Nous sommes désormais loin des gens "qui ne savent pas". Dans la majeure partie des cas, un propos sexiste, raciste ou homophobe - en particulier dans le domaine de l'humour - est justement prononcé pour créer un buzz tant il faut faire parler de soi à tout prix. Ainsi le buzz du quart d'heure est au sujet d'une marque de fringues (réelle ou non) qui s’appellerait Violparis. Il ne fait aucun doute que les créateurs le font en toute connaissance de cause afin qu'on parle d'eux ; ils nous remercient d'ailleurs de le faire sur leur page FB. Il y a d'ailleurs de sérieuses chances que cette marque soit un fake, juste faite pour faire parler.
Il n'y a pas si longtemps, je débarquais dans la cuisine, rouge, échevelée, en train de hurler, où des potes étaient en train de prendre un verre : "putain mais j'en ai plein le cul de tous ces connards machistes, dix ans que j'explique les mêmes choses, rien n'avance".
Un des copains m'a demandé très calmement ; "mais pourquoi tu t'infliges tout ca ?".
Je lui ai balancé à la gueule que c'était vraiment une question de privilégié, vraiment une question d'un mec qui peut ne pas s'emmerder avec le féminisme.
Lorsque je suis tombée sur ce texte, j'ai été et suis toujours profondément en colère, profondément en colère car certains abolitionnistes semblent avoir perdu de vue leur objectif principal qui serait, disent ils, la défense des prostituées.
On a tendance à oublier qu'on ne vit pas la réalité de la prostitution. Lorsque le tumblr sur les clients de prostituées était sorti, un fait m'avait totalement échappé que Salomée avait amplement expliqué ; relayer la parole de clients qui risquent de se reconnaître, qui risquent de se demander s'ils n'ont pas été balancé par des putes est dangereux, non pas pour nous, non qui ne nous prostituons pas, mais pour les prostituées. Et cela seule une personne connaissant le terrain pouvait le comprendre.
Depuis peu de temps, je constate une nouvelle tendance sur internet ; la diffusion de photos pédoporn pour le lol, le trolling, pour choquer, pour jouer au tough guy.
Parler de pédopornographie sur Internet est complexe car cela amène aux réactions les plus hystériques "fermez les internet Dutroux va violer ma fille à travers une webcam" avec les politiques pondant des lois à la con censurant tout sauf ce qu'il faudrait.
Il y a deux jours sur Twitter quelqu'un a remarqué une photo pédocriminelle sur un compte ; hurlements, branle-bas de combats, RT frénétiques de la photo qui atterit dans ma TL. Le compte qui avait posté la photo - avec un message cynique - était d'évidence un ou une post ado qui avait envie de choquer.
Suite à mon article d'hier, deux femmes sont venues me parler de certains commentaires. L'une m'a demandé d'enlever certains commentaires qui la rendaient malade. L'autre m'a dit ne pas être en sécurité ici et se sentir agressée, mal à l'aise dans un espace "non safe".
Une autre commentatrice me dit : "Mais punaise, une fois qu'on a conscience de cette socialisation des hommes a étouffer la parole des femmes, et des femmes a les écouter jusqu’à douter de leur propre vécu on a du mal (enfin moi en tout cas) a ne pas vouloir un peu plus d'espaces safe. Les gars, vous avez le droit de parler et de débattre et si c'est dans le but de vous éduquer grand bien vous fasse. Mais vous avez aussi le droit de vous taire et d’écouter."
"On n'est pas là pour vous éduquer" est la phrase que j'entends le plus souvent (et que je tends à prononcer de plus en plus souvent également) face aux personnes qui ne sont pas féministes.
Il faut tout d'abord que je vous explique comment se passe systématiquement une discussion avec un non féministe.
Vous connaissez sans doute le bingo féministe, où l'on regroupe les principales phrases entendues par les féministes. Phrases que l'auteur-e pense sans nul doute originales, nouvelles, voire piquantes.
Après le point Ivan Levaï, je vous propose les points du bingo féministe. Ainsi un nouveau jeu s'offre à vous, distribuez des points, remplissez vos grilles, le ou la plus rapide remporte un sécateur.
(je n'ai pas trouvé l'auteur-e du bingo donc pas de copyright ; et.. en anglais malheureusement).
[english version below ]
Il y a quelques temps, Anonymous a décidé de donner les noms d'utilisateurs présumés fréquentant des sites pédocriminels.
J'emploierai dans cet article systématiquement le mot "pédocriminel". Un pédocriminel est quelqu'un qui par ses actes (viols, agressions, visionnage d'images ou videos) a contribué à blesser des enfants et est donc un criminel. Un pédophile est quelqu'un, selon moi, qui a des fantasmes pédocriminels mais n'est pas passé à l'acte (et n'y passera peut-être jamais).
Au 500eme "ouais alors toi hein t'es vraiment anti hommes".
au 100eme "féministe ? Tu as eu des problèmes dans ta vie ?"
au 2000eme "violée, elle ? tu as vu sa gueule ?"
au 1000eme "tu n'as pas des choses PLUS urgentes à faire".
Je vous propose donc le
Facile, utile, rapide d'utilisation, il vous évitera une montée de tension, une perte de temps.
S’il est un phénomène que les militants, peu importe la cause, connaissent bien, c’est l’énergumène.
Pour employer un mot gentil. Sinon je parlerais de gros connard qui n’y connait rien mais vient ramener sa pseudo science.
Je vous rassure, le gros connard peut être une grosse connasse.
Efforçons nous donc de disséquer les différents types qui squattent les espaces féministes.