service que nous pourrons rendre à la lutte
féministe, ce qui profitera en définitive à toutes et tous.
Fred, je suis d'accord avec toi.
Mais j'en profite pour zoomer sur un détail qui me tient à coeur... (tout en me souvenant que je suis très loin d'avoir un discours irréprochable).
Tu dis "nous les hommes", c'est quelque chose qui me met à chaque fois en colère. Peut-être est-ce pour la même raison que des femmes ressentent comme une violence, que des hommes (ou supposés porte -paroles des hommes), parlent en leur nom. Certains diront que c'est parce que mon égo de mâle dominant est un petit peu pincé. Mais il faut bien comprendre que la domination masculine ne s'exerce pas que sur les femmes (comme on le répète sans cesse). Quand on se met en retrait pour laisser la parole aux femmes, il faut aussi aller jusqu'au bout de la démarche qui consiste à laisser les autres libres. Parfois, les hommes que l'on m'a montré comme des féministes exemplaires, donc cédaient leur pouvoir sur les femmes, mais pour prendre en charge le mamagement des autres hommes. Ceux qui ont été éduqués à dominer, ont tendance à passer leur vie à vouloir organiser la vie des autres, et il ne suffis pas pour eux de dire qu'il cèdent leur place au femmes. Il faut aller au bout de la remise en question... sinon j'ai bien peur que parfois on ne dépasse pas le stade de la galanterie.
Ne prend pas cela comme une attaque personnelle, car cette phrase, "nous les hommes devons" est quasi systématique chez les féministes mâles.
Ali, ton commentaire est pertinent. Mon but n'est toutefois pas de dire aux autres hommes ce qu'il doivent faire ou pas, mais ma formulation n'était peut-être pas claire.
Pour préciser mon propos donc : une prise de conscience, une réflexion et une modification individuelle de nos comportements est sans doute un préalable indispensable à une évolution des rapports de domination dans la société, mais il me semble qu'afin d'opérer un changement culturel plus profond, les "mâles féministes", dans lesquels je cherche à me reconnaître (ce que j'ai appelé, sans doute à tort, "nous, les hommes"), serions plus efficaces en échangeant entre nous, individuellement ou collectivement, sur nos propres rapports à la domination spécifiquement masculine, plutôt qu'en cherchant à intégrer les groupes de femmes en lutte. Surtout quand celles-ci ne nous le demandent pas, voire même y sont opposées pour des raisons qui leur sont propres.
Ce n'est qu'une proposition de ma part, et je suis moi aussi allergique aux injonctions, qu'elles soient individuelles ou collectives.
Pour en revenir à "l'unité" cherché par certains et certaines ... Bof très bof.
Surtout si ca doit finir dans des batailles de dogme stérile.
On a nos parcours et nos sensibilités. Cf Flashou qui botte en touche. Moi aussi. J'espère lire Schmorgluck car quelque chose me dit qu'il en a bavé avec ça.
En récation à ton papier intéressant sur Slate, concernant les systèmes alternatif de régulation de la prostitution, jette un oeil sur le "Droit du sexe" de Caballero, prof de droit pénal à Nanterre, qui formule des propositions qui méritent l'attention
https://www.google.com/url?url=http://www.amazon.fr/gp/bestsellers/books/10749911&rct=j&sa=X&ei=uHkeUJ7MD4O-0QWdmoHoAQ&ved=0CFcQ6QUoATAA&q=droit+du+sexe+caballero&usg=AFQjCNGw_dj1t_ysbm9GFW8-UoBAAuyysA&cad=rja
Je n'ai pas eu le temps (bon, le courage) de lire tous les commentaires. Juste une réponse rapide au tout premier : d'un point de vue statistique, on peut montrer que les femmes sont désavantagé par rapport aux hommes toutes choses égales par ailleurs, c'est-à-dire une fois contrôlé l'effet des autres variables, et notamment l'appartenance de classe. On peut d'autant plus travailler, sociologiquement, dans cette direction que l'on peut étudier les mécanismes qui expliquent que les femmes aient moins accès à certaines positions parce que femmes. Bref, avant de parler de confusion entre l'individu et la stat, il faut savoir quelle est la stat, et ce qu'est une stat...
