On peut penser qu'il est normal que les 3 prochains weekends, il y ait des manifestations d'extrême-droite dans Paris. Pas de droite, pas de réactionnaires, pas de gens qui en ont marre, pas de gens qui exercent leur liberté d'opinion. Des manifs d'extrême-droite.
On peut penser qu'il est normal que des gens manifestent pour le sexisme, contre le droit à l'IVG et contre les droits des homosexuel-les.
On peut croire que toute opinion se vaut et que la liberté d'expression est inaliénable.
Je vais donc résumer le livre Les féministes blanches et l'empire de Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem.
Les auteurs constatent la crise du féminisme qu'ils datent aux débats autour de la loi du 15 mars 2004 sur le voile à l'école qui a été soutenue, fait sans précédent, par d'importantes franges de la gauche institutionnelle et radicale. Ils reviennent sur Ni putes ni soumise (NPNS), qui, dés sa fondation, bénéficia d'une aura médiatique d'importance, alors qu'elle n'avait pourtant pas une base réelle dans les quartiers populaires. NPNS se focalisa sur les violences commises au sein des communautés noires et arabes ce qui impliquait de condamner quasi exclusivement le sexisme dit indigène ; voile, mariage forcé, excision, polygamie. Un appareil sémantique fut même créé afin de différencier le sexisme de banlieue ; on parla ainsi de tournante pour parler de viol collectif, de crime d'honneur pour parler d'homicide conjugal.
NPNS a servi de caution dite "de terrain" à la loi sur le voile à l'école et a soutenu le politique ainsi que quelques féministes historiques comme Fouque ou Roudy.
Face à ce ralliement sans faille à la position gouvernementale, il y avait une position d'entre deux soutenue entre autres par le Collectif national pour les droits des femmes qui dénonçait à la fois la loi et le voile en tant que symbole d'oppression. Cette position "ni loi ni voile" revenait à dire que les enseignants pouvaient se passer de la loi pour interdire le voile, par la menace de sanctions par exemple.
Un troisième courant, représenté par les Collectif des féministe pour l'Egalité, Les panthères roses et Une école pour tou-te-s se mobilisa contre la loi et dénonça l'instrumentalisation du féminisme à des fins racistes.
Cette loi s'est vue rapidement étendue, par décret aux mères de familles accompagnant des sorties scolaires ou par la loi imposant aux assistantes maternelles le devoir de neutralité religieuse.
Je vais donc résumer, comme promis à certain-es, la conférence sur l'islamophobie qui s'est tenue le 09 janvier à l'Institut du monde arabe.
Les intervenants étaient les suivants :
- Marwan Mohammed, sociologue, chargé de recherche au CNRS. Co-auteur de Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman".
- Claude Askolovitch, journaliste et essayiste. Auteur de Nos mal-aimés : ces musulmans dont la France ne veut pas.
- Abdellali Hajjat, sociologue et politiste, maître de conférences à l’université Paris-Ouest Nanterre. Co-auteur de Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman".
- Kamel Meziti, historien des religions. Auteur du Dictionnaire de l’islamophobie.
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2003-2004 furent l'occasion, pour le féminisme français de revenir sur le devant de la scène avec le voile musulman. Depuis de très longues années, on ne parlait plus du féminisme et politiques et journalistes ne s'y intéressaient que pour hausser un sourcil goguenard.
Le voile a permis de mettre tout le monde d'accord et aux féministes de revenir sur le devant de la scène. Comme le soulignent Ewanjé-Epée et Magliani-Belkacem, le combat contre le voile a souvent été pour les féministes, et ce dés 1890, un moyen pour acquérir du pouvoir dans un monde d'hommes (blancs faut-il le préciser). Se présenter à la fin du XIXeme siècle comme la branche féminine chargée de civiliser les femmes musulmanes a permis aux suffragettes de parallèlement placer sur la table des négociations le droit de vote.
Je ne sais même plus quoi dire tant je sens que la loi pénalisant les clients et enclenchant un parcours de réinsertion pour les prostituées va être votée et qu'il est trop tard pour dire quoi que ce soit.
Elles ne le diront pas, elles ne l'avoueront pas mais les associations abolitionnistes, les députés, la ministre ont voulu une loi de principe. Elles ont voulu dire que dans ce contexte-là, acheter du sexe n'est pas acceptable. Je peux entendre cela, je peux comprendre cela mais je voudrais qu'ils admettent et comprennent que la loi de principe qu'ils ont votée et voulue va foutre en l'air beaucoup de personnes ; au nom de principes, certes beaux mais qu'on n'a pas les moyens de mettre en oeuvre.
