Juil 252014
 

J'inaugure ici une nouvelle rubrique. Nous discutions la dernière fois avec une amie belge qui se reconnaîtra ;),  qui me disait que les français avaient l'art de discuter mais étaient un peu moins au point en matière de solutions pragmatiques.
Je constate en effet que beaucoup semblent en demande de solutions clés en main ou de conseils face à des problèmes quotidiens.
J'ai donc relevé dans les commentaires du billet précédent un commentaire parlant d'une situation que je trouve relativement courante et je vous propose de chercher ensemble des solutions réalistes face à cette situation là.

Voici le commentaire : "Nous avions l’autre jour une discussion entre collègues sur les dilemmes qu’on nous soumet parfois en cours d’éthique pendant nos études, et cela a dérivé sur le problème de responsabilisation des victimes, puis du harcèlement de rue. J’ai essayé de parler du sexisme ordinaire et du fait que, non, une remarque dans la rue ce n’est pas un compliment et ça ne fait pas plaisir. Sur ce, les autres ont donc pris à partie la seule femme présente… qui a répondu que cela ne la gênait pas plus que cela et que ça peut partir d’une bonne intention, ce n’est pas bien grave. Spontanément, j’ai eu envie de lui dire que si, ça pouvait être grave, et de lui promettre de lui envoyer plein de liens vers des analyses et des témoignages (elle n’est pas du tout adepte d’internet) ; mais je n’ai rien dit, ça m’aurait gêné de lui expliquer pourquoi elle avait besoin du féminisme. Est-ce que ça aurait été autant du mansplaining que dans le cas où un homme explique à une personne féministe pourquoi elle milite mal ou pourquoi elle se trompe de combat ? Y a-t-il une bonne façon de réagir dans ces cas-là ?"

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Juil 232014
 

[le texte évoque uniquement le couple hétéro ; c'est un partie pris qui ne veut absolument pas laisser entendre que le couple est par essence hétérosexuel).

Je voudrais donc ré-aborder ici la relation des hommes au féminisme et de ce qu'ils peuvent faire pour collaborer à l'avancée des droits. Le sexisme ne fonctionne pas de la même façon que les deux autres grands systèmes inégalitaires que sont le racisme et le capitalisme ; ces deux derniers fonctionnement sur la subordination des uns aux autres. Dans le racisme, le ou les groupes racialisés sont subordonnés au groupe qui racialise. Dans l'Amérique esclavagiste, les noirs sont subordonnés aux blancs face à qui ils ont des devoirs et des obligations. Dans le capitalisme, les prolétaires sont subordonnés à ceux détenant les moyens de production.
Dans le sexisme, les femmes sont subordonnées aux hommes mais se rajoute une donnée inédite ; la complémentarité. On part ainsi du principe qu'hommes et femmes sont complémentaires car intrinsèquement différents. Ainsi une femme a telle qualité et n'a pas l'homme et vice versa.

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Juil 152014
 

Le fait contre lequel il est le plus difficile de lutter est ce qu'on appelle le "bon sens", le bon gros bon sens qui tâche qui fait tant de dégât et qui a la force d'inertie d'un socialiste devant le MEDEF.
"Oui tu m'as montré statistiques à l'appui que la plupart des viols sont commis dans un appartement par un proche, mais tout de même ON SAIT BIEN que se promener en mini jupe tard le soir est imprudent".
On sait bien que.
Il y a des évidences, fausses, qui concourent au sexisme, à la culture du viol mais qu'il ne fait pas bon remettre en question sans doute parce qu'elles sont trop douloureuses, remettent en question un ordre établi où seules les vilaines filles court-vêtues qui sortent le soir risquent d'être violées et pas n'importe quelle femme, à n'importe quel moment.
C'est ainsi donc que 20 minutes nous sort un marronnier sur le viol.

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Juin 262014
 

"L'homme, dépressif, aurait agi car il ne supportait pas que sa femme veuille le quitter."

J'aurais pu trouver des dizaines de cas de ce type puisqu'en effet le profil type de celui qui tue sa femme, voire ses enfants est la non-acceptation de la séparation.

Les crimes contre les femmes - ce ne sont pas les seuls mais c'est le sujet ici -  sont toujours traités de manière individuelle et jamais systémique c'est à dire comme faisant partie d'un système social organisé, d'une construction sociale et culturelle.  On nous parle de la dépression de l'homme, de son état alcoolisé, de son chômage, du fait qu'elle l'a quitté ; on retrouve sans cesse les mêmes éléments et pourtant l'on persiste à en faire des cas individuels. (sauf evidemment dans le cas de violences exercées par des racisés là évidemment c'est tout autre chose). Les violeurs, les violents, les assassins sont tous vus comme autant de cas individuels, de fous, de dépressifs alors que quelques traits globaux sautent pourtant aux yeux ; ne serait-ce que le premier ce sont tous pour leur immense majorité des hommes.