Sinon, puisque j'essaye d'être un homme féministe, je me pose aussi toutes ces questions sur ce que je peux faire dans cette histoire. Et finalement, j'en suis arrivé à plus ou moins deux principes qui valent ce qu'ils valent et qui sont sans doute discutable : 1) j'essaye d'intervenir uniquement quand j'ai une compétence spécifique à faire jouer qui ne se résume pas à mon statut d'homme : en un mot, si j'interviens, j'essaye de le faire en tant que sociologue et non pas en tant qu'homme féministe - ce qui explique que de plus en plus de mes billets de blogs sur le thème du genre croise celui-ci avec la sociologique économique parce que je pense avoir quelque chose à dire là-dedans ; 2) le reste du temps, j'essaye (mais c'est pas facile) de faire en sorte ménager un espace d'expression pour les femmes quitte à utiliser mes privilèges d'homme pour ça : en gros, il s'agit de dire "écoutons les femmes" plutôt que de se retrouver à parler pour elles et donc à la place d'elles. Je ne veux pas dire que les femmes ont absolument besoin de cela, mais puisque, en tant qu'hommes, il arrive plus souvent que l'on nous donne la parole (et pas que), il nous faut trouver des moyens, en tant que féministes, de la passer à celles et ceux (toutes les victimes de la domination masculine, donc les homosexuels, les transgenres, etc. aussi) qui en ont besoin. Je ne sais pas si c'est mieux. Je suis preneur de toute engueulade.
Ah, et le 3) quand même : se souvenir que privé est politique. On commence par être un homme féministe au quotidien. C'est peut être plus important que d'aller militer.
Hier encore une féministe qui avait pourtant l'air bien informée m'a dis que je ne savais pas de quoi je parlais parce que comme je suis un homme je ne subis pas de pression sociale.
Ouah... Ah bon ?
Je trouve ca assez représentatif d'une certaine mentalité, l'herbe semble plus verte de l'autre côté de la barrière, alors elles veulent juste sauter par dessus.
Sauf que nous on y est déjà de l'autre côté, et on aimerais bien traverser aussi.
Alors on peux toujours expliquer que vaut mieux la détruire cette putain de barrière, les chefs des 2 troupeaux te diront que ca ne servirais à rien vu qu'ils n'ont aucune intention de revenir sur leurs pas...
Resh : Personne ne t'empêche de traverser la barrière. Habille-toi en femme et passe une journée dans la société en femme, et viens nous raconter ensuite.
(C'est parfaitement accessoire, mais sur les questions de race et d'homosexualité, n'y a-t-il pas aussi Louis-Georges Tin, également très médiatique ?)
Je suis un homme blanc et donc pourvu de plein de privilèges. Ce qui donc me disqualifie pour ressentir les injustices ou militer contre elles. Que ce soit du racisme, du sexisme, ou autre !
Bien. C'est entendu. Si vous préférez les sociétés ultra sectorisée où tout un chacun se définit comme une collection de petites étiquettes (lesb, gay, black, métis, juif, hetero, musulman, etc), lesquelles étiquettes vous labelisent pour avoir le droit de parler de ceci où de cela, libre à vous.
Personnellement, j'aime mieux me définir de manière unique par rapport à ce que je pense, et pas par rapport à des choses que je ne maîtrise pas. Peut-être est-ce parce que je suis sensible à cette prétention à l'universalité issue des lumières, et pas à cette segmentation des humains si typiquement américaine, qui rend nos sociétés modernes si haineuses et violentes...
@Back6 : c'est intéressant que vous soyez sensible à cette prétention à l'universalité issue des lumières et que vous détestiez les étiquettes comme "si typiquement américaine"...