Ce qu'il y a de formidable avec notre vision du racisé-e, c'est qu'il est tout entier contenu dans ce qui le racialise ; sa culture, sa religion, sa couleur de peau.
Il serait comme incapable de s'en sortir, incapable de voir plus loin que son taux de mélanine ou le tissu qu'il porte sur la tête.
Dans cet entretien, publié dans le désormais très antiraciste magazine Elle (qui, tel Charlie hebdo, demandera bientôt aux copains du Monde une grande tribune pour expliquer combien ils sont antiracistes) , Eliacheff nous montre de façon magistrale comment elle pense les racisés.
Plus les textes s'égrènent autour du racisme subi par Taubira, plus j'ai l'impression d'une immense mascarade visant à nous déculpabiliser et à dépolitiser le racisme.
Depuis que Taubira a été nommée - et cela n'a cessé de gagner en puissance avec le mariage pour tous - la salve d'injures racistes est constante. Nos politiques, qui ont sans nul doute des cabinets de communication dédiés à l'étude des réactions sur les réseaux sociaux, ne pouvaient l'ignorer. Les journaux, qui ont eux mêmes une visibilité sur les réseaux sociaux, ne pouvaient l'ignorer non plus. On feint encore ce matin même de s'étonner du langage du FN face à la victoire en football.
J'ai vu la semaine dernière le film d'Ettore Scola Affreux, sales et méchants qui retrace le quotidien d'une famille dans un bidonville romain dans les années 70. Un affreux bonhomme, Giacinto Mazatella, alcoolique et violent règne sur sa famille ; composée d'une vingtaine de personnes. Après un grave accident du travail qui l'a laissé défiguré, il est obsédé par l'idée de protéger ses indemnités que sa famille convoite.
A la sortie du film en 1976, qui fut accusé d'être anti-pauvres, voici ce qu'en dit l'Humanité : "On croit qu'il est de mauvais goût de rire de la misère, de la crasse, de la violence qu'engendre cette plaie. Mais c'est un raisonnement de ventre-plein à mauvaise conscience. Devant l'étalage des bidonvilles, il y a une double attitude. L'une est charitable, chrétienne : il faut avoir pitié et donner aux pauvres gens. L'autre est quelque peu gauchiste, mais pas forcément éloignée de la première : il faut donner une conscience à ces victimes et les pousser à la révolte. Il y a pourtant une pensée intermédiaire et c'est celle qu'utilise Scola : aussi triste que soit leur situation, aussi douloureuse que puisse être leur angoisse, les ‘pauvres’ n'ont aucune raison de ne pas savoir rire, de ne pas être roublards, méchants, sadiques, sans scrupules, exactement comme le sont les riches !."
Monsieur Philippe Marini,
maire de Compiègne,
sénateur de l'Oise,
président de la communauté d'agglomération de Compiègne,
président de la commission des finances du Sénat
Secrétaire général de la Section française de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie
Membre du groupe français de l'Union interparlementaire
Membre de la Conférence économique annuelle (ancienne Commission des comptes et budgets économiques de la nation)
Membre du Conseil d'Administration de l'Université de Technologie de Compiègne
Président de l'association Seine Nord Europe
Président de l'association des Lauréats du Concours Général
Président du Syndicat mixte de la Vallée de l'Oise
qu'on imagine fort occupé à cause de toutes ces nombreuses et méritées fonctions, nous a gratifié du twit suivant :
Il a ensuite tenté de s'en expliquer.
(pour rappel j'avais parlé de Frontex ici : Les amours de Berlusconi , là : Kadhafi, meilleur ami de l’homme européen et enfin là).
Je vous parlais dernièrement de l'instrumentalisation du féminisme par l'extrême-droite à des fins racistes ; ce weekend en a fait la parfaite démonstration et je crois important d'en parler. Samedi il était révélé dans la presse que Karine Lemarchand avait porté plainte pour coups et blessures contre son ex compagnon Lilian Thuram. Très rapidement, se créa sur twitter un topic de soutien à Thuram qui dégueulait de propos sexistes : on était en plein slut-shaming, le fait de blâmer la victime. Non moins rapidement l'extrême-droite se jeta sur l'affaire ; l'occasion était trop belle avec un militant noir de gauche accusé de violences sexistes.
Karine Lemarchand a depuis retiré sa plainte ; Thuram aura tout de même un rappel à la loi puisque dans ce genre d'affaires, on peut poursuivre sans plainte de la victime.