Un article un petit peu fouillis, aujourd'hui.
- Je voudrais déjà remercier toutes les personnes, qui ces dernières semaines m'ont offert des livres par le biais de ma wish list. Je le fais sur twitter et facebook sans penser que tout le monde ne consulte pas ces deux outils. Merci encore j'ai vraiment apprécié toutes ces attentions :).
- Sur un tout autre sujet, dans le cadre de mon travail, j'ai été interviewée dans l'émission Les pieds sur terre pour parler du 13 novembre.
J'ai lu pas mal de livres depuis mon dernier article (j'avoue avoir un peu de mal à être régulière et à en parler plus souvent).
Michael Cunningham, La maison du bout du monde. Il m'a été conseillé par quelqu'un sur facebook dont c'est le roman préféré. Jonathan et Bobby ont grandi dans une petite ville américaine et se retrouve 15 ans plus tard à New York dans les années 80. C'est un roman autour de l'amour hétérosexuel et homosexuel, de ce qu'on appelle famille. c'est aussi un roman qui narre le début de l'épidémie du sida auquel sont indirectement confrontés les héros. C'est un roman que j'ai trouvé extraordinairement émouvant dans la façon dont sont décrits les personnages et comment on peut se construire une famille.
Augusten Burroughs, Courir avec des ciseaux. Voilà encore un roman qui m'a été conseillé. Les parents d'Augusten sont mentalement malades. Sa mère va un jour confier sa tutelle à son psychiatre pendant qu'elle tente de se soigner ; Augusten découvrira une famille encore plus particulière que la sienne où toutes les extravagances sont permises.
J'avoue avoir eu beaucoup de difficultés avec ce livre ; non pas que je ne l'ai pas aimé mais parce que je suis particulièrement sensible face à la maladie mentale. La lecture a donc été plus douloureuse qu'autre chose. Beaucoup de critiques sur lenet parlent de tragi-comique je n'y ai vu que le tragique, malheureusement.
J. Courtney Sullivan, Les débutantes. Bree, Celia, April et Sally se rencontrent à l'université féminine et féministe de Smith. Le roman alterne entre la narration de leur vie à l'université et de ce qu'elles sont devenues 5 ans plus tard.
Que voilà un roman qui m'a fait du bien. Imaginez un roman qui regorge de références et de questionnements féministes ; peu importe que je les partage ou pas, je les connais et cela crée, clairement une proximité avec l'auteure et ses héroïnes. Je me rends compte que c'est sans doute la première fois où je lis un roman aussi ouvertement et normalement féministe. Très chaudement recommandé donc !
Tania de Montaigne - La vie méconnue de Claudette Colvin. J'ai vu quelqu'un en parler sur twitter et j'ai aussitôt acheté le livre. Tania de Montaigne nous raconte l'histoire de Claudette Colvin, qui en 1955, avant Rosa Parks, refusa de laisser sa place à un blanc dans le bus ; elle fut battue, jetée hors du bus, emprisonnée et jugée. E.D. Nixon , le leader de la National Association for the Advancement of Colored People, décida d'utiliser son histoire pour faire avancer les droits des noirs. Claudette Colvin tomba enceinte - on ne sait pas exactement quand - peut-être d'un blanc, en tout cas d'un homme marié. Il devint donc difficile pour les militant-es de la mettre en avant ; elle aurait été discréditée. Fut donc mise en avant Rosa Parks ; l'auteure nous montre qu'il ne s'agit pas du tout, contrairement à la légende, d'une femme qui était fatiguée et avait mal aux pieds mais d'une militante qui avait pensé son acte. Simplement était plus intelligent médiatiquement d'en faire une simple femme qui décide seule de ne pas se lever car elle était fatiguée.
Le livre est passionnant et permet de mieux comprendre les stratégies militantes du NAACP dans les années 60 ; et cela permet de connaitre Claudette Colvin dont l'histoire ( comme d'autres) a été oubliée.
Stephen King - Mr Mercedes. J'ai été une assidue lectrice des romans de King entre 15 et 25 ans pour l'abandonner pendant quelques 15 ans. Depuis un ou deux ans, je rattrape donc le temps perdu.
King sort ici de son habituel registre fantastique pour écrire un thriller où un détective à l'ancienne part à la recherche d'un serial killer particulièrement machiavélique. Même si King excelle comme toujours dans la description de ses personnages, j'ai été un peu déçue par l'intrigue. Je préfère de loin les romans fantastiques.
