Dans un premier article, j'ai parlé du vocabulaire utilisé autour du sujet de la prostitution. J'ai ensuite parlé de l'invisibilité des femmes migrantes puis abordé la question de l'exploitation humaine et des réseaux prostitutionnels.
Je vais donc maintenant aborder la loi d'avril 2016 intitulée "Loi n° 2016-444 du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées".
Il est important de garder en tête que sur les 30 à 40 000 personnes qui se prostituent en France, 90% sont des femmes étrangères dont la plupart sont sans papier (source : Cabiria). On ne peut donc étudier la question de la prostitution, et les lois votées, sans connaître la position de la France quant à l'immigration. Chacun-e aura pu constater les conditions dans lesquelles vivent certain-es demandeurs d'asile et migrants. Nous sommes également bien informé-es quant au respect de la France de la convention de Genève puisque nous faisons retenir en Turquie ou ailleurs des potentiels demandeurs d'asile. Nous renvoyons également chez eux des gens dont la vie est en danger, des malades, des mineur-es. Nous continuons à pratiquer des tests osseux pour déterminer l'âge de certain-es alors qu'il a été prouvé maintes et maintes fois que ces tests ne sont pas fiables. Des migrant-es en danger de mort dans leur pays se voient refuser des demandes d'asile. La Cimade montre que depuis la réforme du droit d'asile et son entrée en vigueur en Ile de France en novembre, il est plus compliqué de déposer une demande d'asile. Le tribunal administratif de Paris a condamné de nombreuses fois la Plateforme d’accueil des demandeurs d’asile pour violation du droit d'asile. On enferme régulièrement en centre de rétention des personnes, dans des buts fort mal définis.
Je pourrais multiplier les liens sur le sujet mais cela suffit à démontrer une chose. Les droits des étrangers sont régulièrement bafoués en France et il faudrait être sacrément naïf pour penser qu'être prostituée (et même victime d'exploitation) va changer quelque chose quant à la position française sur l'immigration.