A Steubenville, une jeune fille a été violée. Plus exactement, après qu'elle soit en plein coma éthylique, elle a été transportée de lieu en lieu par deux adolescents rigolards, violée et filmée, sous le regard d'autres personnes. Des photos et videos ont été publiées sur les réseaux sociaux dont certaines plaisantant sur ce viol. Certains ont même twitté la scène en direct avec le hashtag #rape.
Viol, films et rigolade.
Le 18 mars l'un a été condamné à un an de prison, l'autre à deux ans. Le même jour deux adolescentes étaient arrêtées pour avoir menacé de mort la victime sur Twitter.
Laurie Penny déclare que "Steubenville is rape culture's Abu Ghraib moment. It’s the moment when America and the world are being forced, despite ourselves, to confront the real human horror of the rapes and sexual assaults that take place in their thousands every day in our communities."
Alors c'est quoi la rape culture ? Comme le demande Henry Rollins "What made these young people think that that what they did was ok? What was in their upbringing, the information and morals instilled in them that allowed them to do what they did, minute after minute, laughing, joking, documenting it and then calling it a night and going home?"
Ce fait-divers nous montre, dans toute son horreur, ce qu'est la culture du viol, ce qu'est une société où non seulement l'on viole, mais où l'on encourage, entraîne, pousse à trouver le viol normal, inévitable, naturel et au fond drôle.
Il serait simple - et c'est ce qui est en général fait - de se dire qu'on est face à des gens ivres, qui ont perdu conscience de ce qu'ils faisaient, ou des fous, ou des malades. Notre société est alors bien malade pour produire autant de gens ivres, autant de gens inconscients, autant de fous, autant de malades.
Il a toujours été plus facile de faire du viol un problème individuel qu'un problème collectif.
Quel bon dieu de société est capable de produire des gens qui se filment en train de violer une femme ?
La même société qui mélange la vie privée de DSK - qui ne regarde personne - et les actes délictueux qu'il a commis.
Nous vivons dans des sociétés qui excusent, banalisent, normalisent, tolèrent le viol.
Les violeurs de Steubenville sourient tout comme les violeurs de Créteil osaient insulter et interpeller leur victime parce qu'ils n'ont aucune conscience que violer est grave.
Dans nos sociétés on envisage que cette jeune fille violée n'aurait pas du boire. On envisage que la touriste suisse n'avait qu'à ne pas aller en Inde. On envisage qu'on n'avait qu'à pas s'habiller ainsi. On envisage qu'on n'avait qu'à sortir moins tard. On envisage qu'on n'avait qu'à être accompagnée. On envisage qu'on peut instaurer des couvre-feux pour les femmes.
On n'envisage pas que les hommes n'ont qu'à ne pas boire. On n'envisage pas que les hommes n'ont pas à violer. On n'envisage pas que les hommes peuvent ne pas sortir dans la rue le soir.
Le viol est le crime où la victime est accusée de mentir, accusée d'avoir encouragé, accusée d'avoir aimé, accusée d'avoir cherché, accusée de ne pas être assez défigurée, accusée d'avoir bu.
Dans les journaux féminins américains, c'est très à la mode de faire des articles pour dire aux femmes de ne pas boire car elles pourraient être violées ensuite. Je n'ai jamais lu un article dans un magazine masculin conseillant aux hommes de ne pas boire car ils pourraient violer. Jamais lu qu'un homme ne doit pas violer. Jamais lu que non c'est non. Apparemment le viol est commis par des extra-terrestres puisque, si son évocation est omniprésente dans la vie des femmes, elle est absente de celle des hommes.
On apprend aux femmes à se protéger (en restant chez elles) apparemment il n'y a rien à apprendre aux hommes.
Ces temps ci les images de viol filmées au smartphone explosent nous dit Laurie Penny. Des hommes, en toute tranquillité, visage découvert, violent des femmes et se filment. Les jeunes violeurs de Steubenville ont déclaré qu'ils n'avaient pas conscience que ce qu'ils faisaient étaient mal. Lors des procès pour viol chez les mineurs, beaucoup déclarent la même chose. Et je pense que c'est vrai. Je pense que beaucoup de gens - hommes comme femmes - ne savent pas vraiment qu'un viol c'est mal. Que beaucoup de gens ne voient au fond pas grand mal à violer. J'exagère ? 50 000 viols par an en France. Parce qu'il y a toujours de bonnes raisons à dire que cela n'était pas vraiment un viol.
Sauf que la société dans laquelle nous évoluons, nous en sommes tous responsables, hommes comme femmes. Quand nous avons dit "celle là faudra pas s'étonner", quand nous nous sommes branlés sur un porno où la fille après avoir braillé non a fini par dire oui, quand nous avons dit non en espérant qu'il continue quand même, quand nous avons harcelé jusqu'à ce qu'elles disent oui, quand nous avons dit à une féministe qu'elle méritait un bon coup de bite, quand nous avons dit à une copine qu'elle n'avait pas qu'à autant boire et puis que ce mec il est sympa, quand nous avons condamné à une peine légère un violeur car il a depuis refait sa vie, quand nous avons filmé des images de viol, quand nous avons parlé de troussage de domestique, quand nous avons commenté le physique d'une supposée victime, quand nous avons dit que c'était la meilleure chose qui pouvait lui arriver, quand nous avons souhaité le viol d'une adversaire politique, quand une journaliste de CNN pleure sur la vie détruite de deux adolescents, quand une journaliste française pleure sur le sort d'un accusé célèbre, quand on explique qu'une gamine de 13 ans faisait plus vieux, quand des flics violent des prostituées en toute impunité, quand Lara Logan est accusée d'avoir traîné dans des lieux où elle n'avait pas à être, quand une femme dit qu'un chanteur connu venait coucher avec elle alors qu'elle avait 14 ans, quand une tentative de viol dans un jeu video est jugée excitante, quand nous avons tu notre viol parce que le dire était le meilleur moyen de voir notre vie foutue en l'air.