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Juin 042014
 

Il était 18 heures ce mardi 06 mai lorsque Sophie T., professeure au collège Balkany and friends de Neuilly, commença la préparation de son cours d'éducation civique.

"J'avais à annoter le livre d'Eric Zemmour" nous déclara-telle "et je ne retrouvais plus mon crayon à papier".

Madame T. alla donc dans le bureau de son mari et malgré la tête de mort pourtant présente sur l'un de ses tiroirs n'hésita pas à l'ouvrir. "Je savais que je commettais une erreur grave mais je me suis entêtée" avoua-t-elle, désemparée. Elle s'empara alors du stabilo jaune de son mari, que lui avait remis son père à 18 ans, pour parachever une longue tradition familiale. Chez les hommes de la famille T., comme dans de nombreuses familles de France, on ne va pas plus au bordel à la majorité de l'aîné mais on achète aux garçons des stabilos.

Madame T. retourna donc à son bureau pour achever son travail. "J'ai eu beaucoup de mal à tenir ce stylo qui, je le savais bien, n'est pas adapté à une main féminine. On a prétendu qu'un jour les femmes ont utilisé des stabilos mais je n'y crois pas une seconde ! Ou alors c'étaient de vrais camionneurs" émit-elle dans un rire faible mais perlé.

Sophie T. éprouva rapidement d'intenses douleurs dans la main et dans le bras et dut lâcher le stylo. Après plusieurs heures d'atroces souffrances, elle se décida à appeler le SAMU qui la conduit à l'hôpital le plus proche. Las, il était trop tard. "Nous n'avions jamais eu un pareil cas, les femmes sont plus prudentes d'habitude, déclaré le professeur Paul Robert, Madame T. a porté ce stabilo presque 3 minutes c'est l'équivalent d'une charge de plusieurs tonnes ! Les dégâts faits à sa main, puis son bras ont été irréversibles et nous avons du amputer avant que la gangrène s'installe".

Une enquête a été lancée et différentes marques de papeterie ont mis à l'essai leur matériel afin de voir s'il est bien susceptible d'être porté par des femmes. Le célèbre Bic a d'ores et déjà interdit à la vente aux femmes ces stylos.

A venir notre dossier spécial "mais pourquoi les femmes s'entêtent-elles à utiliser des objets d'évidence masculin ? Inconscience ou vraie bêtise ?"

(J'aurais aimé que tout ceci ne soit qu'une plaisanterie mais en fait non)

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Juin 032014
 

J'avoue, je vous admire. Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir écrire une tribune dans le Monde pour incendier un film et traiter son créateur de soutien d'assassins, pour ensuite avouer n'avoir jamais vu le dit film et continuer à avoir une quelconque crédibilité. Exception française où l'on sait reconnaître l'intellectuel, l'expert en toutes choses.

En janvier 2014 vous avez su, avec maestria et le sens de la mesure qui vous régit, pointer un péril grave, lors d'une conférence d'intellectuels au petit déjeuner de l'UMP où vous avez déclaré "Je suis très frappé que maintenant, nombre de beurs et mêmes de gens qui vivent dans les banlieues, quelle que soit leur origine ethnique, ont un accent qui n’est plus français tout à fait. Mais ils sont nés en France ! Et pourquoi ont-ils un accent ? Et pourquoi leurs enfants auraient-ils un accent ? C’est tout à fait sidérant."
Il était courageux de le faire et vous l'avez fait merci. Ces banlieusards vulgaires, qui se pensent autorisés à employer des mots d'une rare violence  ne cessent de nous choquer.  Vous avez d'ailleurs oublié de rappeler leur sexisme récurrent exprimé d'une manière vile, difficilement compréhensible dans un pays comme la France qui prône des valeurs de tolérance et de fraternité ou leur récurrent manque d'honnêteté. Ces banlieusards sont effectivement une honte française et il était nécessaire de le pointer.

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Mai 232014
 

Il était 14.32 ce mardi 06 mai lorsque Guillaume N., 42 ans posta la phrase suivante en commentaire d'un blog féministe : "je n'avais jamais vu les choses ainsi et je vous remercie d'avoir pris la peine de me les expliquer".

L'auteure du blog, une certaine ValerieCG dut être transportée en urgence à l'hôpital pour une crise d'asthme soudaine et inexpliquée. "C'est la première fois que cela m'arrive, nous confie-t-elle en exclusivité, les injures je peux encaisser, les trolls aussi, MAIS CA".