@Back6 : Personne ne parle ici de vous disqualifier pour ressentir les injustices ou militer contre elles. Il s'agit juste de comprendre où se situer par rapport à elles, et ainsi agir de façon légitime et efficace contre elles.
GM, dans ce cas racontes nous à quel point ta vie est merveilleuse si tu t'habilles en homme, et racontes nous à quel point ceux qui se travestissent en femme sont stupides.
[...] « Si seulement il y avait plus d’hommes comme lui parmi les femmes » A Call to Arms for Decent Men – by Ernest Adams « The Feminine Miss Geek {*style:<i>Hullo, readers. Bex here. This article comes from the amazing Ernest Adams of the Designer’s Notebook series on Gamasutra. Because of the content, Gamasutra declined to publish the article. An Unabashed Imitation of an article by Peggy McIntosh In 1990, Wellesley College professor Peggy McIntosh wrote an essay called “ White Privilege: Unpacking the Invisible Knapsack” . McIntosh observes that whites in the U.S. are “taught to see racism only in individual acts of meanness, not in invisible systems conferring dominance on my group.” To illustrate these invisible systems, McIntosh wrote a list of 26 invisible privileges whites benefit from. As McIntosh points out, men also tend to be unaware of their own privileges as men. [...]
Je dois avouer que ma première réaction à la lecture de votre article -et surtout du texte de Christine Delphy- fut un sensible énervement. Énervement devant cette idée que la question féministe est une question "de femmes" et surtout sentiment d'injustice à être pris dans cette généralisation au sujet de "tous ces amis, ces partisans masculins de la libération des femmes" dont j'ai quand même l'impression de faire partie (même si je ne milite pas).
J'y ai cependant repensé assez longuement depuis ma lecture et j'espère pouvoir y apporter un commentaire suffisamment développé et modéré (plus en tout cas de ce que j'aurai pu écrire dans la foulée de ma lecture) pour apporter au débat.
Ma première remarque sera de dire que, je sous-estime peut-être les avantages que je tire de la domination masculine, mais j'ai l’intuition d'y être malgré tout perdant. Un commentaire plus haut parlait de "faire tomber la barrière". Même si je préfère mon côté de la barrière que l'autre (les femmes ayant plus à perdre de la domination masculine que moi), je préférerais aussi la voir tomber.
Dans mon optique, il y a donc quelque chose d'assez gênant à designer les victimes de la domination comme les plus légitimes pour en parler. L'exemple des interventions d'Eric Fassin sur les questions de race est d'ailleurs problématique.
Sur le sujet j'avais été marqué par une intervention de Patrick Lozès, alors président du CRAN (visible ici http://www.dailymotion.com/video/xcrh3d_patrick-lozes-faire-des-egaux-les-e_news).
Il expliquait qu'il avait vécu une jeunesse relativement préservée du racisme (bien qu'il soit noir) et que ce n'était que tardivement, en se renseignant sur le sujet et en écoutant des témoignages de victimes du racisme, qu'il avait pris conscience du problème. En somme, son rapport avec le racisme n'était que peu impacté par sa couleur de peau.
A l'inverse, en introduction de La Force de l'Ordre, Eric Fassin raconte comment son fils (de couleur) a été placé en garde à vue sans raison lors d'une soirée de nouvel an.
En somme l'anti-racisme de Patrick Lozès se rapproche du féminisme masculin alors qu'Eric Fassin est une "vraie" victime des discriminations policières.
Mais même en admettant qu'il est simple de définir qui est victime de la discrimination et qui ne l'est pas (je dois bien admettre que j'en suis moins victime que la majorité des femmes), il ne me semble pas si pertinent de favoriser l’expérience directe comme moyen de savoir vraiment ce qu'il en est en termes de domination.
