Oct 092013
 

Je vais donc vous résumer le livre Refuser d'être un homme : Pour en finir avec la virilité de John Stoltenberg.

Je tiens à souligner que Martin Dufresne n'a, comme d'habitude, pas réussi à taire sa transphobie dans l'introduction avec la phrase "confisquer les rares ressources encore concédées aux femmes quitte à se prétendre vaguement transgenre". Que vous ne soyez pas d'accord avec le queer est un choix idéologique. Que vous en profitiez pour étaler votre transphobie n'est pas un choix, ni une opinion. On ne se prétend pas transgenre. je croyais que les tenants du "on saute d'une identité de genre à l'autre au gré de ses envies" étaient les tarés affiliés à la manif pour tous. Je constate une fois de plus qu'il y en a au sein même des mouvements féministes. Dufresne, votre féminisme réel ne vous donne pas un blanc-seing pour dégueuler des saloperies en permanence.

Plusieurs préalables à cet article :
- Si vous n'êtes pas familiarisé-e avec les concepts féministes, si vous ne pensez pas que le viol est un crime sexospécifique, si vous pensez qu'il vaut mieux parler d'humanisme que de féminisme, si vous pensez que la construction de la virilité n'a rien à voir avec le viol ou les violences conjugales, épargnez votre temps et le mien et ne lisez pas ce texte. Si malgré tout vous voulez le lire, essayez une bonne fois pour toutes, de ne pas projeter vos angoisses dans cette lecture et de vous sentir mis en accusation à toutes les lignes.
- je n'ai pas écrit ce livre, je le résume. Je suis d'accord avec certaines idées, pas avec d 'autres. Si c'est pour m'expliquer combien ce qui est développé ici est atroce, je vous en prie, contactez l'auteur.
- avant de lire Stoltenberg il convient de comprendre ce qu'est le féminisme radical et plus particulièrement la branche à laquelle il appartient qui est anti porn (encore que je pense avoir compris qu'il nuance ce point) et abolitionniste. L'article de wikipedia n'est pas mal foutu. Il serait idiot ET faux de penser que le féminisme radical est puritain ; en témoignent d'ailleurs les très nombreuses pages que Stoltenberg consacre à la sexualité.  Pour mieux comprendre les débats qui ont eu lieu dans les années 70-80 autour du porno, vous pouvez lire l'hommage de Susie Bright, une féministe sex positive, à Andrea Dworkin qui explique combien le travail de Dworkin autour de la pornographie a été nécessaire.
Je rappelle enfin que ces textes ont été écrits entre 1975 et 1987. Certaines choses ont désormais évolué, tant au niveau des concepts féministes (le genre par exemple) que de la pornographie.

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Oct 082013
 

Nous ne sommes pas à l'aise avec l'IVG au fond. Tout se passe comme si on avait tous l'idée que c'est nécessaire mais que cela reste un mal ; un mal nécessaire.

Tout se passe comme si on en était réduit à autoriser l'IVG mais qu'on n'était pas bien sûr qu'on est pas en train de tuer des bébés. Je passe sur le fait d'appeler les anti IVG des pro vie comme si nous étions des anti-vie. "Bonjour je me présente Valérie, anti vie, qui adore égorger des foetus au clair de lune".

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Oct 072013
 

Je regardais hier 7 à 8 avec un reportage consacré au violeur multirécidiviste Sofiane Rasmouk accusé de viol avec violence et tentative d'homicide; Alors que l'une de ses victimes témoignait du viol, la journaliste parla de "douleur irréversible".

Les réactions suite à un viol sont diverses ; beaucoup de victimes se sentent salies, se sentent infiniment mal et ont des envies suicidaires. Si elles sont tout en fait en droit de dire qu'elles pensent ne jamais aller mieux - l'aide psychologique sera là pour les y aider - je ne tolère plus le discours social visant à les enfoncer encore davantage.
Comment entendre alors qu'on va très mal qu'une douleur est irréversible ?
Comment entendre dire qu'on n'ira jamais mieux ?
Quel espoir peut-avoir une victime de viol lorsqu'elle entend ce genre de discours ?

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Oct 042013
 

Quelques petites réflexions en vrac sur divers sujets qui m'ont occupée ces derniers jours.

Je suis fanatique absolue, totale du dernier clip de Rihanna "Pour it up".