Le monde féministe fut en émoi et se réunit en urgence dans un lieu tenu secret. On vit ainsi des femmes qui ne s'étaient pas parlées depuis 1986 se serrer dans les bras. Que faire, comment réagir ? Quelle stratégie adopter ?

ValérieCG qui s'était depuis reprise, s'exprima en ces termes : "mais admettons qu'il se cache forcément quelque chose sous cette phrase. Nous devons fuir. Londres nous attend".
Le monde féministe affolé, se demandait si on assistait pas à un backlash d'ampleur mondiale.

Le premier ministre, avec la fermeté qu'on lui connait, n'hésita pas une seconde et Guillaume N. fut neutralisé par le RAID le 07 mai au matin alors qu'il prenait son starbucks a 13.25 euros. On vit à ce moment là l'ancien président Nicolas S. porter des féministes évanouies.
"Non mais les gars j'avais juste un peu abusé du Gaillac le midi et je ne savais plus ce que je disais" déclaré Guillaume N. à la sûreté nationale.

La France respirait. L'ONU placée en l'alerte maximale interrompit sa session extraordinaire. Poutine, dont les chars étaient aux portes de Besançon, rebroussa chemin.
L'honneur était sauf ; aucun homme en pleine possession de ses moyens n'avait jamais été d'accord avec une féministe.

 

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Mai 062014
 

Ils sont nombreux ces petits mecs au cours des 15 dernières années à m'avoir expliqué la vacuité de mes combats féministes.
Les bars interdits aux femmes seules ? Oui mais le viol c'est plus grave.
La féminisation des noms de métier ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les femmes à moitié nues dans des vitrines de grands magasins ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les chanteurs qui massacrent leur compagne ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Le Mademoiselle ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les scénaristes de série à succès qui disent des conneries sexistes ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les humoristes qui embrassent de force des filles dans la rue ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les femmes interdites dans les sous-marins ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les stabilos pour femmes ? Oui mais le viol c'est plus grave.
Les photos volées ? Oui mais le viol c'est plus grave.

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Avr 282014
 

Nous réagissons avec fureur à l'application initiée par le Ministère des droits des femmes, nous nous énervons en lisant " "il faut sourire un peu, être avenante, mais pas trop, pour ne pas envoyer le signal qu'on peut être une proie facile".

Je réagis avec colère en admettant que j'ai intégré une partie de ces règles, en admettant que si je ne m'y conforme pas, je serais en effet une cible. J'ai cru naïvement au début de ma vie professionnelle, qu'on pouvait se comportement exactement pareil qu'on soit un homme ou une femme. J'ai cru qu'on pouvait rire aux blagues de cul. J'ai cru que c'était pareil un homme et une femme.

Je ne souris jamais aux hommes inconnus dans l'espace public ; du moins pas de sourire franc, joyeux. Je suis parfaitement polie et aimable mais je ne souris pas. Samedi j'étais de merveilleuse humeur et j'ai souri à l'homme chargé de mettre nos sacs en consigne le temps qu'on fasse nos courses. Que m'avait-il pris ? Je le sais pourtant JE LE SAIS. Il m'a évidemment suivi dans les rayons, évidemment draguée parce qu'il était clair pour lui qu'une femme qui sourit est une femme qui drague.  J'ai du lui hurler de me foutre la paix, suis évidemment passée pour une folle et ma journée a été durablement gâchée.

J'en ai parlé à une femme qui m'a dit, d'un air d'évidence "ah mais tu lui as souri". Elle ne justifiait pas qu'il m'ait harcelée non, juste on était dans l'ordre de l'évidence ; sourire à un homme lui laisse entendre que tu es disponible et la disponibilité d'une femme implique qu'un homme cherche à ce qu'elle ne le soit plus . C'est une règle occidentale implicite, non dite, qui va vous faire hurler : ou plutôt plein de femmes vont dire qu'en effet elles contrôlent leurs attitudes dans la rue et leurs expressions faciales et plein d'hommes vont nous traiter de paranoïaques dégénérées qui prennent les hommes pour des violeurs.

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Avr 212014
 

Il est assez souvent coutume, face aux luttes contre les discriminations, quelles qu'elles soient, de les dépolitiser.
Des viols ? L'oeuvre de quelques désaxés.
Des discriminations à l'embauche ? l'oeuvre de vieux barbons sexistes non représentatifs de quoi que ce soit.
Des inégalités salariales ? Le manque de confiance en soi des femmes.
(et cela marche évidemment avec tout :
- du racisme ? Oeuvre de quelques extrémistes mais notre belle France n'est pas comme cela.
- de l'homophobie ? Oeuvre de quelques extrémistes  mais notre belle France n'est pas comme cela.
on décline cela à l'infini).

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