La culture du viol naturalise le viol ; elle explique qu'il existera toujours et qu'il faut faire avec. Elle valide les mythes autour du viol comme de dire que le viol est commis en majorité par des étrangers alors que la plupart des viols sont commis par des hommes connus par la victime. Elle sexualise le viol en disant que le viol a quelque chose à voir avec la sexualité ; et qui irait se plaindre de la sexualité, c'est bon la sexualité non ?
09:25. Les propos disant que "je ne comprends rien à l'humour" ou que "decidément je ne suis pas cinéphile" me font déjà censurer ce texte. Je ne pensais pas avoir encore des exemples de rape culture. Et bien la rape culture c'est cela. Parler du viol et devoir se censurer quand on évoque des exemples touchy - l'humour par exemple - car seuls ces exemples seront commentés pendant des lignes et des lignes.
45 réponses sur “Comprendre la culture du viol”
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[...] pas rédiger mon premier « vrai » billet sur le sujet mais les articles de Mar_Lard et de Valerie (que j’approuve et que je vous recommande vivement) et surtout certains commentaires ou [...]
[...] propos: Je ne vais pas vous expliquer la culture du viol. D’autres l’ont fait bien mieux que moi. Ce texte sera avant tout pour parler de mon histoire. Moi, qui [...]
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[...] puis il y a ce texte, Comprendre la culture du viol, parce que c’est bien de cela qu’on parle, la RAPE CULTURE, pour citer [...]
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[...] des propositions humoristiques. L'humour est une chose trop sérieuse... - Une heure de peine... Comprendre la culture du viol A Steubenville, une jeune fille a été violée. Plus exactement, après qu’elle soit en plein [...]
[...] pour que ce crime ne soit plus tristement banal, il faut continuer à se battre pour dénoncer la rape culture, pour faire augmenter les pourcentages de plaintes (8% seulement aujourd’hui en France) et les [...]
[...] du bonbon pour faire son jogging ? » -Article de l’auteure du blog Crêpe Georgette intitulé « Comprendre la culture du viol " -Article de l’auteure du blog Crêpe Georgette intitulé « Psst » [sur l’inégalité entre [...]
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[...] avec. Et si cela t’arrive c’est pas faute d’avoir prévenu. c'est ce que l'on appelle la culture du viol. Il serait extrêmement complexe qu'on réalise collectivement que le plus grand risque couru par [...]
[...] Le viol est une pratique banalisée et encouragée dans notre société qui entretient la culture du viol. Ce crime reste largement impuni grâce à l’intimidation des victimes, le sentiment [...]
[...] jeunes hommes souvent inexpérimentés, s’estimant frustrés sexuellement, déjà pétris de culture du viol, et les encourage donc très dangereusement à passer à [...]
[...] - http://www.crepegeorgette.com/2013/03/20/comprendre-la-culture-du-viol/ [...]
[...] je voudrais tenter d'expliquer en quoi elle est profondément choquante, en quoi elle alimente la culture du viol, les mythes autour du viol et entérine la peur chez les [...]
[...] http://www.crepegeorgette.com/2013/03/20/comprendre-la-culture-du-viol/ [...]
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[...] jamais dit qu’il était un violeur, mais que son texte participe à ce qu’on appelle la culture du viol. Il a fait le raccourci tout seul, et ça n’est pas fait pour rassurer. Il continue alors, [...]
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[...] notions. Cet article ne se veut pas de fond. D’autre on mieux travailler le sujet que moi. Comprendre la culture du viol. A Steubenville, une jeune fille a été [...]
[...] La culture du viol illustre les dérives contre lesquelles il faut se battre. Dans ce domaine, l’éducation sexuelle et l‘instruction s’imposent comme des bases pour instaurer une société plus égalitaire c’est pour ça que les ABCD de l’égalité partaient d’une bonne démarche politique. Leur abandon indique encore une fois que les stéréotypes de genre à l’école vont perdurer. Cette volonté politique s’est pourtant essoufflée rapidement. Les conservatismes ont la vie dure et tendent à arrêter les sursauts d’évolution. Que l’idéologie soit politique, religieuse ou morale, elle cherche juste à ne pas bousculer l’ordre établi donc la société patriarcale. Le plus étrange dans ses prises de positions rétrogrades soient tenu par des femmes. Ainsi des femmes peuvent-être s’opposer consciemment à des transformations sociales qui leurs sont bénéfiques ? étrange non [...]
[...] par d’autres personnes qu’eux, encourageant ainsi, purement et simplement, la culture du viol et la [...]
[...] C’est une expression pour désigner tout ce qui, dans notre culture, explique que les viols soient si fréquents et le sujet si mal traité. Il est difficile d’établir des statistiques (peu de victimes portent plainte), mais on en serait à 75 000 viols par an en France (pour rappel : 96% des violeurs sont des hommes et 91% des victimes sont des femmes). Ça mériterait une FAQ à part entière, ou par exemple cet article de crêpe Georgette. [...]