Au delà de la réponse sèche - et méritée - à Miley Cyrus, je ne peux m'empêcher d'y voir le retour de la pop sexuellement agressive et donc pour moi féministe des années 90. Je suis d'ailleurs assez surprise des retours plutôt négatifs sur les réseaux sociaux où beaucoup la traitent de tous les noms à cause de sa nudité et des poses suggestives. En clair, il semble que lorsque les femmes sont à moitié nues dans des clips tournés pour des hommes - et donc symboliquement à leur entière disposition - tout soit parfaitement normal et accepté. Quand c'est une femme qui décide de se montrer nue, d'être explicitement et sexuellement agressive, elle est traitée de tous les noms. Comme toujours, on en revient à l'idée qu'une femme ne doit pas être demanderesse et surtout ne pas exprimer ouvertement ses désirs sexuels. Un bon exemple ici : "La classe s'en est allée. Je ne comprends pas pourquoi on appelle femmes des personnes qui se soumettent elles-mêmes à ce que les hommes nous traitent comme des objets alors qu'elles n'ont aucune classe et qu'elles donnent simplement à voir tout ce que les hommes désirent. Où est l'ancienne Riri ? Pon De Replay était un bon son. Tu n'avais même pas à enlever tes vêtements pour nous inciter à l'écouter"."

Je voudrais rappeler la phrase de Madonna en 1990 face aux avalanches de réaction négatives face à son clip Express yourself : "But I chained myself! I'm in charge." (je vous conseille au passage de voir ou revoir certains clips de Madonna de cette éoque).
Ce n'est pas un producteur qui met Madonna ou Rihanna nues ; ce sont elles mêmes et ce sont elles qui tiennent les rênes. On peut juger cela vulgaire ou peu classe mais je ne vois pas en quoi elles sont soumises aux désirs des hommes.
D'ailleurs si Rihanna était tant soumise que cela à ce qu'attendent les hommes, les réactions masculines sur les réseaux sociaux seraient beaucoup plus positives. Or elle est traitée de pute et de salope commes toutes les femmes dont on considère qu'elles prennent un peu trop de libertés. Vous pouvez bien être certain qu'une femme sera traitée de pute (the whore stigma comme l'appelle Pheterson) dés lors qu'on estime qu'elle ne tiens plus sa place. Je me méfie d'ailleurs de ces accusations de "vulgarité" ou de "manque de classe"  qui ne touchent par hasard que les femmes (et peut-être plus spécifiquement les femmes noires qui seraient toujours plus suspectées de l'être ?) ; mieux même constatez dans le témoignage du dessus qu'on lui dénie le droit de se dire femme...

Même si j'ai d'immenses réserves sur les conneries que peut parfois sortir Camille Paglia, voici ce qu'elle disait de Madonna dans les 90's : "Madonna has taught young women to be fully female and sexual while still exercising total control over their lives. She shows girls how to be attractive, sensual, energetic, ambitious, aggressive and funny -- all at the same time."

Alors je ne sais pas si Madonna est féministe, pas plus que Rihanna, je dis juste que l'image des femmes qu'elles renvoient dans leur clip n'a RIEN de patriarcal, au contraire. Ce n'est pas le fait d'être nue qui pose un problème, c'est de le faire pour des hommes, en tant qu'objet sans rien maîtriser ce qui n'est d'évidence pas le cas de ces deux chanteuses. Lorsque des femmes se montrent nues, en tant que sujet, elles sont toujours et éternellement ramenées à leur place comme c'est le cas de Rihanna ici. Dans ce clip, Rihanna montre l'image d'une femme qui sait ce qu'elle veut qui aime le sexe et le montre. Une image donc totalement féministe. Encore une fois, dans un système patriarcal, les femmes n'ont pas à être nues, elles ont à l'être sur demande masculine. Bien au contraire, toutes les femmes qui s'aviseraient de se mettre nues alors qu'on ne leur a rien demande, seraient vivement remises à leur place de la manière la plus violente possible.

(je rappelle que Chris Brown n'est pas le sujet ici - au cas où - )

Je rajoute le clip de Madonna Justify my love qui causa un véritable scandale dans les années 90.

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Oct 032013
 

C'est une interview qui a fait assez peu de bruit, entre propos de Valls sur les roms et emballement médiatique autour d'une enfant assassinée, publiée dans la Croix le 29 septembre.

Il y déclare :

Question : Certains évoquent l’introduction d’une « théorie du genre » à l’école. Faut-il s’en inquiéter ?