De la même façon que Bourdieu avait énormément lu Virginia Woolf en travaillant sur La domination masculine, la compréhension des mécanismes de la domination masculine ne me semble pas inaccessible (en lisant des études statistiques sur le sujet, en lisant nous aussi Virginia Woolf, en consultant votre blog, etc etc). Je ne prétend pas être un spécialiste de la question cependant (même si le sujet m'intéresse et même me préoccupe).
Vous soulevez cependant un point important en parlant de notre facilité à prendre la parole et notre conditionnement social à nous mettre en avant (qui n'est peut-être pas étranger à ma volonté d'écrire un message aussi long...). Je suis bien obligé de me reconnaître dans la position de celui qui parlera plus que les femmes et j'essaye de me comporter comme Une heure de peine qui tâche de "ménager un espace d'expression pour les femmes" (même si cette position est elle-même un numéro d'équilibriste).
Juste une précision : La Force de l'Ordre, c'est Didier Fassin, le frère d'Eric, qui est finalement moins présent sur ces questions (même s'il n'est pas moins un talentueux chercheur, bien au contraire).
Pour le reste, je suis globalement d'accord : il est possible de prendre conscience de ce que les autres vivent - heureusement que l'on peut avoir un minimum d'empathie. La question est plus pour moi de savoir si l'on doit ou non lutter à leur place.
Ca reste un vrai sujet... Les premiers leaders socialistes, les penseurs, n'étaient pas des ouvriers mais des petits bourgeois, l'esclavage des noirs a été aboli par les blancs, etc. Bien sûr nos sociétés basées sur l'égalitarisme (de facade) permettent bien plus d'émancipation, m'enfin les alliances me paraissent indispensables pour faire avancer les choses.
J'ai lu votre article avec beaucoup d'intérêt. D'ailleurs, la découverte de votre blog fut une très agréable surprise.
Le sujet de cet article: génial! C'est d'ailleurs une question auquel j'ai du faire face quand, dans un colloque sur le féminisme, j'étais l'un des 5 hommes présents.
Pourtant ce qui suscite ma réaction est votre base qui selon moi est fausse.
"En tant qu’homme vous avez des privilèges, vous n’y pouvez rien c’est ainsi." Non, même en tant qu'homme, je n'ai souvent pas eu droit à ces privilèges auxquels vous faites référence.
"Conditionnements sociaux, oblige, il y a toutes les chances que vous preniez davantage la parole, et une femme, moins." C'est pas faux, je tente de prendre la parole. C'est pas pour autant qu'on m'écoute.
Petite précision pour que ce que j'ai dit précédemment ait du sens: je suis noir.
Et elle est là, la faille de votre article. Vous partez d'une base qui exclut automatiquement les non-blancs.
Beaucoup d'hommes noirs n'ont pas accès au quart des privilèges des femmes blanches (qui elle n'ont pas accès au quart des privilèges des hommes blancs).*
Beaucoup de femmes noires subissent ces injustices de façons encore plus violentes que les hommes noirs. Zora Neale Hurston affirmait que la femme noire était "la mule du monde" en référence à cette hiérarchie.
Je comprends qu'on ne veuille pas qu'un homme, parce qu'il a toujours eu des privilèges récupère la lutte féministe. Mais ne pas prendre en compte la dimension raciale du sujet et prétendre que les hommes noirs ont des privilèges par rapport aux femmes blanches est une erreur grossière (ou une omission volontaire).
*Ne me reprenez pas sur le "quart," c'est juste une expression, je ne saurais quantifier ces privilèges.
Bonjour
Je ne l'ai pas abordé pour deux raisons ; je ne me sentais pas compétente sur le sujet et cela aurait nécessité beaucoup de développements pour un article de blog.