Delphine de Vigan - D'après une histoire vraie. L'auteure rencontre L., une personnalité manipulatrice et perverse. Vous voyez le sentiment de passer à côté d'un roman que chacun semble avoir adorer ? Et bien voilà mon sentiment. J'ai eu l'impression d'avoir lu 100 fois cette histoire, j'avais deviné la fin à la moitié du livre, bref j'ai trouvé le livre d'un ennuyeux absolu.
Svetlana Alexievitch - La supplication. Svetlana Alexievitch va interroger pendant 3 ans des survivant-es, des pompiers, des scientifiques, des témoins de Tchernobyl. Elle les laisse décrire ce qu'a été pour eux ce événement-là ce qu'il a détruit, ce qui a été dit et ce qui n'a pas été dit.
La spécificité de Tchernobyl est peut-être la difficulté à décrire et à visualiser ce qu'il s'est passé. Beaucoup d'habitants des villes alentours décrivent combien il était compliqué de comprendre la gravité de la situation tant tout paraissait normal. Comment comprendre - même si on leur avait dit ce qui a rarement été le cas - qu'il ne fallait pas manger d'appétissants légumes poussant dans leurs champs alors qu'ils n'ont aucune tache et paraissent parfaitement normaux. Comment comprendre les radiations et leurs effets. Je ne sais pas ce que je peux dire de ce livre. Je l'ai lu le 14 novembre ; cela n'était sans doute pas le meilleur jour. C'est un livre à lire pour comprendre au plus près, par la force des témoignages ce qu'a été cette catastrophe (je peine à trouver un mot pour décrire au mieux Tchernobyl).
Lionel Shriver - Big brother. Pandora n'a pas vu son frère Edison depuis deux ans. Lorsqu'il décide de lui rendre visite, c'est le choc; il a grossi de quelques 100 kilos. Pandora va alors décider de l'aider à maigrir. Le livre est dédié au frère de l'auteure, en grand surpoids et mort d'une maladie cardiaque ; dans ce livre Schriver se questionne sur ce qu'elle aurait pu ou du faire pour son frère.
Ce livre permet d'analyser en profondeur nos regards sur le poids ; les regards portés sur Edison et son obésité sont bien plus durs et agressifs que s'il avait commis un crime atroce. Le fait qu'il soit gros le pare d'une multitude de tares aux yeux des gens. Le mari de Pandora est ainsi d'une infinie cruauté avec Edison. Lionel Schriver est une de mes auteures préférées et, encore une fois, ce roman est à lire, malgré sa dureté.
J'ai lu énormément de romans d'Annie Ernaux au début des années 90 pour en abandonner la lecture, d'un seul coup, je ne sais plus du tout pourquoi. Je la décris comme "la romancière AFP" car son style d'écriture ne s'embarrasse pas de fioritures ou de descriptions ce qui me convient parfaitement, je dois bien le dire. J'ai donc relu La place qui part de la mort de son père pour raconter la vie de ce père, d'origine paysanne, quasi illettré dont elle s'est éloignée dés qu'elle est rentrée au lycée. Ce qu'ils disent ou rien, raconte ses premières expériences amoureuses et sexuelles, sa solitude et ses tourments d'adolescente de 15 ans. Ce n'est peut-être pas le premier roman par lequel il faut découvrir Ernaux car c'est un long monologue intérieur qui peut paraître rebutant.
Auður Ava Ólafsdóttir - Rosa candida. Arnljótur, un jeune homme de 25 ans, quitte son pays après la mort de sa mère tragiquement disparue, pour s'occuper d'une roseraie de monastère abandonnée depuis longtemps. Il a eu une petite fille Flora Sol, lors d'une brève nuit d'amour. La mère de l'enfant va un jour lui demander de s'en occuper pendant quelques mois, le temps qu'elle termine sa thèse.
Gracieux. Tout est gracieux dans ce roman jusque dans les gestes du héros qui apprend les gestes les plus élémentaires de cuisine pour nourrir son enfant et sa mère. Il y a l'entretien de la roseraie et sa remise en état avec le parfum des roses qui nous gagne, il y a les séances de cinéma et les discussions avec un des moines. Et il y a la troublante ressemblance de Flora Sol avec l'enfant jésus de l'église du village. je me demandais ce qu'était un roman charnel avant d'avoir lu ce livre et je crois que maintenant je comprends mieux le terme. Un livre à lire de toute urgence :).
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