J.-M. A. : De quoi parle-t-on ? S’il s’agit de faire reculer les stéréotypes, je pense que tout le monde sera d’accord. En effet, il reste énormément de progrès à faire en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. Ces dernières ont des salaires moins élevés, des progressions de carrière moindres et elles sont moins nombreuses à occuper des postes à responsabilités, y compris dans la haute fonction publique.

En revanche, il n’est pas question d’introduire je ne sais quelle idéologie à l’école ! Il n’est pas question d’un temps d’enseignement sur la théorie du genre, pas plus dans les programmes scolaires que dans la formation des enseignants. Le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a été clair là-dessus. L’objectif, c’est la lutte contre les stéréotypes, et cela passe par l’école. Je pense par exemple au partage équilibré des tâches familiales entre les parents.

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Oct 022013
 

Il y a 20 ou 30 ans nous jetions des coups d’œil discrets, coupables, aux unes du Nouveau détective chez le kiosquier. Nous ne l'aurions jamais acheté, oh non, mais on se délectait de ces couvertures morbides et ces faits-divers graveleux.

Trente ans après, la presse désormais en ligne nous permet l'impossible ; nous délecter à longueur de journée de faits-divers sordides en 50 exemplaires, déclinés à l'envi dans tous les journaux.

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Oct 012013
 

Après Miami, la côte Est, la forêt d'Ocala et Savannah, voici la suite de mon voyage en Floride avec la côte ouest. Le golfe du Mexique est à mon sens beaucoup plus belle que la côte est avec des plages magnifiques, assez peu occupées au moins de janvier lorsque j'y suis allée.

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Sep 302013
 

Je voudrais bien vous parler du droit à l'oubli en ce qui concerne Cantat, vous dire qu'il a payé et qu'il a le droit à revenir à une vie normale. Judiciairement, il en a tout à fait le droit. Il a payé sa dette - on peut estimer ou non que la peine était faible - et il a le droit à mener une vie normale.

Mais.

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Sep 272013
 

La députée Maud Olivier vient de présenter un rapport où elle préconise la pénalisation du client de prostituées. Je n'entends pas ici qu'on débatte pour la 1250eme fois de l'abolitionnisme ou du non abolitionnisme mais juste de cette proposition de loi. Je vais néanmoins essayer pour celles et ceux qui ne connaissent pas le débat féministe d'expliquer ce que sont les deux positions majoritairement entendues chez les féministe françaises :

- La position abolitionniste considère que la prostitution est forcément liée au sexisme, au racisme, à la lutte des classes de manière générale ; elle pose donc un problème en tant que telle et n'est pas qu'une conséquence ou un symptôme. Elle doit donc être abolie.

- La position non-abolitionniste, voulant aligner la travail du sexe sur le régime général du travail considère que la prostitution n'est pas forcément liée au patriarcat (pour faire simple), qu'elle est à la limite un symptôme et qu'elle pourrait exister hors du contexte patriarcal, raciste. A ce titre, elle n'a pas à être abolie.

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Sep 242013
 

Il y a peu, quelqu'un m'a mailée pour me parler du harcèlement dont elle avait été victime et face auquel elle n'avait pas porté plainte. Elle concluait en disant que "je n'aurais sans doute pas réagi ainsi". Je n'ai plus l'habitude de raconter des choses personnelles sur Internet ; je l'ai beaucoup fait il y a quelques années malheureusement c'est très souvent utilisé contre soi. Mais je pense que cela est nécessaire face à cet email.

En 2000, j'avais 26 ans. J'intégrais en tant que webmaster une entreprise prestigieuse. Mon père était mort depuis deux ans et j'étais en pleine dépression ; 45 kilos, 3 crises d'angoisse par semaine, une phobie paralysante bref la petite forme. Je me tapais en plus un chagrin d'amour. Tout cela pour dire que j'étais encore moins apte à supporter ce qui allait arriver.

Je ne sais plus comment cela a commencé. Lors d'une soirée corporate - endroit typiquement piégeux car les gens boivent et cela peut être problématique - le big boss a dit de la merde misogyne avec l'assemblée qui rigolait. J'étais là depuis un mois. J'étais la seule à ne pas rire et il m'a prise à partie. J'ai répondu que "j'étais féministe". Silence. Enorme silence. Je disais il y a peu que les choses ont changé ; il y a dix ans quand j'ai dit cela j'ai eu l'impression d'avoir chié au milieu de la pièce.

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