Il me semble très difficile de quantifier qui du sexisme ou du racisme prend le pas. On sait par exemple qu'en France métropolitaine, une femme racisée à diplômes et compétences égales aura plus de chance d'avoir un emploi qu'un homme racisé. (c'est l'inverse si ce sont des blancs). Evidemment cet accès à l'emploi est fondé sur des stéréotypes racistes de manière générale ; on pense souvent que la femme racisée a tellement hâte de quitter sa famille forcément machiste, qu'elle travaillera beaucoup.
maintenant prenons le cas précis que vous évoquez. Un homme noir/des femmes blanches. (je dis "un" pour ne pas personnaliser et sembler vous juger d'une manière ou d'une autre)
Un homme qui a été conditionné à penser que sa parole vaut plus que celle d'une femme mais un noir à penser que sa parole vaut moins que celle des blancs.
des femmes conditionnées à penser que leur parole vaut moins que celle d'un homme mais des femmes blanches dont leur parole vaut plus que celle d'un noir.
qui parlera ? je n'en ai aucune idée. je ne sais qui des deux se sentira légitime.
vous dites "Beaucoup d’hommes noirs n’ont pas accès au quart des privilèges des femmes blanches"
et cela me semble un peu court. Je ne suis absolument pas sûr que dans cette situation de prise de parole, le racisme prendrait le pas sur le sexisme.
dans d'autres domaines en revanche, il est évident que le racisme prend le pas (logement, politique, emploi etc).
vous dites "Beaucoup de femmes noires subissent ces injustices de façons encore plus violentes que les hommes noirs"
justement pas dans l'emploi. Dans l'accès au logement, entre femme noire et homme noir, ca serait à étudier. j'aurais tendance à penser qu'on refusera davantage un logement à un homme noir qu'à une femme noire. peut-être me trompe je.
mais je crois qu'il faut aussi aborder l'accès des violences sexuelles qui constitue un privilège - si je peux employer ce mot - d'homme. Il me parait difficile de dire que les hommes noirs n'ont aucun privilège (ce n'est pas ce que vous avez dit je le sais) alors qu'ils ont celui ci.
(par ailleurs la question reste complexe à aborder - peut être moins ici qu'aux USA néanmoins http://www.crepegeorgette.com/2012/04/27/femmes-noires-et-viol/) tant la question du viol par des hommes racisés a été instrumentalisée lors des lynchages).
Je rajoute un exemple qui me semble parlant. il fleurit de nombreux sites pornos aux USA où l'on met en scène des "noirs rappeurs du ghetto" face à d'"innocentes blanches collégiennes". Les sites ont des stéréotypes racistes (sexe énorme, bête sauvage, asssoiffé de blanches, prêt à tout etc etc) et des stéréotypes sexistes évidents ; les femmes sont forcément des "putes" qui méritent d'être "défoncées, ouvertes en deux". etc.
Je serais bien incapable de dire ici qui domine l'autre.
[...] point, cet article de ma grande pote CrêpeGeorgette qui est assez parlant, voici quelques extraits croustillants: [...]
[...] garder le sourire toute l’année ! | Bento Blog 12 Hilarious Reviews Of A Pen Just For Women « Si seulement il y avait plus d’hommes comme lui parmi les femmes » Aujourd’hui je voudrais interroger la place des hommes dans le mouvement féministe. "The [...]
L'un des gros problèmes des femmes, c'est leur représentation symbolique dans la société, alors oui un homme féministe c'est bien mais montrer à votre fille une femme qui débat même si c'est pour dire la même chose que vous c'est mieux.
Et non apparemment peu d'homme comprenne à quel point un "mademoiselle" méprisant bien placé vous fout en l'air tout une argumentation dans une réunion par un chef, vous remet à votre place de bonne femme incompétente aux yeux de tous sans qu'ils en aient même conscience, mais le "mademoiselle" est une fausse bataille.
[...] Plus d’hommes comme lui parmi les femmes [...]
[...] caméra cachée, elle se promène simplement dans les rues de Bruxelles et fait entendre (enfin ?) « Si seulement il y avait plus d’hommes comme lui parmi les femmes » Pro du [...]
[...] « Si seulement il y avait plus d’hommes comme lui parmi les femmes » [...]